Le boom d’Internet au Cambodge ou la catastrophe numérique ? Au cœur de la révolution connectée du royaume

Aperçu de l’infrastructure Internet du Cambodge
Le paysage Internet du Cambodge s’est transformé rapidement au cours de la dernière décennie, privilégiant fortement la connectivité sans fil par rapport à la connexion filaire. Le haut débit mobile constitue l’épine dorsale principale de l’accès à Internet, avec plus de 22 millions d’abonnements cellulaires dans un pays d’environ 17 millions d’habitants datareportal.com – soit un taux de pénétration de 131,5 % (de nombreux utilisateurs possèdent plusieurs SIM). Les grandes villes sont couvertes par les réseaux 3G/4G, et même le service 4G LTE atteint désormais la plupart des districts. À l’inverse, le haut débit fixe (fibre ou DSL) reste principalement limité aux centres urbains. Début 2023, on ne comptait qu’environ 310 000 abonnements fixes à Internet dans tout le pays developingtelecoms.com, ce qui reflète le caractère encore naissant du déploiement de la fibre optique comparé au mobile. L’infrastructure de fibre optique du Cambodge se développe – avec des lignes de transmission nationales posées le long des routes et de nouveaux projets de câbles sous-marins en cours – mais la fibre optique jusqu’au domicile ne concerne qu’une minorité de personnes (principalement des entreprises et ménages urbains).
La bande passante internationale transitait historiquement par la Thaïlande et le Vietnam, mais le Cambodge développe ses connexions directes. Le premier câble sous-marin du pays (le câble Malaysia-Cambodia-Thailand) a été mis en service en 2017, et une liaison sous-marine améliorée entre Hong Kong et Sihanoukville est prévue pour 2024 developingtelecoms.com. Financé par des investissements chinois, ce nouveau câble à grande capacité remplacera les anciennes liaisons et ajoutera 640 km de fibre optique sous-marine dans le territoire cambodgien developingtelecoms.com, dans le but de rendre le service Internet plus rapide et moins cher. L’infrastructure centrale est exploitée par quelques acteurs (Telecom Cambodia, Viettel/Metfone et CFOCN), qui sont interconnectés à des dizaines de petits FAI freedomhouse.org freedomhouse.org. En 2023, on compte 38 FAI agréés et 5 opérateurs d’infrastructure fibre optique dans le pays developingtelecoms.com, mais le marché est largement dominé par les réseaux mobiles qui fournissent l’accès sans fil au plus grand nombre. Dans l’ensemble, l’infrastructure du Cambodge met fortement l’accent sur le mobile et le sans fil, avec des investissements continus pour étendre la fibre optique et les portes d’entrée internationales vers un réseau plus robuste.
Pénétration d’Internet et fracture numérique urbain–rural
L’utilisation d’Internet au Cambodge a fortement progressé mais reste en retard par rapport aux voisins régionaux. Début 2023, environ 11,37 millions de Cambodgiens étaient connectés, soit ~67,5 % de la population datareportal.com. (Début 2024, des estimations révisées situent l’usage entre 56 et 57% en raison d’un changement de méthodologie datareportal.com.) Cette pénétration est inférieure à celle du Vietnam (~79 % en 2024) ou de la Thaïlande (~85 % en 2023) datareportal.com datareportal.com, ce qui montre qu’il reste une marge de croissance importante. En chiffres bruts, 5 à 6 millions de Cambodgiens ne sont pas connectés datareportal.com. De plus, l’accès est très inégal : les citadins sont bien plus susceptibles d’utiliser Internet que les villageois ruraux. Seuls 25–26 % des Cambodgiens vivent en ville datareportal.com datareportal.com, et pourtant ce sont les zones urbaines qui bénéficient de la quasi-totalité de la couverture haut débit fiable. Les provinces rurales, qui abritent environ 75 % de la population, connaissent une connectivité bien moindre en raison d’une infrastructure clairsemée et d’un faible taux d’équipement. Par exemple, l’usage d’Internet mobile est « nettement plus courant » en ville, tandis que dans les villages isolés, beaucoup ne possèdent toujours pas de smartphone ni aucun appareil connecté freedomhouse.org. Pendant la pandémie de COVID-19, cette fracture numérique s’est révélée flagrante : environ 2 millions d’enfants ruraux n’ont pas pu accéder à l’enseignement en ligne, faute d’Internet ou de dispositifs connectés à la maison freedomhouse.org.
