À l’intérieur du boom d’Internet en Éthiopie : fibre optique, rêves de 5G et cieux Starlink

L’Éthiopie vit une révolution silencieuse de l’internet – passant du statut de l’un des pays les moins connectés du monde à celui de nouveau pôle numérique émergent. Dans cette nation de plus de 120 millions d’habitants, l’accès à internet était autrefois rare, freiné par une infrastructure limitée et un monopole de l’État sur les télécommunications. Aujourd’hui, les changements sont spectaculaires : de nouveaux réseaux de fibre optique traversent le pays, des antennes 4G et 5G parsèment les horizons urbains et l’internet par satellite promet d’atteindre les villages les plus reculés. Ce rapport explore la transformation du paysage numérique en Éthiopie – des inégalités urbaines et rurales, des principaux opérateurs télécoms jusqu’aux projets d’avant-garde comme le déploiement de la 5G et les ambitions satellitaires de Starlink – dressant un panorama complet d’un pays lancé dans une course pour combler sa fracture numérique.
Panorama de l’internet en Éthiopie
L’utilisation d’internet a explosé en Éthiopie ces dernières années, même si la connectivité globale reste faible en comparaison internationale. Début 2025, environ 28,6 millions d’Éthiopiens utilisaient internet – soit 21,3 % de la population datareportal.com. C’est un progrès régulier (contre ~19 % un an auparavant) mais cela reste bien en dessous de la moyenne mondiale. À titre de comparaison, environ 67 % de la population mondiale était connectée en 2023 tandis que l’Afrique affichait une moyenne continentale d’environ 37 % ecofinagency.com. En Afrique de l’Est spécifiquement, la pénétration d’internet oscille entre 20 et 25 %, ce qui place l’Éthiopie légèrement derrière ses voisins. Le tableau ci-dessous met en lumière le contraste :
Pénétration Internet (% de la population) | Éthiopie (2025) | Afrique (2023) | Monde (2023) |
---|---|---|---|
Population en ligne (%) | 21,3 % datareportal.com | 37 % ecofinagency.com | 67 % ecofinagency.com |
Malgré un pourcentage relativement faible d’usagers en ligne, le nombre absolu d’internautes a explosé en Éthiopie grâce à la forte population. Le nombre d’utilisateurs a plus que doublé en cinq ans, reflétant l’expansion du réseau et l’adoption du smartphone. Pourtant, dizaines de millions restent hors ligne, surtout en zones rurales. L’ambitieuse stratégie Digital Ethiopia 2025 du gouvernement ambitionne d’y remédier. Les autorités affirment que l’offensive numérique (alliée à la réforme du secteur télécom) a permis une progression spectaculaire – d’environ 17 millions d’utilisateurs il y a quelques années à plus de 42 millions(en incluant les abonnés mobiles) fin 2024 ena.et ena.et. Même si les chiffres varient selon les sources, la tendance est claire : la connectivité progresse, et l’Éthiopie est déterminée à réduire son retard.
Urbain vs Rural : une fracture numérique
L’un des grands défis que doit relever l’Éthiopie demeure la fracture entre villes et campagnes dans l’accès à internet. Les grandes villes, comme Addis-Abeba, bénéficient désormais de réseaux mobiles et large bande en expansion, alors que nombre de villages ruraux peinent encore avec une connectivité limitée voire inexistante weforum.org. Environ trois quarts des Éthiopiens vivent en zone rurale, manquant souvent non seulement d’internet mais aussi d’électricité fiable – un obstacle fondamental à l’accès numérique weforum.org. A contrario, les habitants urbains profitent d’infrastructures plus denses (plus d’antennes, fibres, bornes Wi-Fi) et d’une plus grande maîtrise du numérique.
Une femme passe devant un bureau d’Ethio Telecom à Addis-Abeba. Les forfaits data mobiles de ce fournisseur public constituent encore la principale porte d’accès à internet pour les Éthiopiens, la capitale profitant d’une connectivité bien meilleure que les campagnes reculées ifex.org cardeth.org.
