Publié : 25 novembre 2025
Alors que la comète interstellaire 3I/ATLAS quitte à toute vitesse l’intérieur du système solaire, l’histoire qui l’entoure s’accélère tout aussi rapidement.
Ces derniers jours, la NASA a publié une avalanche de nouvelles images et animations, les Nations Unies ont confirmé que 3I/ATLAS est au centre d’un exercice mondial de défense planétaire, et un podcast très médiatisé a relancé le débat sur la possibilité que ce visiteur glacé soit « quelque chose d’extraterrestre ». [1]
Voici ce que nous savons réellement aujourd’hui sur 3I/ATLAS — et ce qui relève de la spéculation.
Qu’est-ce que la comète 3I/ATLAS ?
3I/ATLAS (également cataloguée sous le nom C/2025 N1 ATLAS) n’est que le troisième objet interstellaire connu jamais observé traversant notre système solaire, après 1I/ʻOumuamua (2017) et 2I/Borisov (2019). [2]
Faits clés :
- Origine : Sa trajectoire est indubitablement hyperbolique — une orbite ouverte, de passage unique, qui ne peut être liée au Soleil — c’est pourquoi les astronomes la classent comme interstellaire. [3]
- Découverte : Elle a été signalée pour la première fois le 1er juillet 2025 par le télescope de surveillance ATLAS financé par la NASA à Rio Hurtado, au Chili. Des images antérieures à la découverte montrent qu’elle était déjà active plusieurs mois auparavant. [4]
- Trajectoire dans le système solaire : 3I/ATLAS est passée au plus près du Soleil le 29 octobre 2025, à environ 1,36 unité astronomique (UA) — un peu à l’intérieur de l’orbite de Mars — et ne reviendra jamais. [5]
- Sécurité : Elle ne passera pas à moins de 170 millions de miles (≈1,8 UA) de la Terre à la mi-décembre, une distance bien trop grande pour représenter une menace. [6]
Les observations suggèrent que le noyau mesure tout au plus quelques kilomètres de large et est probablement plus ancien que notre système solaire âgé de 4,6 milliards d’années, certaines études estimant son âge à environ 7–8 milliards d’années. [7]
La séance photo à l’échelle du système solaire de la NASA
Douze ressources de la NASA, une comète interstellaireLa NASA a transformé 3I/ATLAS en une véritable campagne d’observation à l’échelle du système solaire. Selon un article de la NASA du 19 novembre, douze missions de la NASA ont désormais imagé ou mesuré la comète, de l’orbite de Mars aux sondes d’astéroïdes en espace profond. NASA Science+1Cette flotte comprend :Sur Mars : Mars Reconnaissance Orbiter (MRO) et sa caméra HiRISE ont capturé certaines des vues les plus proches le 2 octobre, lorsque la comète se trouvait à environ 19 millions de miles de Mars. NASA Science+1MAVEN a utilisé son spectrographe ultraviolet pour cartographier une chevelure lumineuse d’hydrogène et d’autres gaz, aidant à déterminer la composition de la comète. Universe Today+2NASA Science+2Le rover Perseverance a saisi une traînée extrêmement faible depuis le cratère Jezero le 4 octobre — une image de comète prise depuis la surface d’une autre planète. Universe Today+1Missions d’observation du Soleil : STEREO‑A a suivi 3I/ATLAS entre le 11 et le 25 septembre avec sa caméra HI1, empilant de nombreuses images pour extraire une sphère floue du fond bruité. NASA Science+1SOHO de l’ESA/NASA a repéré la comète comme une tache à peine plus brillante près du Soleil du 15 au 26 octobre. NASA Science+1La nouvelle mission PUNCH a observé la courte queue de la comète alors qu’elle traversait l’espace du 20 septembre au 3 octobre. NASA Science+1Explorateurs d’astéroïdes : Psyche a imagé la comète pendant huit heures les 8 et 9 septembre, en se concentrant sur sa chevelure faible. NASA Science+1Lucy, en route vers les astéroïdes troyens, a capturé 3I/ATLAS à 240 millions de miles de distance le 16 septembre, révélant son halo et sa queue. NASA Science+1- Le télescope spatial Hubble a révélé un nuage de poussière bleue en forme de larme autour du noyau en juillet. [8]
- Le télescope spatial James Webb (JWST) et SPHEREx ont mesuré la lueur infrarouge de la comète en août, révélant une chevelure extrêmement riche en CO₂ (plus d’informations ci-dessous). [9]
- Les télescopes ATLAS continuent de suivre l’évolution de sa luminosité et de sa trajectoire. [10]
Une nouvelle galerie d’images de la NASA rassemble bon nombre de ces vues en un seul endroit, de la première découverte le 1er juillet jusqu’à la phase de sortie d’aujourd’hui. [11]
Nouvelle animation publique lancée aujourd’hui
Pour enrichir ce festin visuel, un article publié aujourd’hui met en avant une nouvelle animation 3D du Jet Propulsion Laboratory de la NASA, réalisée avec l’outil “Eyes on the Solar System” de l’agence. La visualisation retrace 3I/ATLAS de la fin 2023 à 2028, montrant sa large trajectoire hyperbolique passant près du Soleil et se dirigeant vers l’orbite de Jupiter. [12]
L’animation utilise quatre angles de vue différents pour montrer :
- comment la comète plonge depuis la direction du centre de la Voie lactée,
- comment sa trajectoire est déviée par la gravité du Soleil, et
- comment sa trajectoire traverse les orbites de Mars, Jupiter et des sondes de la NASA.