Des facteurs socioéconomiques alimentent cet écart. Les ménages pauvres et ruraux peinent à supporter le coût du matériel et des données (voir plus loin), et les taux d’alphabétisation plus faibles hors des villes limitent aussi l’adoption d’Internet. Il existe également une fracture de genre dans l’accès au numérique – les femmes représentent 50,5 % de la population mais seulement environ 45 % des utilisateurs de réseaux sociaux freedomhouse.org – reflétant probablement des disparités culturelles et éducatives. Le gouvernement a reconnu ces inégalités et a même noté que de nombreux étudiants manquaient de bande passante ou de smartphones pour l’apprentissage à distance freedomhouse.org. En réponse, des initiatives telles que des « centres technologiques communautaires » sont lancées (158 centres prévus à travers les provinces) pour offrir des points d’accès publics aux étudiants et aux habitants des zones défavorisées freedomhouse.org. En résumé, la pénétration d’Internet au Cambodge s’est nettement accrue ces dernières années, mais l’accès reste inégal, avec une profonde fracture urbain–rural et des segments de la population – notamment les groupes ruraux, à faible revenu et féminins – encore largement exclus de la révolution numérique.
FAI clés et opérateurs mobiles au Cambodge
Le marché des télécoms cambodgien est dominé par quelques grands acteurs, surtout sur le segment mobile. Trois entreprises – Metfone, Smart Axiata et Cellcard (CamGSM) – représentent environ 90 % des abonnés mobiles en.wikipedia.org. Voici un aperçu des principaux fournisseurs :
- Metfone (Viettel Cambodia) – Opéré par le vietnamien Viettel, Metfone est le plus grand opérateur. Il revendique environ 10 millions d’abonnés (près de 50 % de part de marché) en 2023 developingtelecoms.com. Metfone dispose d’un vaste réseau 2G/3G/4G couvrant les zones rurales (héritage de la stratégie d’expansion rurale agressive de Viettel) et investit dans la fibre et des essais 5G.
- Smart Axiata – Soutenu par le groupe malaisien Axiata, Smart est le deuxième opérateur. Il possède la 4G nationale et est connu pour ses forfaits data compétitifs et sa couverture urbaine. Smart s’est illustré en matière de qualité du réseau (par exemple leader en vitesse de téléchargement selon certains rapports) et propose aussi du haut débit fixe sans fil “Smart @Home”.
- Cellcard (CamGSM) – Opérateur d’origine cambodgienne (groupe Royal Group), Cellcard est le troisième acteur majeur. Il bénéficie d’une forte présence urbaine et a remporté des prix pour la vitesse du réseau et l’expérience gaming. Cellcard a aussi commencé à étendre l’Internet fibre (“Cellcard Home”) et se prépare au lancement de la 5G avec des partenariats techniques (ex : Huawei) totaltele.com.
- Autres – Quelques petits opérateurs subsistent, comme CooTel, SeaTel et (anciennement) qb. Leur part de marché est négligeable – en fait, qb a cessé ses activités il y a quelques années. Des dizaines de FAI proposent une connexion haut débit fixe sur des marchés de niche (ex : EZECOM, SINET, Opennet, etc.), souvent en revendant la bande passante des “big three” ou du réseau de Telecom Cambodia. Pour la majorité des Cambodgiens, néanmoins, l’accès à Internet est synonyme de data mobile via l’un des “trois grands”.
