24 juin 2025
9 mins read

Onde de choc du laser spatial : à l’intérieur du faisceau orbital de 2 watts de la Chine qui prétend surpasser Starlink et remodeler l’équilibre sécuritaire dans l’espace

Space‑Laser Shockwave: Inside China’s 2‑Watt Orbital Beam That Claims to Outgun Starlink and Reshape the Security Balance in Space
  • En juin 2025, la Chine a transmis 1 Gbps depuis l’orbite géostationnaire vers une station au sol en utilisant un laser de 2 watts à 36 000 km de distance.
  • Le projet a été mené par Wu Jian, professeur à l’Université des Postes et Télécommunications de Pékin, et Liu Chao de l’Académie chinoise des sciences.
  • Selon le South China Morning Post, le faisceau a été « cinq fois plus rapide que les liaisons descendantes Starlink » tout en étant « aussi faible qu’une bougie », grâce à l’optique adaptative et à la réception à modes multiples (AO-MDR).
  • Le système AO-MDR combine optique adaptative et diversité de modes, traitant huit modes spatiaux dans un télescope de 1,8 m et retenant en temps réel les trois canaux les plus propres avec seulement deux watts.
  • Interesting Engineering rapporte que le bond du taux de signal utile est passé de 72 % à 91 % malgré les turbulences.
  • Starlink fournit généralement 100–300 Mbps aux antennes utilisateurs, avec des liaisons LEO jusqu’à environ 600 Mbps, alors que la liaison GEO chinoise a atteint 1 Gbps par laser.
  • Le SCMP note que Starlink plafonne à quelques Mbps sous forte atténuation atmosphérique dans des tests comparables, ce qui contextualise la revendication « cinq fois plus rapide ».
  • Andrew Jones d’IEEE Spectrum rappelle que SpaceX exploite déjà des liaisons laser inter-satellites à 100 Gbps et que des démonstrations à 400 Gbps existent chez Laser Starcom, soulignant que l’élément nouveau est la puissance très faible nécessaire sur GEO.
  • Les experts insistent sur le fait que rien n’a été détruit et qu’il s’agit de communications laser, non d’armes laser, car les systèmes anti‑satellites destructeurs nécessiteraient des puissances bien supérieures.
  • Ces résultats alimentent une doctrine sino-mature qui allie innovation commerciale et capacités anti-espace, incitant les États‑Unis et leurs alliés à accélérer les défenses à énergie dirigée, avec le général Chance Saltzman et le programme HydRON, et des discussions sur des normes internationales.

L’expérience menée par la Chine en juin 2025, consistant à transmettre 1 Gbps de données depuis l’orbite géostationnaire à l’aide d’un laser à peine plus lumineux qu’une veilleuse, a électrisé l’industrie des télécoms—et inquiété les planificateurs militaires du monde entier. De nombreux rapports en sources ouvertes s’accordent à dire que cette démonstration prouve que la Chine peut transférer du trafic haut débit cinq fois plus rapidement que les liaisons descendantes Starlink actuelles, tout en utilisant une fraction de leur puissance, grâce à une nouvelle astuce optique dite « synergie AO-MDR ». Pourtant, les analystes mettent en garde : des titres comme « pulvérise Starlink » exagèrent l’événement ; rien n’a réellement été détruit. Ce que l’exploit révèle en réalité, c’est une doctrine chinoise mature qui fusionne l’innovation commerciale et la doctrine anti-espace, poussant les États-Unis et leurs alliés à accélérer leurs propres défenses à énergie dirigée.

Que s’est-il passé exactement ?

Des chercheurs chinois, dirigés par le Pr. Wu Jian (Université des Postes et Télécommunications de Pékin) et Liu Chao (Académie chinoise des sciences), ont pointé un laser de 2 watts vers une station au sol depuis 36 000 km d’altitude et atteint tout de même 1 Gbps—« cinq fois plus rapide que Starlink », a écrit le South China Morning Post, qualifiant le faisceau « d’aussi faible qu’une bougie » mais remarquablement corrigé grâce à l’optique adaptative + la réception à modes multiples (AO-MDR) [1]. Interesting Engineering a confirmé les mêmes chiffres et attribué le bond de qualité du signal utilisable de 72 % à 91 % malgré de fortes turbulences au schéma AO-MDR [2].

Le site de vulgarisation Daily Galaxy a traduit ce jalon en langage accrocheur, affirmant que le satellite avait « dépassé Starlink … repoussant les limites de ce que beaucoup pensaient possible » [3]. Un média européen, Visegrád Post, a décrit « un exploit étonnant qui pourrait révolutionner l’échange de données à l’échelle mondiale » [4].

Comment fonctionne AO-MDR

Les liaisons optiques traditionnelles affinent soit les fronts d’onde déformés (optique adaptative), soit collectent les modes diffusés (diversité de modes). Le prototype de Wu et Liu fait les deux à la fois, en faisant passer huit modes spatiaux dans un télescope de 1,8 m et en laissant le logiciel retenir, en temps réel, les trois canaux les plus propres, maintenant ainsi de faibles taux d’erreurs malgré seulement deux watts de puissance optique [5].