Elle est conçue à la fois comme outil de sensibilisation et d’enseignement, aidant les non-spécialistes à visualiser pourquoi les objets interstellaires se déplacent différemment des comètes locales.
Sélection de photos Yahoo pour le grand public
Au cours des dernières 24 heures, Yahoo News a transformé les communiqués techniques de la NASA en une galerie photo accessible, regroupant 12 images clés — dont la séquence d’observation de huit heures de Psyche — dans un diaporama à faire défiler qui met en avant le nombre de sondes indépendantes observant le même visiteur glacé. [13]
Pour de nombreux lecteurs, cette galerie est l’endroit le plus simple pour voir la comète à travers “les multiples objectifs de la NASA” sans avoir à consulter les pages techniques de chaque mission.
Un exercice de défense planétaire soutenu par l’ONU – et ce que cela signifie
L’un des développements les plus importants d’aujourd’hui n’est pas une nouvelle image, mais un document de politique.
Un article de blog publié ce matin par The Times of Israel reproduit, dans son intégralité, un document officiel United Nations / International Asteroid Warning Network (IAWN) décrivant une “3I/ATLAS Comet Astrometry Campaign.” [14]
Points clés de ce texte ONU/IAWN :
- 3I/ATLAS « ne présente aucune menace » et a été spécifiquement choisi car il est sûr mais scientifiquement intéressant.
- La campagne est qualifiée de 8e exercice d’observation IAWN depuis 2017, destinée à s’entraîner à mesurer précisément la position d’une comète floue et active — ce qui est plus difficile que de suivre des astéroïdes ponctuels.
- Le calendrier inclut :
- Date limite d’inscription : 7 novembre 2025
- Atelier : 10 novembre
- Email de lancement : 25 novembre (aujourd’hui)
- Fenêtre d’observation : 27 novembre 2025 – 27 janvier 2026
- Téléconférence de clôture : 3 février 2026 [15]
En centrant un exercice d’observation formel et mondial sur 3I/ATLAS, les agences affiliées à l’ONU envoient deux messages à la fois :
- La comète est scientifiquement précieuse mais inoffensive, et
- C’est un cas d’étude idéal pour améliorer les techniques dont nous aurions besoin si une future comète ou un astéroïde venait un jour à présenter un risque.
3I/ATLAS est-il un « vaisseau spatial extraterrestre » ? Ce que la NASA a réellement dit
Les spéculations sur le fait que 3I/ATLAS serait artificiel ont explosé sur les réseaux sociaux, rappelant les débats autour de ʻOumuamua. Cette discussion a de nouveau fait la une hier via The Big Story, un podcast canadien de CityNews, dans un épisode intitulé « Un rocher cosmique ou une menace extraterrestre ? » avec l’astrophysicien de Harvard Avi Loeb. [16]
Loeb a soutenu dans des essais récents que certaines caractéristiques de 3I/ATLAS — y compris son accélération non gravitationnelle et son passage futur extrêmement proche de la « sphère de Hill » d’influence gravitationnelle de Jupiter — sont d’une précision suspecte et pourraient être compatibles avec un vaisseau spatial guidé ou un « vaisseau-mère ». [17]
Cependant, la position de la NASA est sans équivoque.
