Starlink d’Elon Musk contre la coupure d’Internet en Iran : vérification des faits sur les 20 000 antennes secrètes reconnectant une nation

Introduction
Un rapport viral récent a affirmé que Elon Musk aurait “contourné” le black-out total d’Internet en Iran en activant Starlink pour 20 000 terminaux satellites cachés dans le pays. Cette histoire dramatique – survenue dans un contexte d’intensification du conflit entre l’Iran et Israël – laisse entendre que les satellites de SpaceX auraient fourni un accès Internet non censuré aux Iraniens après que le régime ait tenté d’en couper l’accès. Compte tenu de la réputation de l’Iran en matière de censure et de coupures d’Internet, et du rôle grandissant de Starlink comme bouée de sauvetage numérique en situation de crise, cette affirmation a suscité une attention mondiale. Mais est-elle fondée ? Ce rapport examine tous les faits entourant cette allégation, s’appuyant sur des sources crédibles et actualisées. Nous vérifions ce qui s’est réellement passé en Iran en juin 2025, examinons si 20 000 terminaux Starlink opéraient effectivement clandestinement, et cherchons des confirmations auprès des médias réputés, des responsables, et des experts. Au fil de l’enquête, nous explorerons le contexte élargi – du rôle de Starlink dans d’autres zones de conflit (comme l’Ukraine) aux blackouts iraniens et aux implications pour la liberté d’Internet dans le monde.
Starlink brise le black-out Internet de l’Iran (juin 2025)
Mi-juin 2025, une confrontation militaire soudaine éclate entre l’Iran et Israël. Suite à des frappes aériennes israéliennes sur des sites nucléaires et militaires iraniens, le gouvernement iranien impose une coupure nationale d’Internet – un black-out numérique destiné à calmer les troubles et contrôler l’information ndtv.com timesofisrael.com. Le 14 juin, le ministère iranien des Télécommunications annonce des “restrictions temporaires” sur l’Internet du pays “jusqu’à ce que la situation revienne à la normale”, coupant de fait des millions de citoyens du web mondial economictimes.indiatimes.com ndtv.com. Dans le passé, de telles coupures laissaient les Iraniens dans un vide informationnel. Cette fois, l’aide vint de l’orbite.
Elon Musk est intervenu en quelques heures. Le PDG de SpaceX – qui avait déjà exprimé son soutien à la liberté d’accès à Internet en Iran – a annoncé sur X (anciennement Twitter) que le service Internet par satellite Starlink était désormais actif au-dessus de l’Iran iranintl.com timesofisrael.com. Dans un tweet bref publié le 14 juin, Musk écrit : “The beams are on.” iranintl.com timesofisrael.com Ce message confirmait que les satellites Starlink diffusaient bien la connectivité sur l’espace aérien iranien malgré le black-out imposé par le régime. En somme, Musk “a appuyé sur l’interrupteur” afin que toute personne en Iran disposant d’un terminal Starlink puisse se connecter. Des activistes iraniens avaient publiquement demandé de l’aide à Musk lorsque l’accès à Internet était tombé presque à zéro : il a répondu. “Elon Musk said Saturday that Starlink is active over Iran, replying on X: ‘The beams are on,’” a rapporté Iran International, notant que ce message faisait suite à la demande d’un internaute réclamant le rétablissement de l’accès pendant la coupure iranintl.com.
Point crucial : l’activation de Starlink n’a pas miraculeusement reconnecté tous les Iraniens – seuls ceux disposant du matériel spécial pouvaient en profiter. Mais l’impact stratégique fut immédiat. Selon The Times of Israel, l’initiative de Musk a offert une bouée de sauvetage pour les communications en pleine coupure. Le 15 juin, Starlink était « activé en Iran après que Téhéran a coupé l’accès à Internet pour ses citoyens à la suite des frappes israéliennes », permettant à certains Iraniens de retrouver un accès malgré les efforts du gouvernement timesofisrael.com.
Le black-out en Iran est survenu en pleine escalade du conflit. Les forces israéliennes ont frappé des lanceurs de missiles et des installations nucléaires iraniennes ; l’Iran a riposté par des salves de missiles contre Israël economictimes.indiatimes.com ndtv.com. Les attaques de part et d’autre faisaient craindre une guerre élargie. Redoutant une révolte intérieure ou une coordination, le régime iranien a cherché à “étouffer la rébellion intérieure” en coupant tous les liens Internet ndtv.com. Or, Starlink a compromis cette stratégie. En court-circuitant les réseaux terrestres, Starlink a permis le maintien du flux d’informations. Selon NDTV, « Elon Musk a déclaré avoir activé Starlink… en Iran après que Téhéran ait imposé des restrictions nationales sur Internet », en réaction à l’agression israélienne ndtv.com. En d’autres termes, un réseau satellitaire privé a pris le relais là où la diplomatie ou l’infrastructure classique échouaient, reconnectant au moins une partie de la population iranienne au monde extérieur.
20 000 terminaux Starlink cachés – Mythe ou réalité ?