Les études confirment d’importantes disparités dans l’accès au réseau. Un sondage récent montre que les résidents d’Addis-Abeba ont largement accès à l’internet haut débit (fibre, 4G), bien plus que ceux de villes secondaires comme Arba Minch cardeth.org. À l’échelle du pays, la fracture numérique traverse de multiples lignes : urbain/rural, hommes/femmes, lettrés/illettrés. Par exemple, bien que le réseau mobile 3G couvre théoriquement presque tout le territoire, l’utilisation est très inégale. « Malgré une couverture 3G proche de 100 %, l’accès est très inégal », précise un rapport, soulignant une adoption bien moindre dans les campagnes, chez les femmes ou les populations peu alphabétisées researchgate.net.
Les principales causes de cette fracture résident dans l’infrastructure et le coût. La plupart des équipements (antennes, fibres, etc.) sont concentrés en ville ou le long des axes routiers. Beaucoup de villages isolés n’ont toujours pas d’antenne, ou alors ne reçoivent qu’un signal très faible, résultant en un service lent ou inexistant. De plus, le prix du matériel et des forfaits data reste un obstacle pour les foyers ruraux où les revenus sont faibles. Un smartphone basique et un forfait mensuel sont abordables à Addis-Abeba, mais relèvent du luxe pour un agriculteur de subsistance. Le gouvernement et les acteurs du secteur tentent de relever ces défis à travers des programmes d’extension réseau (antennes rurales, projets Wi-Fi communautaires) et des initiatives pour l’accessibilité tarifaire (offres subventionnées), thèmes évoqués plus loin dans ce rapport.
Infrastructures : Fibre, mobile et satellite
L’infrastructure internet en Éthiopie oscille entre modernisation rapide et lacunes persistantes. Le pays investit massivement dans les artères en fibre optique, étend la couverture mobile 4G/5G, et lorgne même le ciel avec l’internet satellitaire. Voici ses composantes majeures :
Fibre optique – Les autoroutes du numérique
Les réseaux fibre ultra-rapides constituent l’épine dorsale d’internet en Éthiopie, reliant les villes et transportant les données jusqu’au réseau mondial. Ethio Telecom (l’opérateur national) a bâti un vaste réseau de fibres traversant tout le pays. En 2023, Ethio Telecom possédait environ 23 000 km de fibre optique sur le territoire addisfortune.news. Ces ‘autoroutes’ relient tous les grands centres urbains et nombre de petites villes, organisés en plusieurs boucles pour la redondance. L’expansion du réseau se poursuit – des milliers de kilomètres de fibre longue distance et de boucles urbaines ayant été ajoutées récemment addisfortune.news. La fibre relie aussi l’Éthiopie au reste du monde : étant enclavée, elle s’appuie sur des liens transfrontaliers vers les câbles sous-marins via Djibouti principalement, et accessoirement via le Soudan ou le Kenya pour la redondance. Ainsi, l’accès internet international dépend surtout d’un câble terrestre vers Djibouti, avec des routes secondaires pour la sécurité en.wikipedia.org. Consciente de l’enjeu, Ethio Telecom a signé en 2024 un accord ‘Horizon Fiber’ avec Djibouti et le Soudan pour sécuriser et massifier la bande passante internationale du pays developingtelecoms.com.
Malgré ces avancées, toute l’Éthiopie n’est pas couverte en fibre. Beaucoup de zones rurales ou sites d’antennes mobiles s’appuient encore sur des liaisons hertziennes de moindre capacité pmc.ncbi.nlm.nih.gov. Si l’épine dorsale dessert toutes les régions, la fibre à domicile (FTTH) est quasi-inexistante hors quelques quartiers huppés d’Addis ou entreprises. Le nombre d’abonnés à internet fixe restait très faible : 669 000 début 2023 addisfortune.news, soit une fraction minime de la population. Le tarif moyen d’un abonnement domestique tourne autour de 27$ par mois statista.com, ce qui reste un luxe dans un pays où le PIB/habitant est inférieur à 1 000$. La fibre à domicile est donc réservée à une élite urbaine. Néanmoins, la fibre demeure vitale pour la connectivité globale, permettant aux opérateurs d’acheminer la masse du trafic, et la migration des vieilles lignes cuivre vers la fibre en zone urbaine thefastmode.com laisse entrevoir une amélioration future.