Lors d’une conférence de presse le 19 novembre au Goddard Space Flight Center, les responsables de l’agence ont souligné à plusieurs reprises que :
- 3I/ATLAS ressemble et se comporte exactement comme une comète, avec une coma normale et une queue de poussière.
- Aucune « technosignature » (signaux ou comportements indiquant une technologie) n’a été détectée.
- Les variations de luminosité de l’objet et son dégazage sont cohérents avec la sublimation des glaces à l’approche du Soleil. [18]
Dans un rapport détaillé de Reuters sur ce briefing, des responsables de la NASA et des astronomes indépendants soulignent que la composition de la comète — riche en dioxyde de carbone, avec de l’eau, du monoxyde de carbone, du cyanure et du nickel — s’inscrit parfaitement (même si à l’extrême) dans ce qui a été observé chez d’autres comètes, y compris 2I/Borisov. [19]
L’astrophysicien d’Oxford Chris Lintott est cité en train de rejeter l’idée d’un engin extraterrestre comme étant « absurde », notant qu’il n’y a « rien à son sujet qui suggère une telle chose » une fois les données replacées dans leur contexte. [20]
Ainsi, bien que la spéculation fasse les gros titres et les podcasts, les preuves disponibles aujourd’hui soutiennent une comète naturelle — quoique inhabituelle.
La chimie folle d’une comète interstellaire
Même s’il ne s’agit « que » d’une comète, 3I/ATLAS est étrange à des égards scientifiques importants.
Une comète extrême en CO₂
Le JWST et des télescopes au sol ont montré que la coma de 3I/ATLAS est dominée par le gaz carbonique, avec beaucoup moins de vapeur d’eau que dans la plupart des comètes du système solaire. Une analyse a trouvé un rapport CO₂/eau d’environ 8:1, l’un des plus élevés jamais mesurés. [21]
Cela suggère :
- Elle pourrait s’être formée dans une région ultra-froide où la glace de CO₂ est abondante et où l’eau reste piégée, ou
- Sa surface pourrait avoir développé une croûte isolante qui supprime la vapeur d’eau tandis que le CO₂ s’échappe.
Une croûte remodelée par des milliards d’années dans l’espace profond
Une étude récente utilisant des données du JWST, rapportée plus tôt ce mois-ci, avance que des milliards d’années d’exposition aux rayons cosmiques galactiques ont transformé les couches externes de la comète. Il semble que le rayonnement à haute énergie ait converti une grande partie du monoxyde de carbone externe en CO₂, formant une croûte d’environ 15 à 20 mètres d’épaisseur. [22]
Cela signifierait :
- Le matériau que nous voyons s’échapper actuellement pourrait ne pas refléter la composition d’origine de la comète lorsqu’elle a quitté son système d’origine.
- L’érosion continue lors de son passage près du Soleil pourrait finir par exposer de la glace “intérieure” plus fraîche — une cible fascinante pour des observations supplémentaires en 2026.
Nickel, cyanure et subtiles “anomalies”
La spectroscopie du Very Large Telescope de l’ESO (et l’analyse complémentaire mise en avant par Avi Loeb) révèle une émission de nickel exceptionnellement forte, détectée même avant le cyanure — l’inverse de ce qui est généralement observé. Entre juillet et août, les taux de production de nickel et de CN ont augmenté à mesure que la comète s’approchait du Soleil. [23]
Bien que cela ait été présenté par certains comme une “anomalie”, les spécialistes des comètes soulignent que :
- On s’attend à ce que les comètes interstellaires présentent des particularités chimiques, car elles se sont formées dans des pouponnières stellaires différentes.
- Le nickel et le cyanure sont également observés dans de nombreuses comètes ordinaires ; ce sont les rapports précis et le moment de leur apparition qui sont inhabituels, pas leur présence.
Pour l’instant, l’avis général est que 3I/ATLAS est une extrême exception naturelle, et non une preuve de technologie.
Comment et quand observer 3I/ATLAS par vous-même
Même avec tout le battage médiatique, n’attendez pas un spectacle flamboyant dans le ciel. 3I/ATLAS reste un objet faible pour télescope, et non une comète visible à l’œil nu.