Le cœur de l’allégation réside dans le chiffre de 20 000 terminaux Starlink “déjà présents sur le marché noir iranien”. Si le nombre exact de paraboles clandestines est difficile à vérifier, plusieurs sources crédibles valident bien cet ordre de grandeur. Fin 2024, des journalistes spécialisés et des analystes estimaient déjà que des dizaines de milliers de terminaux Starlink étaient en service en Iran, malgré l’interdiction officielle. Forbes rapportait en décembre 2024 que « jusqu’à 20 000 personnes bénéficient d’une connexion haut débit [via Starlink] quasi impossible à censurer par la République islamique » irantimes.com. Cette utilisation souterraine a explosé depuis que Musk avait permis pour la première fois l’accès à Starlink en Iran en 2022. Un média iranien résumait : « L’usage de Starlink a explosé ces deux dernières années… On estime aujourd’hui à 20 000 le nombre d’Iraniens bénéficiant d’Internet haut débit presque impossible à censurer. » irantimes.com. Autrement dit, environ 20 000 terminaux Starlink étaient considérés comme actifs en Iran fin 2024, majoritairement via des réseaux non officiels.
Une parabole Starlink clandestine installée à Téhéran, en Iran, avec la tour Milad distinctive en arrière-plan time.com. Des activistes ont partagé ce type de photographies fin 2024 pour prouver que les terminaux Starlink étaient réellement présents en Iran, malgré l’interdiction gouvernementale. Ces paraboles, introduites par le marché noir, offraient un accès Internet non censuré que le régime peinait à éliminer.
Des médias indépendants de la diaspora iranienne confirment ces chiffres. En septembre 2024, Iran International indiquait qu’un expert surveillant la diffusion de Starlink en Iran « estime qu’il pourrait déjà y avoir entre 10 000 et 20 000 terminaux en activité », selon des informations de vendeurs et de techniciens chargés de la contrebande iranintl.com. Début 2025, des officiels iraniens avançaient même des chiffres supérieurs : plus de 100 000 utilisateurs bénéficiant d’Internet satellitaire. Le responsable du Comité de l’infrastructure du e-commerce iranien, Pouya Pirhosseinlou, déclarait en janvier 2025 aux médias locaux que “plus de 30 000 utilisateurs uniques utilisent Internet par satellite, ce qui laisse penser que le nombre total d’utilisateurs [Starlink] dépasse les 100 000.” iranintl.com iranintl.com. (Il s’agit probablement ici d’utilisateurs partageant la même parabole – par exemple, un Starlink sur un toit desservant plusieurs familles – et non de 100 000 appareils distincts.) Bien que ce chiffre n’ait pas été confirmé par des sources étrangères, il correspond à la croissance exponentielle de 2024; le même responsable précisait que l’usage d’Internet satellitaire en Iran avait été multiplié par 20 durant cette année iranintl.com. Pour contexte, Forbes estimait ce nombre à 20 000 un mois auparavant iranintl.com, illustrant la croissance fulgurante du marché noir Starlink.
Ce qui est clair, c’est que des milliers de terminaux Starlink ont effectivement été introduits clandestinement en Iran depuis 2022. Ces unités sont souvent passées en contrebande depuis des pays voisins (comme la région du Kurdistan irakien, la Turquie ou les États du Golfe persique) car SpaceX ne peut pas les expédier légalement en Iran iranintl.com time.com. Posséder un de ces appareils est risqué : les autorités iraniennes considèrent le matériel satellite non autorisé comme illégal, et sa détention peut même entraîner des accusations d’espionnage iranintl.com time.com. Dans un cas, les forces de sécurité iraniennes ont confisqué 22 antennes Starlink en novembre 2023, affirmant qu’il s’agissait de dispositifs fournis par la CIA pour les dissidents iranintl.com. Malgré ces dangers, la demande a explosé chez les Iraniens férus de technologie et les militants. Les prix sur le marché noir sont très élevés : les kits Starlink revendus coûtent entre 700 et 2 000 dollars (contre environ 250 dollars au prix de détail aux États-Unis), et l’abonnement mensuel de 70 à 110 dollars doit être payé via des astuces complexes en raison des sanctions irantimes.com iranintl.com. Ces coûts limitent l’accès à Starlink à une minorité privilégiée – une réalité même reconnue par Musk. Selon les standards iraniens, c’est un luxe : « (Le salaire mensuel moyen en Iran est d’environ 250 dollars), » a noté Forbes, soulignant qu’un abonnement Starlink équivaut au revenu mensuel intégral de nombreux Iraniens irantimes.com.
Alors Musk a-t-il réellement “contourné” le black-out avec 20 000 terminaux ? En essence, oui – mais indirectement. Le rôle de Musk a été d’activer le signal Starlink au-dessus de l’Iran (quelque chose qu’il peut réaliser seul via un logiciel), rendant le service disponible. Les terminaux physiques étaient déjà sur place, cachés dans des maisons et des planques par des Iraniens ingénieux. Dès que Starlink a été activé, ces appareils – peu importe leur nombre exact, probablement des dizaines de milliers – se sont immédiatement mis en marche, reconnectant leurs utilisateurs au monde extérieur. Un analyste de l’industrie a déclaré au Economic Times qu’« on estime à 20 000 le nombre de terminaux Starlink opérant en Iran via les circuits du marché noir », ce qui explique précisément pourquoi l’activation par Musk était capitale economictimes.indiatimes.com. Sans ce réseau latent de paraboles, les « faisceaux » Starlink n’auraient eu aucun récepteur. Musk a essentiellement débloqué un internet souterrain qui n’attendait qu’à être utilisé. Cela rejoint le portrait de l’article viral : Starlink a commencé à diffuser un internet non censuré à environ 20 000 terminaux clandestins au milieu du black-out journee-mondiale.com journee-mondiale.com. Les chiffres ne sont peut-être pas précis à l’unité près, mais plusieurs sources fiables confirment l’échelle et l’impact.