Large bande mobile – Un accès avant tout mobile
Pour la grande majorité des Éthiopiens, l’internet, c’est d’abord le mobile. Les réseaux mobiles couvrent bien plus large que le filaire, et la démocratisation du smartphone fait du forfait data la voie d’accès principale. Le réseau mobile a beaucoup progressé en dix ans : Ethio Telecom a déployé la 3G à travers le pays dans les années 2000–2010, la 4G à Addis dès 2015, puis l’a étendue à de nombreuses villes régionales. Depuis 2022, Ethio revendique une couverture nationale 3G et une 4G de plus en plus présente. 98 % des souscriptions mobiles concernent désormais la 3G, 4G ou 5G datareportal.com, ce qui montre que presque tous les usagers ont accès à un réseau haut débit (même si le coût ou le matériel limite la consommation).
L’Éthiopie compte aujourd’hui plus de 85 millions de souscriptions mobiles en service datareportal.com datareportal.com, soit environ 64 % de la population. La réalité du mobile se retrouve dans les usages : un sondage récent montre que le forfait data mobile écrase toutes les autres formes d’accès cardeth.org. Les cybercafés, jadis essentiels, sont désormais remplacés par le smartphone personnel, même chez les jeunes.
La 4G/LTE assure la connectivité urbaine ‘haut débit’ avec des vitesses de quelques à dizaines de Mbps à Addis ou dans d’autres villes. La 3G demeure la solution de repli pour le monde rural. Face à la demande, Ethio Telecom a lancé la 5G à titre pilote en 2022, puis en usage commercial en 2023, d’abord à Addis (145 sites) connectingafrica.com, puis à deux autres villes (ex. Hawassa) developingtelecoms.com extensia.tech. Cette couverture reste symbolique mais traduit l’intention d’Éthiopie de sauter des étapes. Safaricom Ethiopia, nouvel acteur, construit aussi son réseau dernier cri et prévoit la 5G à terme africantechroundup.com.
La couverture mobile est hétérogène, mais s’améliore. Toutes les villes et grands axes reçoivent au moins la 3G, et Ethio assure atteindre plus de 97 % de la population researchgate.net. La qualité varie cependant : les grandes villes disposent de 4G/5G récentes et capacité supérieure, tandis que les villages n’ont souvent qu’un signal 3G faible.Les débits restent modestes : début 2025, la moyenne médiane pour le fixe était d’environ 9,0 Mbps datareportal.com, et le mobile fait souvent moins. Certains pays africains atteignent plus de 35 Mbps en mobile voronoiapp.com. Nombre d’Éthiopiens, surtout hors Addis, ont des débits à 1 chiffre, voire inférieurs au mégabit, et une latence élevée. Les récentes mises à niveau laissent espérer une amélioration, mais pour l’heure, l’Éthiopie figure parmi les plus lents du monde. Un défi que le pays et ses opérateurs s’efforcent de relever.
Internet par satellite – Atteindre les déconnectés
Là où la fibre ou les antennes sont impraticables (villages isolés, zones pastorales dispersées ou touchées par les conflits), l’internet par satellite constitue un relais vital. Des solutions VSAT ont été déployées par l’État ou de grandes banques/ONG depuis les années 2000 en.wikipedia.org, sans jamais convaincre le grand public en raison de leur prix et de leur lenteur. Avec l’irruption des satellites en orbite basse (LEO), tel Starlink de SpaceX, la donne pourrait changer. Ces nouveaux services promettent du haut débit à latence réduite, partout où un plat satellite peut être installé.