La concurrence entre les principaux fournisseurs a fait baisser les prix du data mobile et a amélioré la couverture 4G dans les villes. Les trois ont testé la 5G à petite échelle, mais le déploiement complet attend une politique relative aux fréquences (voir Tendances futures). À noter : l’Autorité de régulation des télécommunications du Cambodge (TRC) supervise le secteur, et l’État (via Telecom Cambodia et des partenariats) intervient dans le développement de l’infrastructure. Dans l’ensemble, le marché des FAI au Cambodge est concentré, quelques grands groupes fournissant la quasi-totalité de la connectivité, et de nombreux petits FAI desservant des zones spécifiques ou des clients professionnels.
Défis pour l’accès à Internet au Cambodge
Malgré la croissance rapide de la connectivité, les Cambodgiens font face à plusieurs obstacles à l’accès à un Internet fiable et abordable. Les principaux défis incluent :
- Coût élevé par rapport au revenu : Le prix reste un obstacle majeur. Un abonnement haut débit fixe coûte en moyenne 28 $ par mois en 2023 freedomhouse.org, une somme considérable dans un pays où le salaire mensuel minimum est d’environ 194 $ et où de nombreux travailleurs du secteur informel gagnent encore moins freedomhouse.org. Les données mobiles sont moins chères (environ 0,42 $ par Go en 2022) freedomhouse.org et les formules prépayées rendent Internet quelque peu accessible aux personnes à faibles revenus. Cependant, pour les 15 % de Cambodgiens vivant sous le seuil de pauvreté freedomhouse.org, même quelques dollars par mois pour des données peuvent être prohibitifs. Le coût des smartphones et d’autres appareils constitue également un obstacle, en particulier dans les zones rurales où les revenus des ménages sont faibles. Bien que les prix aient baissé et que les téléphones d’occasion soient courants, la dépense initiale empêche de nombreuses familles de se connecter. Les FAI ont lancé des forfaits abordables, et la popularité des réseaux sociaux (forfaits Facebook, etc.) favorise l’usage, mais l’accessibilité financière demeure un enjeu central qui freine l’accès universel. Il est à noter que les acteurs du secteur s’attendent à ce que les futurs services 5G soient proposés à un tarif plus élevé, risquant ainsi d’accentuer la fracture numérique freedomhouse.org.
- Lacunes de l’infrastructure et obstacles géographiques : La géographie du Cambodge et les disparités de développement rendent le déploiement du réseau difficile. De vastes parties de la campagne manquent de fibre optique et dépendent de tours cellulaires lointaines ou de vieux signaux 3G. Les villages isolés, zones montagneuses et îles bénéficient souvent d’une couverture faible ou inexistante car le coût d’extension des câbles à fibre ou des liaisons micro-ondes est élevé. Dans de nombreux villages ruraux, même lorsqu’il y a un signal mobile, il s’agit souvent seulement du service vocal 2G ou d’une connexion 3G instable, loin d’une vraie connexion haut débit. Les limites du réseau électrique affectent également la disponibilité d’Internet – les coupures de courant fréquentes à l’échelle nationale peuvent mettre hors-service les équipements télécoms et interrompre la connectivité freedomhouse.org. (En 2023, des coupures d’électricité planifiées d’une durée allant jusqu’à 8 heures ont affecté la capacité des opérateurs à assurer un service stable freedomhouse.org.) Le gouvernement a exhorté les opérateurs à étendre la couverture aux zones rurales (par exemple, une demande auprès de Smart Axiata pour desservir toutes les écoles et hôpitaux freedomhouse.org), et des projets sont en cours pour installer des centaines de nouveaux relais et « mâts d’antenne » même dans les districts moins peuplés developingtelecoms.com. Malgré tout, il subsiste un problème de dernière distance (last-mile) – les Cambodgiens ruraux sont bien moins connectés, en partie parce que l’infrastructure ne les atteint pas encore totalement.