Il est important de noter que 20 000 terminaux représentent encore une infime fraction de la population iranienne (moins de 0,03 % sur ~85 millions d’habitants). Le black-out n’a pas été complètement inefficace pour tous – la très grande majorité des Iraniens sont restés hors ligne, avec seulement les médias contrôlés par l’État accessibles. Cependant, ces milliers de personnes équipées de Starlink sont soudainement devenues une véritable bouée d’information. Ils pouvaient accéder aux nouvelles non censurées, communiquer via les réseaux sociaux et les applications chiffrées, et potentiellement partager des informations depuis l’intérieur du pays. Dans un régime qui a longtemps tenté de maintenir un « rideau de fer numérique », c’était sans précédent. Les responsables iraniens ont reconnu que l’arrivée de Starlink créait de nouveaux casse-têtes. Le ministre iranien des télécommunications avait précédemment prévenu que le service non censuré de Starlink « représente une nouvelle génération d’accès Internet que le gouvernement ne peut pas censurer » irantimes.com. En effet, les satellites en orbite basse (LEO) de Starlink contournent les points d’étranglement (FAI nationaux et nœuds de télécoms) que les autorités contrôlent habituellement journee-mondiale.com journee-mondiale.com. Comme l’indique l’article viral, « la censure traditionnelle d’Internet repose sur le contrôle des infrastructures physiques… Les satellites de Starlink rendent ces points de contrôle obsolètes. » journee-mondiale.com Les censeurs iraniens ont découvert qu’ils « ne pouvaient pas simplement ‘éteindre’ les signaux satellites extérieurs » sans équipements sophistiqués de brouillage ou de blocage journee-mondiale.com.
Chronologie de l’implication de Starlink en Iran
Pour mieux vérifier cette affirmation, il est utile de comprendre comment on est arrivé à l’étape clé de juin 2025. Voici une chronologie des événements majeurs, appuyée par des sources crédibles, retraçant le parcours de Starlink en Iran, du concept à la réalité :
Date | Événement & Jalons |
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Nov. 2019 | L’Iran impose un presque black-out total d’Internet lors de manifestations nationales. Des millions de personnes sont coupées durant environ une semaine. (Pas encore de Starlink disponible.) Ce scénario préfigure les tactiques futures. |
Sept. 2022 | Alors que des manifestations massives éclatent après la mort de Mahsa Amini, le Trésor américain met à jour les sanctions pour soutenir la liberté d’Internet en Iran reuters.com reuters.com. Elon Musk tweete « Starlink est maintenant activé en Iran », répondant à l’appel de responsables américains (comme le Secrétaire Blinken) pour aider les Iraniens à rester connectés reuters.com. Musk confirme que SpaceX demandera les autorisations nécessaires si besoin reuters.com. |
Oct.–Déc. 2022 | Les signaux Starlink deviennent accessibles en Iran. Les terminaux de contrebande commencent à arriver. Musk annonce, fin décembre, qu’ils « approchent les 100 Starlink actifs en Iran » reuters.com reuters.com. Le syndicat des télécoms de Téhéran affirme qu’en janvier 2023, environ 800 appareils ont été introduits en contrebande iranintl.com. |
2023 | Développement souterrain : Des militants iraniens et des groupes de la diaspora s’organisent pour expédier des kits Starlink malgré les risques time.com time.com. Le gouvernement iranien dépose une plainte ITU (oct. 2023) pour déclarer Starlink illégal sans autorisation iranintl.com. Les forces de sécurité saisissent des unités Starlink et arrêtent les utilisateurs lorsqu’ils les localisent iranintl.com. Néanmoins, l’usage se répand discrètement. |
Nov. 2024 | Dans un rebondissement diplomatique, Elon Musk rencontre l’ambassadeur d’Iran à l’ONU à New York (signalé par le New York Times). Ils discutent de moyens pour « apaiser les tensions entre l’Iran et les États-Unis » reuters.com. Cette rencontre en coulisse – qui intervient alors que Donald Trump, président élu, nomme Musk comme conseiller – suggère l’implication de Musk dans des discussions géopolitiques au-delà de la technologie. (Le ministère iranien des Affaires étrangères a officiellement nié que la rencontre ait eu lieu dw.com.) |
Déc. 2024 | Forbes rapporte environ 20 000 utilisateurs Starlink en Iran, grâce à un « marché noir florissant » et à des réseaux de contrebande militants irantimes.com. L’aval des États-Unis quelques mois plus tôt (licence générale D-2) a permis d’exempter les équipements Internet satellitaires des sanctions reuters.com. Starlink de Musk est désormais un outil connu de la société civile iranienne, bien que toujours inaccessible financièrement pour la plupart (prix revente env. 1000 $) irantimes.com. |
Janv. 2025 | Un responsable IT iranien affirme que plus de 100 000 personnes utilisent Starlink ou d’autres satellites Internet, preuve d’une croissance rapide iranintl.com iranintl.com. (Il est probable qu’un terminal serve plusieurs utilisateurs.) Il prévient que cela « draine des millions de dollars de devises étrangères » et sape l’économie sous contrôle iranien d’Internet iranintl.com. Parallèlement, l’Iran fait pression auprès de l’ITU pour obliger Starlink à couper le service ou désactiver les terminaux non autorisés. En avril 2025, l’ITU tranche partiellement en faveur de l’Iran, affirmant que Starlink doit respecter la « souveraineté territoriale » de l’Iran et devrait identifier & désactiver les terminaux illicites en Iran wanaen.com wanaen.com. (Les États-Unis ont rejeté l’idée de contrôler chaque appareil, estimant que la surveillance des frontières ne relève pas de l’ITU wanaen.com.) |