Starlink suscite à la fois enthousiasme et débats réglementaires en Éthiopie. Déjà disponible dans plusieurs pays africains en 2023, il serait en phase de test dans le pays extensia.tech. (La carte du site mentionne « bientôt disponible », mais certains auraient utilisé l’option roaming Starlink en Éthiopie avant le lancement officiel.) L’autorisation d’un usage généralisé serait révolutionnaire pour les zones non-desservies : débits de 50 à 150 Mbps, bien supérieurs à ce que la campagne connaît. Du côté des tarifs, Starlink devient compétitif : l’abonnement mensuel a chuté à environ 80$ (et 350$ de matériel) starlink.com, parfois moins cher que les FAI locaux restofworld.org. Si ce prix reste inabordable pour la plupart, des modèles collectifs (connexion partagée, vente de Wi-Fi au village) pourraient en démocratiser l’accès. Le statut officiel de Starlink dépend encore des autorités (en 2025), qui évaluent bénéfices et risques d’une ouverture totale.
D’autres projets satellitaires lorgnent également l’Éthiopie. OneWeb, constellation LEO concurrente, a noué des partenariats pour relier les campagnes africaines connectingafrica.com. Elle pourrait servir au « backhaul » des antennes rurales, en attendant que le pays s’équipe de plus de fibres ou de 3G/4G. Bref, le satellite deviendra une pièce essentielle du puzzle éthiopien, à condition que les coûts continuent de baisser et que les autorités assouplissent leur réglementation. Un domaine à suivre, entre enthousiasme technologique et gestion publique des spectres/risques.
Principaux acteurs : du monopole à la concurrence
Pendant des décennies, le secteur télécom/internet éthiopien ne rime qu’avec un nom : Ethio Telecom. Ce géant public, anciennement Ethiopian Telecommunications Corporation, possédait le monopole absolu – téléphone, mobile, internet – et par conséquent la plus grosse base clients d’Afrique, mais sans pression pour innover ou baisser les tarifs. Ce modèle change : de nouveaux concurrents sont arrivés, la concurrence s’intensifie, l’État vend même une partie de ses actions. Voici les acteurs clés :
- Ethio Telecom – l’historique. Ethio Telecom reste leader absolu : près de 70 millions d’abonnés mobiles mi-2023 telecoms.com et plusieurs millions en fixe. L’entreprise détient le backbone national (fibre, réseaux, plus de 7 100 antennes) addisfortune.news et continue d’investir. Pour se moderniser, Ethio a lancé la 4G/5G, le service mobile money Telebirr (34 M d’utilisateurs en 2023) telecoms.com, et baissé ses forfaits. Mais le passé monopolistique a laissé une image de prix élevés (jusqu’à 85 $/mois avant baisse freedomhouse.org) ; aujourd’hui, le Go data coûte environ 0,68 $ prepaid-data-sim-card.fandom.com (moins cher que la moyenne mondiale, mais cher pour les ménages locaux). Depuis 2022, la concurrence est tolérée, mais Ethio profite de son avance et de sa propriété des infrastructures. L’État a lancé une privatisation partielle : vente de 45 % maximum du capital (d’abord 10 % début 2024) voanews.com. Un exercice d’équilibriste entre nationalisme économique et modernisation.
- Safaricom Ethiopia – le challenger. Premier opérateur télécom privé de l’histoire moderne éthiopienne, Safaricom Ethiopia regroupe de grands groupes (Safaricom Kenya, Vodacom, Vodafone, Sumitomo…). Licence achetée en mai 2021 (850 M$) ifex.org, démarrage commercial en octobre 2022 telecoms.com. 5 millions de clients en moins d’un an telecoms.com. Safaricom construit son propre réseau (4G/5G) et propose M-Pesa (mobile money lancé en 2023) telecoms.com. La concurrence force Ethio à s’adapter. Le défi de Safaricom est de couvrir tout le pays et d’investir lourdement (tower sharing, développement progressif). La présence de Safaricom a marqué la fin d’un monopole de 130 ans voanews.com.