- Littératie numérique et facteurs sociaux : Même là où Internet est disponible, tout le monde n’en bénéficie pas. Une part significative de la population a une littératie numérique limitée : les Cambodgiens âgés et ceux ayant peu d’éducation ne savent pas toujours comment utiliser les services en ligne ou n’en voient pas l’intérêt. Les contenus en khmer sur Internet sont en augmentation mais restent moins nombreux qu’en anglais, ce qui exclut les non-anglophones d’une grande partie des ressources. Des facteurs culturels (telle une tradition orale et une certaine méfiance envers la technologie) ralentissent également l’adoption dans certains groupes. L’écart entre les sexes mentionné précédemment (les femmes utilisent moins l’Internet que les hommes) met en évidence des normes sociales et des déséquilibres éducatifs. Le gouvernement et les ONG ont lancé des programmes de littératie numérique pour lever ces obstacles « immatériels », mais il faudra du temps avant que l’usage d’Internet ne devienne réellement universel pour toutes les catégories démographiques.
- Réglementation gouvernementale et censure : Un défi plus controversé concerne l’environnement réglementaire. La liberté d’Internet au Cambodge est considérée comme « partiellement libre » selon les observateurs en.wikipedia.org en.wikipedia.org – la plupart des gens peuvent accéder aux sites populaires et aux réseaux sociaux, mais le gouvernement exerce un contrôle croissant sur les contenus en ligne et les réseaux. Les autorités ont parfois bloqué des sites web critiques envers le pouvoir en place et même révoqué la licence de médias indépendants, comme ce fut le cas de Voice of Democracy en 2023 freedomhouse.org freedomhouse.org. En 2021, le gouvernement a adopté un sous-décret pour établir une Passerelle Nationale Internet (National Internet Gateway, NIG) – un point de passage unique à la chinoise pour tout le trafic Internet – déclenchant des inquiétudes quant à une censure massive et à une surveillance accrue freedomhouse.org freedomhouse.org. Suite à l’indignation nationale et internationale, la mise en œuvre de la passerelle NIG a été « mise en pause » en 2022 freedomhouse.org, et reste suspendue début 2023. Cependant, le cadre légal (loi télécom 2015 et projets de lois sur la cybercriminalité) confère aux autorités de larges pouvoirs pour surveiller ou interrompre les réseaux dans des circonstances floues freedomhouse.org. Ce climat de surveillance potentielle et d’arrestations pour propos en ligne (des militants et des utilisateurs de Facebook ont déjà été emprisonnés pour leurs publications) crée un effet dissuasif. Pour l’utilisateur moyen, la censure n’est pas un problème quotidien – Facebook, YouTube, Google, etc. restent accessibles – mais la possibilité d’un contrôle renforcé suscite l’inquiétude. Par ailleurs, l’incertitude réglementaire peut dissuader l’investissement par les FAI et compliquer les opérations (exigences de surveillance des contenus, localisation des données, etc.). En résumé, le gouvernement cambodgien encourage l’expansion d’Internet tout en cherchant à le réguler strictement, une dualité qui pose ses propres difficultés au développement d’un Internet ouvert et accessible.
Internet par satellite : la nouvelle frontière (Starlink et au-delà)
Alors que de nombreuses zones difficiles d’accès restent hors ligne, l’Internet par satellite apparaît comme une solution prometteuse au Cambodge – notamment grâce à la constellation Starlink de SpaceX. En 2023, Starlink a manifesté son intention d’entrer sur le marché cambodgien, suscitant un enthousiasme autour de la connexion des communautés rurales via des satellites en orbite basse. Cependant, à la mi-2025, Starlink n’est pas encore officiellement autorisé à opérer au Cambodge developingtelecoms.com. Cela n’a pas empêché des technophiles de se lancer : certains entrepreneurs ont importé eux-mêmes des kits Starlink. Par exemple, un chef d’entreprise cambodgien a installé la première unité Starlink dans le pays sur une ferme, dans la province de Preah Sihanouk, fournissant une connexion Internet haut débit à un site agricole isolé de 60 hectares phnompenhpost.com phnompenhpost.com.