14 juin 2025 | Le conflit Israël-Iran éclate. Israël lance de grandes frappes sur des installations nucléaires iraniennes, tuant des responsables militaires ; l’Iran riposte par des missiles sur des villes israéliennes jpost.com ndtv.com. Craignant des troubles, Téhéran ordonne un black-out Internet national – la connectivité tombe pratiquement à zéro jfeed.com. Elon Musk active Starlink au-dessus de l’Iran et tweete « Les faisceaux sont allumés. » Des milliers d’antennes Starlink cachées chez les particuliers se connectent immédiatement, « diffusant un Internet non censuré » au-delà du black-out imposé par le régime ndtv.com economictimes.indiatimes.com. C’est la première fois dans l’histoire qu’un réseau satellite privé contrevient en temps réel à un black-out d’Internet d’État. |
15–18 juin 2025 | Les réactions mondiales affluent. Les militants iraniens saluent le rétablissement de la connectivité mais demandent à Musk de supprimer les lourds frais mensuels de plus de 100 $ afin d’en faire profiter plus de monde uniladtech.com uniladtech.com. Une pétition intitulée « Elon Musk : Tenez parole envers le peuple iranien » recueille un soutien, rappelant que de nombreux Iraniens ne peuvent pas s’offrir Starlink ou n’ont pas de carte bancaire en raison des sanctions uniladtech.com uniladtech.com. Le régime iranien s’insurge contre ce qu’il qualifie d’intervention informationnelle soutenue par les États-Unis, et devrait intensifier la traque et la confiscation des paraboles. Les commentateurs internationaux débattent alors du précédent créé par un PDG technologique défiant de fait la coupure d’un gouvernement souverain. |
Tableau : Événements clés de l’implication de Starlink dans l’accès Internet en Iran, 2019–2025, avec éléments justificatifs.
Réactions du gouvernement et des experts
Les grands médias et les responsables ont corroboré les faits principaux de l’histoire de Starlink en Iran. Par exemple, Reuters et la BBC ont rapporté l’activation de Starlink par Musk en 2022 puis en 2025. Fin 2022, Reuters a noté l’engagement de Musk à fournir Starlink dans le cadre d’une initiative soutenue par les États-Unis pour soutenir « la liberté d’internet et la libre circulation de l’information » en Iran lors des manifestations Mahsa Amini reuters.com. En décembre 2022, Musk confirmait publiquement que près de 100 terminaux étaient actifs en Iran reuters.com. Avançons jusqu’en juin 2025, et plusieurs médias – du Jerusalem Post à NDTV et les partenaires de Reuters – ont rapporté que Musk avait activé Starlink en réponse à la coupure iranienne ndtv.com jpost.com. Les médias affiliés à l’État iranien ont aussi reconnu la manœuvre de façon indirecte ; l’agence ISNA a relayé le message du ministère des communications expliquant les restrictions imposées et promettant de les lever lorsque l’ordre serait rétabli ndtv.com, reconnaissant implicitement que la raison était de museler l’information durant le conflit.
Les analystes technologiques et les organisations de défense des droits humains se sont exprimés sur l’importance de la présence de Starlink en Iran. Freedom House, dans son rapport 2024 Freedom on the Net, classe l’Iran parmi les environnements internet les plus restrictifs au monde (troisième pire à l’échelle mondiale) et épingle la tendance du régime à « criminaliser la dissidence en ligne » iranintl.com. L’apparition de l’internet par satellite est vue comme un antidote potentiel à cette répression. « La croissance de Starlink en Iran est importante car elle représente une nouvelle génération d’accès à Internet que le gouvernement ne peut pas censurer, » explique Cyrus Farivar, journaliste senior chez Forbes, soulignant son potentiel transformateur si les coûts diminuent irantimes.com. Des activistes en Iran partagent ce même espoir – Starlink, disent-ils, est comme de l’« oxygène » pour ceux qui suffoquent sous les coupures d’information time.com time.com. Pendant les manifestations de 2022, la messagerie chiffrée ou les VPN étaient souvent bloqués ou fortement ralentis ; Starlink propose un accès sans filtre que l’État ne peut pas facilement contrôler.
Néanmoins, des observateurs invitent à la prudence. Détenir un terminal Starlink en Iran peut s’avérer dangereux. Comme l’explique un activiste, « Posséder des dispositifs de communication non autorisés peut tout simplement faire de vous un espion [aux yeux du régime] » time.com. Les Gardiens de la révolution iranienne et les forces de sécurité surveillent activement la présence du matériel Starlink aux points de contrôle, notamment dans les provinces frontalières time.com. Les peines encourues sont draconiennes : les personnes prises peuvent être accusées de collaboration avec des services étrangers. Le site IranWire (journalisme des droits humains) rapporte que la simple possession d’un téléphone satellite ou d’un routeur VPN a déjà conduit des gens en prison ; une antenne Starlink, très visible, représente sans doute une « preuve » suffisante pour de graves accusations. L’avertissement viral selon lequel les utilisateurs risquent une surveillance accrue et même des conséquences potentiellement mortelles est tristement fondé journee-mondiale.com journee-mondiale.com. Des activistes ont confié au magazine TIME que pour toute personne prise avec un terminal Starlink, « c’est tout simplement une question de vie ou de mort… si vous vous faites prendre, il n’y a pas de juste milieu » time.com time.com. Cela montre que Starlink, tout en libérant de la censure numérique, fait également des utilisateurs des cibles physiques pour un régime paranoïaque.