- Troisième opérateur (à venir) – Le pays visait 2 nouveaux entrants en 2021, mais un seul s’est concrétisé pour cause d’offres jugées décevantes (MTN recalé). Depuis 2023, le gouvernement relance la procédure telecoms.com ; plusieurs grands opérateurs (Orange, MTN…) seraient candidats. Si un troisième opérateur démarre, la concurrence (et l’innovation) devraient s’intensifier. À noter que les règles imposent le partage des infrastructures.
- FAI & autres acteurs – L’ancien monopole empêchait tout FAI indépendant en.wikipedia.org. Depuis l’ouverture, quelques licences sont attribuées sur des niches (internet pro via satellite, réseaux privés…), mais le marché de détail reste aux deux grands mobiles. Il existe aussi quelques prestataires web/IT, réseaux universitaires, etc. Pour les petits FAI grand public, le potentiel restera limité tant que le réseau fixe n’est pas dégroupé ou que le partage de spectre se généralise.
En résumé, le secteur télécom éthiopien vit une phase charnière. Ethio Telecom tente désormais de s’adapter à la concurrence, Safaricom injecte de l’innovation et de la compétition, et un (voire plusieurs) nouvel entrant se profile. Le rôle de l’État est crucial, alliant régulation et investissement pour couvrir aussi les zones isolées. Les impacts commencent à se sentir (baisse de prix, généralisation du mobile money, montée en débit), augurant d’un secteur en plein essor.
Derniers développements et projets
Les 2–3 dernières années ont vu une accélération impressionnante du secteur télécom/internet éthiopien, dans la dynamique du virage numérique du pays. Voici les tendances et projets marquants :
- Déploiement de la 5G : L’Éthiopie a sauté les étapes en lançant la 5G plus tôt que prévu. Tests initiés mi-2022 puis lancement commercial à Addis-Abeba en octobre 2022 africantechroundup.com datacenterdynamics.com. En septembre 2023, 145 sites 5G actifs à Addis connectingafrica.com et extension à une troisième ville developingtelecoms.com. Même si elle reste réservée à certaines zones et à une clientèle limitée, la 5G prépare déjà l’avenir. Côté offre, Ethio a lancé des forfaits 5G ethiotelecom.et. Safaricom est prêt pour la 5G et pourra bientôt la proposer aussi (partenariat Huawei). Il s’agit autant d’un symbole que d’un service pratique aujourd’hui, mais cela place l’Éthiopie à la pointe du progrès africain.
- Explosion du mobile money : L’intégration télécom/finance s’est accélérée avec le lancement du M-Pesa de Safaricom en 2023 telecoms.com. Longtemps réservés à Telebirr (Ethio), les paiements mobiles s’ouvrent à la concurrence. Cette dynamique devrait booster l’inclusion financière et l’usage des services internet, et s’inscrit dans l’objectif d’un pays « cash-lite ». L’effet d’entraînement attendu : plus de paiements, plus d’utilisateurs en ligne.
- Projets d’infrastructure : Le pays attire des partenaires pour renforcer le réseau. Outre l’initiative Horizon Fiber developingtelecoms.com, Ethio Telecom travaille avec des géants du cloud pour améliorer l’accès et héberger du contenu local (data center, nœuds d’échange internet à Addis ena.et). D’autres projets comme le câble sous-marin 2Africa, financé par un consortium international, augmenteront la capacité future du pays.
- Régulation/marché : L’Ethiopian Communications Authority, créée en 2019, multiplie les nouvelles règles : partage d’infrastructure, portabilité du numéro à venir, normes de qualité. Des efforts sont faits pour réduire la fraude et attirer l’investissement international. À l’inverse, l’Éthiopie recourt encore parfois aux coupures d’internet lors de troubles politiques ou d’examens africafex.org, ce qui limite périodiquement l’accès pour motifs de sécurité.
- Initiatives d’accessibilité : Les acteurs publics et privés ont réduit par étapes le coût du data (le Go à 0,68 $ en 2023 prepaid-data-sim-card.fandom.com, une des offres les moins chères d’Afrique bien que le revenu moyen reste faible). On voit émerger des hotspots Wi-Fi gratuits (campus, centres), ou des études de subventions pour les ménages modestes et des formations à la culture numérique cardeth.org.