Promesses de vitesse face à la réalité Starlink

Le forfait grand public Starlink livre généralement 100–300 Mbps aux antennes des utilisateurs, même si certaines liaisons descendantes individuelles en orbite LEO atteignent près de 600 Mbps ; les liaisons montantes sont plus lentes. À l’inverse, la liaison chinoise GEO a réalisé 1 Gbps par laser, un bond notable compte tenu du bilan de liaison sur 36 000 km de GEO. L’article du SCMP précise que Starlink « plafonne à quelques Mbps » lors d’observations par forte atténuation atmosphérique sur des sites de test comparables, rendant la revendication des 1 Gbps « cinq fois plus rapide » dans ce contexte [6].

Andrew Jones, d’IEEE Spectrum, rappelle que SpaceX exploite déjà des liaisons laser inter-satellites à 100 Gbps, et que des démos à 400 Gbps émergent depuis des start-up chinoises comme Laser Starcom, si bien que la bande passante seule n’est pas révolutionnaire : la nouveauté est d’obtenir cela avec si peu de puissance depuis GEO [7].

Enjeux stratégiques—et menaces

Les analystes militaires ont immédiatement vu la démonstration à travers un prisme anti-espace. Asia Times avait détaillé plus tôt un concept chinois piloté par IA pour « éliminer Starlink du ciel » en cas de conflit taïwanais, coordonnant 99 satellites chasseurs pour suivre la constellation [8]. Une note de recherche de juillet 2024 a recensé des travaux parallèles sur des lasers de classe mégawatt montés sur sous-marins, capables d’illuminer des satellites discrètement via un mât rétractable, créant potentiellement des destructions niées en orbite basse [9].

Lors d’une audition en avril 2025, le général Chance Saltzman, chef de la Space Force, a averti le Congrès que la Chine déploie « des lasers terrestres capables de perturber, dégrader ou endommager les capteurs des satellites », et pourrait bientôt atteindre des puissances capables de détruire purement et simplement des satellites [10]. Saltzman a réitéré ces craintes à Air & Space Forces, insistant sur le fait que Pékin investit dans les six catégories d’armes anti-espace—cinétiques et à énergie dirigée, au sol comme dans l’espace—tandis que les États-Unis sont à la traîne sur les capacités orbitales [11].

Fox News a souligné la description de Saltzman sur l’avancée chinoise comme étant « hallucinante », notant que l’arsenal chinois compte déjà des brouilleurs, missiles et rayons à énergie dirigée capables de neutraliser les satellites américains sans créer de débris dangereux [12].

La communauté du renseignement en sources ouvertes suit également les travaux complémentaires chinois et russes sur des charges utiles à radiofréquence et à micro-ondes de forte puissance, que Markos Trichas et Matthew Mowthorpe qualifient d’« armes anti-espace extrêmement efficaces » dans la Space Review [13]. Popular Mechanics a déjà pointé des activités suspectes sur le site laser de Korla, suggérant des essais pour « annuler un avantage » en éblouissant ou piratant les satellites occidentaux [14].

Starlink a-t-il vraiment été « pulvérisé » ?

Non. L’expression virale de Daily Galaxy est une métaphore de la supériorité en vitesse observée lors d’une démonstration en laboratoire, et non une destruction physique de la constellation en orbite basse. Il n’existe aucune preuve que des satellites Starlink opérationnels aient été perturbés ou détruits. Les experts rappellent qu’il ne faut pas confondre communications laser—qui transmettent de l’information—et armes laser qui chauffent les surfaces ou aveuglent les capteurs. Le test à 2 watts relève clairement de la première catégorie ; des lasers anti-satellites destructeurs exigent des puissances plusieurs ordres de grandeur supérieures.

Néanmoins, la technologie est à double usage. La même précision de pointage qui maintient une liaison de données verrouillée sur Terre pourrait, si la puissance et la durée étaient accrues, dégrader des charges utiles optiques ou le câblage des panneaux solaires des satellites adverses. Cette perspective explique la vigilance accrue à Washington et dans les capitales alliées.

Avis d’experts

ExpertCitation cléSource
Wu Jian (Univ. Pékin)La méthode AO-MDR est « révolutionnaire », permettant « à un laser de la puissance d’une bougie de traverser la turbulence » à des débits gigabit. [15]
Andrew Jones (IEEE Spectrum)Le test intersatellite chinois à 400 Gbps démontre « une évolution incrémentale plus qu’un saut technologique », mais la précision de pointage inférieure à cinq µrad est « essentielle ». [16]
Gén. Chance Saltzman (USSF)La Chine « investit massivement » dans toutes les classes d’armes anti-espace ; « d’ici le milieu ou la fin des années 2020, nous nous attendons à des lasers capables de dégrader physiquement la structure des satellites ». [17]
Markos Trichas & Matthew Mowthorpe (BAE / Space Review)Les armes à RF et micro-ondes sont peut-être sous-évaluées mais « dévastatrices » et la Chine est susceptible de les déployer « à court terme ». [18]