Sur la scène internationale, les responsables iraniens se montrent furieux de l’intrusion de Starlink. Téhéran a déposé des plaintes officielles auprès de l’Union internationale des télécommunications de l’ONU, accusant SpaceX de violer la souveraineté iranienne en fournissant ses services sans licence iranintl.com. En avril 2025, l’UIT a d’ailleurs partiellement donné raison à l’Iran, en décidant que Starlink « ne doit pas fournir ses services sur le territoire iranien sans autorisation » et qu’il devrait même aider à identifier les terminaux non autorisés wanaen.com wanaen.com. (Mais l’application de cette mesure reste difficile – SpaceX et les autorités américaines ont fait valoir que traquer des terminaux de contrebande « dépasse le mandat » de tout régulateur télécom wanaen.com.) La frustration iranienne est évidente : perdre le contrôle sur l’information suscite la crainte d’une « rébellion numérique » impossible à réprimer. Le gouvernement iranien a aussi tenté des méthodes plus radicales : des rapports indiquent qu’il a expérimenté le brouillage des signaux Starlink ou des coordonnées GPS. Pendant les périodes de troubles, le régime brouille couramment la télévision satellite ; des techniques similaires pourraient être utilisées contre Starlink, même si brouiller la fréquence de dizaines de satellites en orbite basse est un vrai défi technique journee-mondiale.com iranintl.com. Néanmoins, certains utilisateurs de Starlink en Iran ont signalé des coupures occasionnelles, sans doute dues à des interférences locales (ex : brouilleurs radio puissants) – c’est un jeu du chat et de la souris entre citoyens technophiles et censeurs étatiques.
Les activistes et ONG défenseurs de la liberté d’internet ont unanimement salué le potentiel de Starlink en Iran – tout en réclamant une plus grande accessibilité. Un obstacle majeur reste le coût. Mi-juin 2025, alors que la nouvelle de l’activation de Starlink se répandait, une coalition d’activistes a lancé une pétition sur la plateforme Ekō exhortant Musk à supprimer les frais mensuels de Starlink pour les Iraniens uniladtech.com. Ils soutiennent qu’il est injuste d’affirmer que les Iraniens sont connectés si seuls les plus riches peuvent rester en ligne. « Même ceux qui pourraient se permettre de payer 110 $ n’ont pas accès à une carte bancaire pour régler l’abonnement, » indique la pétition, en référence aux sanctions américaines bloquant le système bancaire iranien uniladtech.com uniladtech.com. Les activistes rappellent qu’en Ukraine en guerre, SpaceX a supprimé les frais et a fourni de nombreux terminaux gratuitement (avec l’aide de financements US et européens) uniladtech.com time.com. Ils l’encouragent à agir de même pour la population iranienne en souffrance : « Elon veut s’attribuer le mérite de connecter le peuple iranien mais privilégie l’image à l’action… Le minimum serait de lever les frais d’abonnement en Iran. » uniladtech.com uniladtech.com. À ce jour, Musk n’a pas pris publiquement cet engagement, et Starlink reste en Iran à la fois techniquement illicite et trop cher pour la majorité des Iraniens. Mais cette pression publique met en lumière un point crucial – l’internet par satellite n’a de vertu démocratisante que s’il est vraiment accessible à tous, et non réservé à ceux pouvant dépenser des centaines de dollars sur le marché noir.
Les précédents de Starlink : de l’Ukraine à l’Iran
Le réseau Starlink d’Elon Musk a déjà été sous les projecteurs de la géopolitique. La guerre en Ukraine a été le premier exemple majeur de Starlink servant d’infrastructure essentielle en zone de conflit, et elle a établi des précédents importants qui se répercutent sur le cas iranien. Deux jours seulement après l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie (février 2022), alors que les Russes sabotaient les réseaux de communication ukrainiens, Musk a répondu à l’appel du ministre ukrainien du numérique en permettant l’accès à Starlink sur place reuters.com. En quelques semaines, des milliers de terminaux Starlink arrivèrent en Ukraine – certains donnés par SpaceX, beaucoup financés par des gouvernements occidentaux et des donateurs privés. Dès mars 2022, des antennes Starlink étaient visibles sur les toits des villes ukrainiennes bombardées et à côté des tranchées militaires, maintenant l’Ukraine en ligne là où les fibres étaient coupées time.com. Finalement, des dizaines de milliers d’unités ont été déployées. À noter, la Pologne à elle seule a livré 20 000 kits Starlink à l’Ukraine depuis le début de la guerre et a payé leur maintenance pour soutenir la connectivité ukrainienne reuters.com. Cela souligne comment, en période de conflit ouvert, des gouvernements alliés sont intervenus aux côtés de Musk pour financer et distribuer la technologie.