Selon EarthSky et les rapports d’amateurs :
- Vers la fin novembre et le début décembre, la comète monte dans le ciel oriental avant l’aube, émergeant de derrière le Soleil vue depuis la Terre. [24]
- Elle se trouve près des constellations Vierge puis Lion, apparaissant comme une “étoile” floue d’une magnitude d’environ 10–11 — accessible aux télescopes amateurs de taille moyenne sous un ciel sombre. [25]
- La sonde JUICE de l’ESA l’a observée entre le 2 et le 25 novembre, l’ayant probablement capturée près de son activité maximale avec plusieurs jets. [26]
Pour des vues interactives, la NASA recommande son outil web Eyes on the Solar System, qui inclut désormais un mode 3I/ATLAS dédié, basé sur la même trajectoire que celle utilisée dans la nouvelle animation du JPL. [27]
Si vous souhaitez tenter de l’observer :
- Utilisez un télescope informatisé ou à résolution de plaque capable d’atteindre la magnitude ~11.
- Consultez des cartes de repérage à jour provenant de sources astronomiques fiables.
- Observez juste avant l’aube, bas à l’est, et attendez-vous à une faible tache plutôt qu’à une queue spectaculaire.
Pourquoi 3I/ATLAS est important
Au-delà des gros titres du jour, 3I/ATLAS transforme la façon dont les scientifiques envisagent à la fois la défense planétaire et la formation planétaire interstellaire.
- Un échantillon rare d’un autre système solaire
Sa chimie et son âge suggèrent qu’il pourrait s’être formé dans un environnement très différent — possiblement dans une région plus froide et plus riche en CO₂ de la Voie lactée — offrant ainsi aux astronomes un véritable fragment physique d’un autre système à étudier. [28] - Un exercice en temps réel de coordination mondiale
La campagne ONU/IAWN utilise 3I/ATLAS comme banc d’essai pour le suivi d’objets difficiles et le partage de données à l’échelle mondiale. Le fait qu’il s’agisse du huitième exercice de ce type souligne à quel point les agences prennent au sérieux les risques d’impact futurs — même lorsque l’objet actuel est bénin. [29] - Un avant-goût de l’ère Vera Rubin
Avec l’arrivée de relevés de nouvelle génération plus tard dans la décennie, les astronomes s’attendent à de nombreux autres visiteurs interstellaires. 3I/ATLAS est une répétition générale pour voir à quelle vitesse la communauté — et le public — réagit à l’apparition du prochain. - Une étude de cas : science contre sensationnalisme
Le contraste entre des observations rigoureuses, multi-longueurs d’onde, et des théories virales sur les extraterrestres est frappant. Les documents de la NASA et de l’ONU précisent clairement que 3I/ATLAS est une comète et une opportunité d’entraînement, pas une menace. Les mois à venir seront une leçon importante sur la capacité des preuves à rivaliser avec la spéculation à l’ère des rumeurs en ligne.
Pour l’instant, cependant, l’histoire est simple :
Une petite roche glacée et ancienne provenant d’un autre système stellaire file devant notre Soleil, des scientifiques du monde entier mesurent chaque filet de gaz qu’elle libère, et l’humanité s’entraîne discrètement pour le jour où le prochain visiteur pourrait avoir une bien plus grande importance.
References
1. science.nasa.gov, 2. science.nasa.gov, 3. science.nasa.gov, 4. science.nasa.gov, 5. science.nasa.gov, 6. science.nasa.gov, 7. www.livescience.com, 8. science.nasa.gov, 9. en.wikipedia.org, 10. science.nasa.gov, 11. science.nasa.gov, 12. somoshermanos.mx, 13. ca.news.yahoo.com, 14. blogs.timesofisrael.com, 15. blogs.timesofisrael.com, 16. vancouver.citynews.ca, 17. avi-loeb.medium.com, 18. www.reuters.com, 19. www.reuters.com, 20. www.reuters.com, 21. en.wikipedia.org, 22. www.livescience.com, 23. en.wikipedia.org, 24. earthsky.org, 25. en.wikipedia.org, 26. earthsky.org, 27. earthsky.org, 28. www.chron.com, 29. blogs.timesofisrael.com