L’expérimentation de Starlink sur cette ferme de vanille a démontré comment des liaisons satellitaires pourraient permettre la mise en œuvre de l’agriculture intelligente (smart farming) basée sur l’IoT – de l’irrigation automatisée à la surveillance des ravageurs assistée par IA – dans une zone où la couverture mobile était peu fiable phnompenhpost.com phnompenhpost.com. L’inconvénient, pour l’instant, reste le coût : le kit matériel Starlink coûte environ 600 $ à l’achat et il faut payer 200 $ par mois pour un service Internet itinérant phnompenhpost.com. Dara, l’entrepreneur, reconnaît que des coûts aussi élevés sont inaccessibles pour la plupart des citoyens ; à ce stade, l’Internet par satellite reste une option de niche (mais puissante) pour ceux qui ont un besoin absolu de connectivité dans les zones reculées phnompenhpost.com. Il note aussi que le service peut être interrompu lors de fortes pluies – un point à prendre en compte dans le climat tropical cambodgien phnompenhpost.com.
L’approbation réglementaire pour Starlink est attendue prochainement. En effet, début 2025, une délégation de SpaceX-Starlink a rencontré le Premier ministre cambodgien Hun Manet ainsi que les ministères concernés pour discuter de l’investissement et des licences developingtelecoms.com developingtelecoms.com. La directrice marketing de Starlink a désigné le Cambodge comme une « cible prioritaire d’investissement en 2025 », laissant supposer qu’un lancement officiel serait proche developingtelecoms.com developingtelecoms.com. D’ici là, certaines entreprises technologiques locales évoluent dans une zone grise en important du matériel Starlink et en le proposant (avec des utilisateurs payant techniquement les 200$/mois de frais de « roaming international » à Starlink) developingtelecoms.com. En dehors de Starlink, d’autres fournisseurs satellites comme Kacific (un satellite GEO régional) couvrent l’Asie du Sud-Est, et des ONG/organismes publics ont utilisé des VSAT pour connecter quelques écoles et cliniques rurales. Mais ces efforts restent à petite échelle. L’arrivée de l’internet satellitaire LEO promet de renforcer la connectivité du Cambodge en atteignant les 5 à 10% de la population les plus difficiles à couvrir – villages isolés, régions frontalières, îles et forêts denses – que les réseaux terrestres peinent encore à desservir. D’ici quelques années, si Starlink ou ses concurrents arrivent avec des tarifs plus abordables, l’internet par satellite pourrait aider à combler le dernier fossé numérique au Cambodge. Le gouvernement semble prudemment favorable à ce développement pour soutenir les zones rurales, même s’il exigera probablement un certain contrôle local (stations d’atterrissage ou revendeurs agréés) pour des raisons de sécurité. En somme, l’internet satellite au Cambodge en est à ses débuts – coûteux mais avec un fort potentiel d’impact pour connecter les non connectés.Initiatives gouvernementales et cadres réglementaires
Le gouvernement cambodgien poursuit activement des politiques pour élargir l’accès à internet et exploiter les technologies numériques dans le développement. Ces dernières années, un cadre global pour la « Stratégie pour l’Économie et la Société Numériques » (2021–2035) a été adopté, traçant une feuille de route pour l’amélioration de la connectivité, des services d’e-gouvernement et des compétences numériques bowergroupasia.com. Dans cette perspective, la première phase (2021–2025) se concentre sur la construction des fondations – étendre l’infrastructure numérique, améliorer l’accès abordable, et démarrer des services e-gouvernement clés bowergroupasia.com bowergroupasia.com. Le gouvernement a créé un Conseil National du Numérique de haut niveau en 2021, présidé par le Premier ministre, pour coordonner ces efforts entre les ministères bowergroupasia.com. Cela a débouché sur de nouvelles lois pour le e-commerce, la protection des consommateurs et la concurrence télécom afin de favoriser l’économie numérique bowergroupasia.com. En parallèle, des projets de lois sur la cybersécurité, la protection des données et la cybercriminalité sont en préparation pour faire face aux aspects plus sombres de la connexion (même si certains dénoncent un risque d’abus).