L’impact de Starlink en Ukraine a été profond : il « a effectivement remplacé l’internet qui avait été mis hors service lors de l’invasion russe », comme l’a souligné le magazine TIME time.com. Les unités en première ligne l’utilisaient pour des communications sécurisées et des opérations de drones ; les civils pour contacter leurs proches et transmettre des images de guerre au reste du monde. Cependant, cela n’a pas été sans controverse. Parce que Starlink est une entreprise privée contrôlée par Musk, des questions se sont posées sur la fiabilité et le contrôle. En octobre 2022, Musk a fait remarquer que SpaceX « ne peut pas financer indéfiniment Starlink en Ukraine » et a demandé au gouvernement américain de prendre le relais, suscitant un débat sur l’influence d’un milliardaire sur la connectivité d’une nation reuters.com. (Peu après, il est revenu sur sa décision et a annoncé que Starlink continuerait d’opérer en Ukraine « gratuitement », au moins temporairement, et le Pentagone est finalement intervenu pour couvrir certains coûts.) En 2023, des informations ont révélé que Musk avait refusé certaines demandes ukrainiennes d’étendre la couverture Starlink pour des opérations offensives (par exemple autour de la Crimée), illustrant le pouvoir unilatéral qu’il détient pour décider où le réseau peut être actif. Ces épisodes ont mis en lumière un dilemme : Starlink peut être un sauveteur en zone de conflit, mais il représente aussi un point de défaillance unique si son propriétaire décide de restreindre le service ou en cas de différend politique.
Quel est le rapport avec l’Iran ? Le cas iranien montre également les possibilités et les écueils d’un internet mondial privatisé. D’un côté, Starlink a offert une solution que les filières diplomatiques ou humanitaires traditionnelles n’auraient pu fournir. Aucun gouvernement ni ONG n’aurait pu contourner le black-out iranien aussi rapidement que SpaceX – il a littéralement suffi d’un tweet de Musk et de quelques frappes clavier pour permettre à ces 20 000 terminaux de se connecter. Cette rapidité et cette agilité sont sans précédent : « les décisions du secteur privé en quelques heures » ont dépassé les temps de réaction gouvernementaux, comptés en jours journee-mondiale.com journee-mondiale.com. C’est un exemple frappant où la technologie tient lieu de politique étrangère de fait. Mais cela signifie aussi qu’un immense pouvoir se concentre entre les mains de Musk. Aujourd’hui, Elon Musk est effectivement un gardien de l’accès à internet dans deux nations déchirées par la guerre (Ukraine et maintenant Iran) – un acteur non élu, sans comptes à rendre, dont les humeurs ou intérêts commerciaux pourraient dicter la connectivité de millions. Cela soulève des questions inconfortables : que se passe-t-il si Musk est en désaccord avec les objectifs d’un groupe ? Qu’en est-il si des pressions géopolitiques ou des menaces judiciaires forcent SpaceX à désactiver le service ? Ces interrogations ne sont pas théoriques ; elles ont surgi en Ukraine, et préoccupent certainement aussi les Iraniens.
Il est à noter que les régimes autoritaires réagissent au déploiement de Starlink en le considérant comme une nouvelle menace. La Russie a ouvertement averti que les satellites commerciaux occidentaux utilisés en temps de guerre (comme Starlink) pourraient devenir « des cibles légitimes pour une frappe de représailles ».reuters.com En octobre 2022, un haut responsable russe a déclaré à l’ONU que « les infrastructures quasi-civiles pourraient constituer une cible légitime » si elles servent l’Ukraine reuters.com reuters.com. Cela faisait clairement référence à Starlink, et la Russie a effectivement tenté de brouiller les signaux Starlink sur le champ de bataille (SpaceX a annoncé avoir dû rapidement mettre à jour ses logiciels pour contrer la guerre électronique russe) reuters.com reuters.com. De même, les militaires ou les services de renseignement iraniens pourraient considérer les terminaux Starlink comme des outils d’espionnage ou de communications militaires – traitant alors toute personne possédant une antenne comme un ennemi combattant. C’est un paradigme dangereux. Cela pourrait conduire les entreprises technologiques ou leurs actifs à devenir des cibles en période de conflit, brouillant la distinction entre civil et combattant. Les satellites de SpaceX eux-mêmes pourraient être pris pour cible (même si abattre des satellites reste une mesure extrême et escalatoire – Musk plaisantait en 2022 : « s’ils essaient de les détruire, ce n’est pas facile » vu la constellation de milliers de petits satellites Starlink).
En plus de l’Ukraine, il y a eu des utilisations plus modestes de Starlink lors de catastrophes ou de pannes qui en renforcent la valeur. Par exemple, lorsque la guerre au Soudan en 2023 a paralysé les télécommunications pendant des semaines, certains civils soudanais ont réussi à se procurer des équipements Starlink pour se reconnecter reuters.com. Lors de l’éruption volcanique à Tonga en 2022, Starlink avait été acheminé pour rétablir l’internet. Ces exemples prouvent encore que l’internet par satellite peut assurer la connectivité quand les infrastructures conventionnelles sont détruites ou coupées délibérément. Le cas iranien est unique car la coupure d’internet était volontaire (outil de répression politique), et un acteur privé a effectivement contourné cette mesure de l’État. Un précédent puissant est ainsi établi : la prochaine fois qu’un gouvernement autoritaire impose un black-out internet – en Syrie, au Myanmar, ou ailleurs – des appels pourraient être lancés pour que Starlink ou des systèmes similaires interviennent.