Réactions internationales et actions politiques

  • États-Unis – Le Pentagone se tourne d’abord vers des brouilleurs au sol et des outils anti-espace à faible coût, mais reconnaît qu’il lui faudra finalement égaler la Chine sur les armes à énergie dirigée embarquées [19].
  • Union européenne / Agence spatiale européenne – Le programme HydRON européen vise des liaisons laser descendantes GEO de plus de 100 Gbps, pour se mettre au niveau des avancées chinoises et des mises à jour de Starlink [20].
  • Secteur privé – Selon les investisseurs, si un nœud GEO de 2 watts peut fournir un gigabit descendant, l’économie du backhaul dans les régions mal desservies pourrait à nouveau pencher en faveur de GEO, au détriment des constellations LEO. Les analystes télécoms appellent donc à des essais rapides de charges utiles optiques à faible puissance sur les satellites GEO occidentaux [21].

Perspectives : que va-t-il se passer maintenant ?

  1. Expériences de montée en puissance – Les laboratoires chinois ont déjà publié des concepts de lasers embarqués de classe kilowatt ; une montée en puissance crédible en orbite brouillerait la frontière entre communications et armement.
  2. Durcissement anti-laser – Starlink et d’autres constellations équiperont probablement leurs satellites de revêtements ablatifs, de capots capteur miroirs et de scripts de manœuvres d’évitement.
  3. Normes et traités – Le Groupe de travail ouvert de l’ONU sur les menaces spatiales sera vraisemblablement soumis à des pressions renouvelées pour traiter les attaques réversibles à énergie dirigée avant que des essais irréversibles n’entraînent des crises de débris.
  4. Course à l’adoption commerciale – Les opérateurs GEO pourraient tester des liaisons laser faible puissance d’ici deux ans, afin d’offrir une latence inférieure à 100 ms en associant des liaisons optiques descendantes à des caches en orbite basse.

Pour aller plus loin

  • South China Morning Post – « Chinese satellite achieves 5 × Starlink speed with 2‑W laser » [22]
  • Interesting Engineering – « 5× faster than Starlink: Chinese satellite beams data with minimal laser power » [23]
  • Daily Galaxy – « China Strikes Hard: Satellite pulverizes Starlink with a 2‑Watt laser » [24]
  • Visegrád Post – « Blazing‑Fast Chinese Satellite Outpaces Starlink » [25]
  • Asia Times – « China plans to blow Starlink out of the sky in a Taiwan war » [26]
  • China‑Arms – « Submarine Laser Weapon Research Targets Starlink Threat » [27]
  • Defense One – « How China is expanding its anti‑satellite arsenal » [28]
  • Air & Space Forces Magazine – « Space Force focused on the ground for anti‑satellite weapons » [29]
  • Fox News – « Mind‑boggling: Space Force chief warns about Chinese capability to knock out US satellites » [30]
  • IEEE Spectrum – « China makes high‑speed laser links in orbit » [31]
  • The Space Review – « Russian and Chinese development of RF directed‑energy weapons for counterspace » [32]
  • Popular Mechanics – « China could be using laser weapons to hijack American satellites » [33]

Le lien laser à 2 watts de la Chine est donc à la fois une prouesse technique et un signal géopolitique fort : des optiques de précision basse puissance peuvent désormais accomplir des tâches jadis réservées à de massifs dispositifs énergivores. Savoir si cette capacité inaugure une renaissance du haut débit spatial ou une ère de duels satellites furtifs dépendra de la rapidité d’adaptation des puissances rivales—et de l’avance que pourront prendre les diplomates.

The Conceptual Failure of Orbital Lasers

References

1. www.scmp.com, 2. interestingengineering.com, 3. dailygalaxy.com, 4. visegradpost.com, 5. interestingengineering.com, 6. www.scmp.com, 7. spectrum.ieee.org, 8. asiatimes.com, 9. www.china-arms.com, 10. www.defenseone.com, 11. www.airandspaceforces.com, 12. www.foxnews.com, 13. www.thespacereview.com, 14. www.popularmechanics.com, 15. www.scmp.com, 16. spectrum.ieee.org, 17. www.defenseone.com, 18. www.thespacereview.com, 19. www.airandspaceforces.com, 20. spectrum.ieee.org, 21. visegradpost.com, 22. www.scmp.com, 23. interestingengineering.com, 24. dailygalaxy.com, 25. visegradpost.com, 26. asiatimes.com, 27. www.china-arms.com, 28. www.defenseone.com, 29. www.airandspaceforces.com, 30. www.foxnews.com, 31. spectrum.ieee.org, 32. www.thespacereview.com, 33. www.popularmechanics.com

Space‑Laser Shockwave: Inside China’s 2‑Watt Orbital Beam That Claims to Outgun Starlink and Reshape the Security Balance in Space
Previous Story

Le satellite laser chinois « Night‑Light » laisse Starlink loin derrière — Ce que cela signifie pour l’avenir de l’internet spatial et de la guerre

Onde de choc du laser spatial : à l’intérieur du faisceau orbital de 2 watts de la Chine qui prétend surpasser Starlink et remodeler l’équilibre sécuritaire dans l’espace
Next Story

Dernières nouvelles et analyses satellitaires 24.06.2025

Go toTop