Sur le plan des infrastructures, le ministère des Postes et Télécommunications (MPTC) collabore avec des acteurs locaux et étrangers. Une initiative remarquable est le partenariat avec le chinois HyalRoute/CFOCN qui, depuis le milieu des années 2010, a investi dans le déploiement de la fibre nationale et même dans la gestion de l’arrivée du câble sous-marin AAE-1 submarinenetworks.com. Des partenariats public-privé comme l’accord Smart Axiata–CFOCN en 2024 visent à « élever la connectivité internet du Cambodge » en mutualisant la fibre et en étendant les dorsales jusqu’aux provinces. Le gouvernement mobilise également des financements de banques de développement : par exemple, la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB) a soutenu des projets de fibre optique par Telecom Cambodia aiib.org. Face au déficit de connectivité rurale, le MPTC déploie des programmes comme les Centres technologiques communautaires (dotant bibliothèques ou écoles d’ordinateurs et d’internet), et a mis en place un fonds d’Obligation de Service Universel alimenté par les opérateurs pour financer l’accès en zones rurales. En décembre 2022, le ministre annonçait la création de 158 centres communautaires internet dans tout le pays pour permettre aux élèves et agriculteurs de se connecter localement freedomhouse.org.
Les cadres réglementaires évoluent. La Loi sur les télécommunications (2015) a posé les bases en créant le régulateur TRC et les règles pour les licences, le spectre, etc. Cette loi confère aussi aux autorités de larges pouvoirs sur les réseaux en cas de « force majeure » non définie freedomhouse.org, ce qui préoccupe les associations de défense des droits. Comme discuté, le projet de Passerelle Internet Nationale est en pause, mais d’autres réglementations avancent. Par exemple, toutes les cartes SIM doivent être enregistrées avec une pièce d’identité, et la police de la cybercriminalité surveille activement les escroqueries et contenus illicites (le Cambodge étant tristement connu pour les escroqueries cyber-régionales que le gouvernement tente maintenant de réprimer, parfois avec des technologies comme le blocage IP). Point positif : l’État a adopté une certaine libéralisation : VoIP et messagerie sont largement disponibles, et il y a de la concurrence sur le marché internet. Le secteur télécom n’est pas monopolistique ; l’État collabore surtout avec des entreprises privées liées à l’État (comme Metfone avec des liens militaires ou les filiales du Royal Group) et des investisseurs étrangers pour atteindre ses objectifs. L’expansion d’internet est juridiquement une priorité, considérée comme clé pour la croissance économique, les services publics et l’intégration régionale. Fin 2023, le Premier ministre Hun Manet s’est félicité que les paiements numériques aient atteint 16× le PIB – signe d’une économie numérique florissante grâce à l’amélioration de la connectivité developingtelecoms.com developingtelecoms.com. Cette statistique illustre pourquoi le gouvernement continue d’investir dans l’ICT.
En résumé, la politique et la réglementation du Cambodge en matière d’accès internet sont un mélange d’ambition et de contrôle. Initiatives ambitieuses (services publics numériques, systèmes d’enregistrement d’entreprise en ligne, promotion de la fintech, etc.) vont moderniser l’économie bowergroupasia.com. Dans le même temps, des lois comme le projet de loi sur la cybersécurité et la passerelle internet nationale traduisent une volonté de surveiller étroitement internet. Les dix prochaines années, selon la politique gouvernementale, devront concilier ces axes : encourager une société connectée et dynamique tout en maintenant une surveillance réglementaire. L’équilibre trouvé déterminera l’avenir de l’internet au Cambodge.