La censure d’internet en Iran et l’impact de Starlink
Le régime iranien exerce depuis longtemps un contrôle sévère sur le cyberespace. La censure d’internet en Iran inclut le blocage de milliers de sites web (des réseaux sociaux comme Twitter, Facebook, Instagram à de nombreux sites d’actualités), le ralentissement des débits et la surveillance des activités en ligne. Lors de périodes sensibles, le gouvernement n’hésite pas à imposer des coupures quasi-totales. Rien qu’en 2022, l’organisation de défense des droits Access Now a « documenté 18 coupures d’internet en Iran – presque toutes durant des manifestations nationales » whyy.org. Cela va des coupures régionales (par ex. la coupure de la 4G dans les provinces agitées) aux couvre-feux nationaux sur l’accès Internet lors du pic des manifestations. Le régime a aussi investi dans un Réseau national d’information censé maintenir les services critiques (banque, sites gouvernementaux) sur un intranet domestique tout en coupant l’accès mondial – une architecture de « kill-switch » pour isoler l’Iran numérique.
Dans ce contexte, l’arrivée de Starlink en Iran est un potentiel bouleversement dans le jeu du chat et de la souris de la censure. Historiquement, les Iraniens utilisaient VPN, proxies et logiciels de contournement pour accéder à des applis bloquées comme Telegram ou WhatsApp whyy.org. Mais ces outils passent toujours par l’infrastructure locale, que l’État peut ralentir ou couper complètement. Starlink, à l’inverse, permet une connectivité provenant de l’extérieur des frontières de l’Iran, contournant les points de passage contrôlés par le pouvoir. Tant que l’antenne est tournée vers le ciel et que le service est activé, le gouvernement ne peut filtrer les sites consultés – l’accès est non censuré. Cela rend « futile » la célèbre “filternet” iranienne pour ces usagers. Cela mine aussi le “mur numérique” censé restreindre la circulation de l’information. Les nouvelles d’exactions ou de corruption peuvent désormais émerger même lors de coupures, via la diffusion par des abonnés Starlink de vidéos et témoignages. Par exemple, lors de la répression de novembre 2019, l’Iran avait plongé dans le noir numérique – et des centaines de morts restèrent méconnus. À l’avenir, une large diffusion de Starlink rendrait ce genre de black-out bien plus difficile à imposer, augmentant la transparence et la responsabilité.
Cela dit, le régime va s’adapter. Nous avons déjà évoqué les risques de représailles physiques et de sanctions juridiques pour les utilisateurs de Starlink. Il est également possible que l’Iran intensifie les contre-mesures techniques, comme un brouillage radio plus agressif. (L’Iran a de l’expérience dans le brouillage des émissions de télévision par satellite, même si les signaux à spectre étalé de Starlink et la redondance du réseau en font une cible plus difficile.) Il existe également la crainte de la triangulation de signaux : les forces de sécurité pourraient tenter de localiser les terminaux Starlink actifs grâce à la radiogoniométrie, puis effectuer des descentes à ces emplacements. En zone de guerre, comme en Ukraine, les forces russes auraient tenté de localiser les signaux de liaison montante Starlink pour bombarder ces positions time.com. Les manifestants en Iran craignent des tactiques similaires — une antenne Starlink pourrait théoriquement servir de balise si le régime déployait du matériel avancé pour les détecter. SpaceX n’a que très peu communiqué sur ses mesures anti-brouillage, mais Musk a déclaré qu’ils avaient dû innover face au brouillage russe en Ukraine. Les utilisateurs iraniens prennent eux aussi des précautions : certains cachent l’antenne distinctive Starlink (par exemple, en la peignant ou en la dissimulant parmi des paraboles TV pour éviter la détection) reddit.com.
Un autre développement intrigant concerne les services à venir de satellite vers smartphone. SpaceX a annoncé le lancement du service Starlink Direct-to-Cell d’ici 2024–25, en partenariat avec des opérateurs mobiles, afin de connecter des téléphones ordinaires directement aux satellites pour l’envoi de messages (et, à terme, appels et données) meforum.org. Si cette technologie arrive à maturité, elle pourrait complètement renverser le contrôle d’Internet – car alors chaque smartphone pourrait potentiellement contourner les réseaux locaux, sans même avoir besoin d’une antenne Starlink. Imaginez un Iran (ou une Chine, ou la Corée du Nord) où les téléphones pourraient se connecter à un réseau satellitaire échappant au contrôle gouvernemental. Les régimes autoritaires feraient face à un véritable cauchemar, leur capacité à surveiller et filtrer les communications s’effondrant brutalement. Bien sûr, ils pourraient riposter en interdisant ou en brouillant certains modèles de téléphones, ou en blindant massivement le pays contre les signaux satellites (ce qui représente un immense défi technique et physique). Cette course à l’armement va probablement s’intensifier. Selon certains rapports, les dirigeants iraniens envisagent déjà de créer des “zones de liberté numérique” – des zones contrôlées où Internet serait ouvert mais surveillé, pour inciter la population à délaisser les connexions satellites illégales. C’est un signe clair qu’ils savent que le statu quo du contrôle est menacé.