Dans l’ensemble, les avancées témoignent d’une dynamique très positive : nouveaux entrants, mise à niveau des technologies, volonté politique. Les projets en cours (5G, nouvelles fibres internationales, possible arrivée de Starlink et d’un troisième concurrent) laissent entrevoir une décennie de profondes mutations. Si la trajectoire se poursuit, le taux de pénétration pourrait rapidement dépasser la moyenne africaine, avec plus de rapidité et d’accessibilité pour tous.
Regards comparatifs : l’Éthiopie face au continent et au monde
Pour mieux cerner les progrès, il faut les comparer aux standards régionaux et mondiaux. Comme mentionné, le taux de pénétration – environ 21 % – reste loin de la moyenne africaine (~37 %) et de la moyenne mondiale (67 %) ecofinagency.com. Certains voisins, comme le Kenya, affichent 30-40 % d’utilisateurs, les pays d’Afrique du Nord 70-80 %. Malgré un statut de seconde puissance démographique du continent, l’Éthiopie demeure sous-équipée – du fait de la tardive libéralisation, mais aussi d’un sous-investissement historique. Le potentiel de progression est donc immense.
Sur la connectivité mobile, la pénétration des SIM (~64 %) datareportal.com est aussi inférieure à la moyenne de l’Afrique subsaharienne (85 %, selon le GSMA) voire au-delà de 100 % dans certains pays. Ce retard s’explique par la difficulté d’accès au terminal (surtout chez les femmes rurales), et des procédures administratives autrefois lourdes pour obtenir une SIM. Mais la diffusion du smartphone et la guerre commerciale démarrée par Safaricom devraient rapidement changer la donne (hausse de +8,4 millions de SIM en 2024 datareportal.com).
S’agissant de la vitesse internet, l’Éthiopie doit aussi combler son retard. Le débit médian fixe de ~9 Mbps datareportal.com (2025) est bien en deçà de la médiane mondiale (~79 Mbps en 2023) selon Speedtest Global Index. En mobile, c’est souvent inférieur à 10 Mbps quand le standard africain atteint déjà 20–40 Mbps dans certains pays. La différence de qualité se vit très concrètement : là où l’Europe stream du HD sans attendre, l’Éthiopien hors grandes villes aura des coupures et des ralentis. Néanmoins, les premiers gains se voient déjà (hausse de 16,7 % du débit fixe en 2024 datareportal.com).
Côté accessibilité économique, l’internet figure parmi les moins abordables au monde en proportion du revenu. Un simple abonnement large bande coûtait historiquement davantage que le revenu mensuel médian freedomhouse.org. Le data mobile, peu onéreux en dollars, reste un sacrifice pour un paysan ouvrier. Le GSMA recommande qu’1 Go data équivaille à 2 % maximum du revenu moyen, cible encore lointaine pour l’Éthiopie. À titre de comparaison, le Kenya affiche des forfaits plus compétitifs grâce à deux décennies de concurrence : c’est le surcroît de compétition que l’Éthiopie pourrait à son tour engranger.
Signal positif, l’Éthiopie tire son épingle du jeu sur le plan infrastructurel par la taille : 23 000 km de fibre, ce qui la classe parmi les leaders africains addisfortune.news. Ethio Telecom, avec ~70 M de clients, fait partie du club des géants telecoms.com. Cet effet d’échelle pourrait attirer des investissements technologiques innovants : Google a, par exemple, testé son laser « Project Taara » pour relier Djibouti à l’Éthiopie.
En somme, l’Éthiopie est à la traîne, mais pas à l’arrêt. D’autres pays jadis en retard ont connu, dès l’ouverture et l’arrivée de nouvelles technologies, des bonds spectaculaires. Les prochaines années diront si l’Éthiopie saura s’inscrire dans cette dynamique – connectant ses citoyens et leur offrant une expérience qualitative. L’« avantage d’une adoption tardive » est souvent mis en avant : le pays peut éviter certains pièges, adopter directement la 4G/5G, et profiter de sa jeunesse (âge médian ~19 ans) datareportal.com. En comparant ses voisins et en s’inspirant des bonnes pratiques mondiales, l’Éthiopie pourrait devenir une nation digitalisée à court terme.