Tendances et perspectives : 5G, partenariats et contexte régional
Le Cambodge se trouve à un carrefour numérique, avec plusieurs développements majeurs à venir qui pourraient façonner l’accès internet dans les prochaines années :
- Lancement imminent de la 5G : Après plusieurs années de retard, les réseaux mobiles 5G sont enfin sur le point d’arriver. Le ministère des télécoms « finalise » une politique pour allouer 100 MHz de spectre aux opérateurs pour la 5G developingtelecoms.com. Des pilotes par Cellcard, Smart et Metfone en 2019–20 ont été stoppés pour éviter les investissements redondants developingtelecoms.com, mais les responsables affirment que la 5G nationale est désormais une priorité « dans un futur proche » developingtelecoms.com. Aucune date précise n’est avancée, mais la flambée de la demande de données mobiles (en particulier après la pandémie) met le réseau 4G sous pression developingtelecoms.com. On peut s’attendre à un déploiement 5G progressif dès 2024-2025, à partir de Phnom Penh et des grandes villes, après l’attribution du spectre. L’accent sera mis d’abord sur le réseau mobile haut-débit (plus que sur l’IoT), par exemple pour désengorger les villes et fournir du haut débit sans fil à domicile, une alternative à la fibre optique. Attention, la 5G coûte cher, et le gouvernement craint que chaque entreprise ayant sa propre infrastructure ne soit un gaspillage developingtelecoms.com. On pourrait donc voir du partage d’infrastructures ou un modèle de réseau 5G mutualisé. La 5G sera donc ambivalente pour l’inclusion : elle peut offrir un internet ultra-rapide, mais si les forfaits sont élevés, elle restera d’abord un luxe urbain. À terme, la 5G (puis la 5G « standalone ») pourrait permettre de nouveaux services : télémédecine en temps réel, applications smart city, internet domestique sans fil généralisé, contournant le besoin de fibrer chaque foyer.
- Partenariats public-privé & investissements étrangers : Le développement futur de l’internet au Cambodge dépend des collaborations. Les investissements chinois resteront centraux : nouveau câble sous-marin Hong Kong-Sihanoukville developingtelecoms.com, financement d’antennes rurales, etc. Les entreprises occidentales s’intéressent aussi au marché (notamment l’intérêt de Starlink et d’autres acteurs pour les zones mal desservies). Les groupes télécom régionaux s’impliquent davantage : l’Axiata malaisienne (Smart) et la Viettel vietnamienne (Metfone) veulent poursuivre les investissements et la modernisation. Fin 2023, Viettel annonçait vouloir investir plus dans le réseau et les services de Metfone pour créer des emplois et moderniser les opérations developingtelecoms.com. Sur le plan régional, le Cambodge coopère avec ses voisins de l’ASEAN pour diminuer les frais d’itinérance et partager les meilleures pratiques de connectivité rurale. Notamment, des entreprises de « tower sharing » comme Edotco (Malaisie) accélèrent le déploiement d’antennes tout en baissant les coûts. En diversifiant ses liaisons (plus de câbles vers Hong Kong, et peut-être à terme accès direct aux États-Unis ou au Japon), le pays réduit sa dépendance à une seule route, accroît sa résilience et abaisse les coûts de transit. Tout cela laisse présager un avenir plus connecté, avec de nombreux acteurs investis dans la croissance de l’internet cambodgien.
- Poursuite de la croissance et réduction de l’écart : La pénétration internet continuera d’augmenter chaque année. Les analystes (par ex. Statista) anticipent 70% d’utilisateurs internet en 2025, et une progression continue ensuite. Grâce à des technologies à bas coût – smartphones abordables, Wi-Fi communautaire, satellite pour les villages –, le Cambodge peut réduire la fracture ville-campagne. La « Stratégie du Pentagone » du nouveau gouvernement (2023) fait de l’infrastructure numérique un pilier, preuve d’une volonté politique durable pour connecter bowergroupasia.com. On peut s’attendre à davantage de coopérations internationales : MoU Cambodge–Laos pour le haut débit transfrontalier, l’expertise japonaise en cybersécurité, etc. À mesure que les voisins avancent (le Vietnam vise la 5G nationale en 2025, la Thaïlande a déjà une bonne couverture fibre), le Cambodge sentira la pression pour « ne pas laisser passer le train » de l’économie numérique de l’ASEAN.
- Défis à venir : À l’inverse, certains défis demeureront. La fracture numérique ne disparaîtra pas du jour au lendemain – il faut non seulement l’infrastructure, mais aussi des progrès en éducation, revenus, création de contenus locaux. La cybersécurité devient un enjeu : plus d’usagers = plus d’incidents (hausse des piratages, arnaques, et usage du pays pour des plateformes régionales d’escroquerie). L’adoption d’une Loi sur la Cybercriminalité, attendue dans les années à venir, devra trouver un équilibre entre sécurité, vie privée et liberté. Enfin, maintenir des prix accessibles sera crucial : si la 5G arrive avec des forfaits élevés, beaucoup n’y auront pas accès. État et régulateurs devront réfléchir à des subventions ou à une tarification différenciée pour garantir que les écoles rurales et ménages modestes profitent aussi des nouvelles technologies.
En conclusion, l’histoire de l’accès internet au Cambodge est faite d’une croissance remarquable mais de disparités persistantes. Le haut-débit mobile et les réseaux sociaux ont bouleversé la vie quotidienne et l’économie – du chauffeur de tuk-tuk trouvant ses clients via appli au paysan visionnant des tutoriels YouTube. Mais le Cambodge vit une double réalité : une partie du pays entre dans le XXIe siècle, l’autre reste déconnectée dans ses villages à la couverture hésitante. Les prochaines années seront décisives pour savoir si le Royaume pourra résorber cette fracture. Avec des investissements ciblés, des politiques volontaristes, et des technologies émergentes comme le satellite ou la 5G, le Cambodge a une chance d’accélérer et de rejoindre ses voisins dans l’ère numérique. La tendance est optimiste – un futur où pratiquement chaque Cambodgien, urbain ou rural, pourra se connecter – mais atteindre ce but exigera de venir à bout des obstacles liés au coût, à l’infrastructure et à la gouvernance qui subsistent. Le monde observera comment se déploie la révolution numérique cambodgienne, alors que le pays s’efforce de faire en sorte que son boom internet ne vire pas au désastre pour les laissés-pour-compte.
Sources : Rapports et actualités récents sur l’infrastructure numérique et l’utilisation d’Internet au Cambodge, incluant les rapports digitaux de DataReportal datareportal.com datareportal.com, le rapport « Freedom on the Net 2023 » de Freedom House freedomhouse.org freedomhouse.org, des articles du Phnom Penh Post et du Khmer Times phnompenhpost.com freedomhouse.org, ainsi que des analyses du secteur des télécommunications developingtelecoms.com developingtelecoms.com, ont été utilisées pour fournir des statistiques récentes (2023–2025) et des éclairages. Ceux-ci incluent les taux de pénétration des utilisateurs d’Internet, les disparités d’accès entre zones urbaines et rurales, des déclarations officielles sur la 5G et l’Internet par satellite, ainsi que des exemples d’initiatives visant à étendre la connectivité à travers le Cambodge freedomhouse.org developingtelecoms.com. Les comparaisons aux voisins de la région sont issues des données DataReportal et Statista sur l’utilisation d’Internet au Vietnam et en Thaïlande datareportal.com datareportal.com. Les informations dressent un portrait complet de la situation et des perspectives de l’accès à Internet au Cambodge à l’horizon 2025. datareportal.com developingtelecoms.com