Conclusion : vers une Éthiopie connectée
L’Éthiopie a amorcé la conquête de l’accès universel à internet, portée par l’investissement dans l’infrastructure, l’ouverture du marché, et la dynamique de sa jeunesse. La forteresse numérique qu’était le pays se fissure : les câbles fibres relient désormais les régions au monde, les ondes mobiles atteignent les montagnes, les satellites s’apprêtent à combler les derniers vides. Les élites urbaines ne seront plus les seules bénéficiaires : des efforts visent à connecter écoles, dispensaires, foyers ordinaires dans chaque recoin du pays. Les réformes de l’État – ouverture aux opérateurs étrangers, promotion de la culture numérique – symbolisent la prise de conscience que l’internet n’est plus un luxe, mais un levier essentiel de développement.
Des défis persistent : il faudra que les zones rurales ne soient pas laissées à l’écart, que les femmes et minorités accèdent à l’égalité numérique, que les prix baissent encore. Les risques de coupures politiques ou de censure ne sont jamais loin toutefois. Mais la dynamique est enclenchée : il y a seulement quelques années, n’existait qu’une seule offre très lente et coûteuse ; aujourd’hui, les options se multiplient.
Si la tendance se poursuit, la prochaine génération considérera comme normales des choses encore inaccessibles aujourd’hui : streamer une vidéo HD dans la vallée du Rift, consulter les prix agricoles sur smartphone, suivre un cours en ligne via satellite à la campagne, créer une start-up à Addis connectée au monde entier. Les bienfaits d’une société connectée – croissance, éducation, innovation, participation civique – sont à portée de main.
Comme le résume un responsable télécom éthiopien, « Même un opérateur qui couvre 100 % du territoire ne vaut rien avec un système obsolète » addisfortune.news – rappelant qu’il s’agit non seulement de toucher tous les citoyens, mais de le faire en qualité et avec des services modernes. L’Éthiopie semble avoir compris l’enjeu, modernisant son réseau du sol (fibre), au ciel (5G), jusqu’à l’espace (satellites). L’internet éthiopien prend enfin son envol. Le monde l’observe, et surtout, les Éthiopiens se connectent, un par un, à la communauté numérique mondiale.
Sources :
- DataReportal, « Digital 2025 : Ethiopia » – Chiffres clés sur l’usage internet datareportal.com datareportal.com.
- Africanews/AFP – Rapport sur la privatisation partielle d’Ethio Telecom africanews.com ; Photo du bureau Ethio Telecom à Addis ifex.org.
- Telecoms.com – Résultats de Safaricom Ethiopia & statistiques Ethio Telecom telecoms.com telecoms.com.
- Center for Advancement of Rights & Democracy – Rapport « Équitabilité de l’accès à internet en Éthiopie » (2023) cardeth.org cardeth.org.
- World Economic Forum – Rapport « Combler la fracture numérique en Éthiopie » (2024) weforum.org.
- International Telecommunication Union (UIT) – « Facts and Figures 2023 » (taux internet Afrique vs Monde) ecofinagency.com.
- Statista/Prepaid Data – Prix de la data mobile et du fixe en Éthiopie prepaid-data-sim-card.fandom.com ; coût du fixe statista.com.
- Research ICT Africa – Sondage After Access (couverture/usage du 3G) researchgate.net.
- Developing Telecoms – Initiative Horizon Fiber (fibre Éthiopie–Djibouti–Soudan) developingtelecoms.com.
- Freedom House – Freedom on the Net 2023, rapport Éthiopie (coupures internet…) africafex.org.
- Autres sources citées dans le rapport : en.wikipedia.org addisfortune.news connectingafrica.com restofworld.org, etc.