L’avenir : satellites, souveraineté et liberté d’Internet
L’affaire Starlink en Iran est un moment charnière qui soulève d’importantes questions sur le futur de la liberté numérique et de la souveraineté des États. Pour les citoyens vivant sous des régimes oppressifs, c’est une perspective de libération : un accès Internet impossible à censurer que les gouvernements ne peuvent couper aisément. Pour ces mêmes régimes, c’est un avertissement : la technologie dépasse la censure traditionnelle et les coupures d’Internet. Comme l’a finement noté l’article de journee-mondiale, “tout gouvernement autoritaire sait désormais que les blackouts d’information risquent d’être contournés par le secteur privé”, les poussant à repenser leurs stratégies journee-mondiale.com journee-mondiale.com. On peut s’attendre à ce que les États autoritaires redoublent d’efforts (légaux, techniques ou coercitifs) pour empêcher l’Internet par satellite de saper leur contrôle.
À l’inverse, les gouvernements démocratiques et les organisations internationales pourraient voir l’Internet satellitaire comme un nouvel outil d’influence ou d’aide humanitaire. Les États-Unis ont clairement soutenu l’utilisation de Starlink en Iran : en 2022, le Trésor américain a d’ailleurs explicitement adapté ses sanctions afin d’“accroître le soutien à la liberté d’Internet en Iran”, créant des exemptions permettant l’envoi d’équipements et de services Starlink aux Iraniens reuters.com. Les responsables américains ont présenté cela comme un geste en faveur du peuple iranien face à la répression informationnelle de son gouvernement. À l’avenir, fournir un accès Internet par satellite pourrait devenir une réaction standard de la communauté internationale lorsqu’une autocratie tente d’interrompre toute communication — une sorte de “pont aérien numérique” de connectivité.
Mais cela touche aussi à une zone grise. Quand l’accès à Internet devient-il un acte d’ingérence étrangère ? L’Iran le perçoit clairement ainsi — accusant en substance Musk (et donc le gouvernement américain) de saper sa souveraineté. Nous entrons dans une zone inexplorée où une entreprise privée peut, en un instant, projeter son influence à l’intérieur d’un autre pays en temps réel, sans armée ni tracts. Certains qualifient cela de “diplomatie numérique”, voire de nouvelle forme de guerre de l’information. Selon journee-mondiale, “la technologie devient la diplomatie” et des acteurs privés exercent “une influence de niveau étatique sans contraintes diplomatiques traditionnelles.” journee-mondiale.com journee-mondiale.com Effectivement, l’intervention de Musk en Iran a brouillé la ligne entre service commercial et acte de politique étrangère.
Ce précédent pourrait inciter d’autres acteurs technologiques (ou leurs PDG) à jouer un rôle plus activiste — ou au contraire, les refroidir à cause du risque de représailles. Le cas Starlink est unique car Musk jouit d’un profil élevé ; toutes les entreprises n’oseront pas affronter un gouvernement hostile. De plus, les motivations de Musk sont multiples — il cultive une image libertarienne, pro-liberté d’expression, mais a aussi des intérêts commerciaux dans le monde entier (Tesla, par exemple, opère dans des marchés comme la Chine où la liberté numérique est sensible). Jusqu’où Starlink défendra de façon constante un Internet ouvert reste en suspens.
Il faut également considérer l’aspect “militarisation” : si l’appui aux dissidents via des satellites privés devient courant ou prend parti dans un conflit, les gouvernements adverses pourraient cibler ces ressources. La menace proférée par la Russie envers les satellites commerciaux en est un exemple reuters.com. On craint aussi que des entreprises comme SpaceX ne deviennent elles-mêmes des cibles de cyberattaques ou de sanctions étatiques. Dans le cas iranien, l’Iran ne peut pas frapper les satellites facilement, mais cela pourrait se traduire par des pressions sur SpaceX sous d’autres formes — en arrêtant par exemple du personnel de SpaceX ou Tesla en déplacement, ou bien par des attaques informatiques ciblant l’infrastructure Starlink. L’Iran pourrait aussi réclamer des réglementations internationales sur le sujet. Les débats au sein de l’UIT montrent déjà que le contrôle des “cieux du cyberespace” devient un nouvel enjeu diplomatique.
Pour les défenseurs de la liberté numérique, l’épisode Iran-Starlink est essentiellement un succès — il a permis à l’information de circuler et redonné espoir à la population. En 2022, Hadi Ghaemi du Centre pour les droits humains en Iran affirmait que Starlink “changerait la donne pour la société civile… L’intranet de la République islamique deviendrait caduc.” (citation via CNN). Durant les manifestations de 2022, des images de femmes brûlant le hijab auraient probablement été invisibles au monde sans les rares connexions Starlink transmettant les vidéos hors du pays malgré l’arrêt du mobile. En 2025, également, les informations sur le déroulement des affrontements Israël-Iran ont probablement transité via des utilisateurs Starlink. Dans ce sens, Starlink a effectivement porté un coup réel à la censure.
Mais ce n’est pas une panacée. La liberté numérique reste d’abord une question de personnes, pas seulement de technologie. Les régimes autoritaires peuvent garder le contrôle par la force brute — fermeture des antennes relais, arrestations d’utilisateurs de Starlink, torture pour obtenir des mots de passe. En Iran, la résistance numérique doit absolument s’accompagner de stratégies de sécurité physique. Le manuel du régime va évoluer : plutôt que d’imposer de longues coupures nationales favorisant les interventions de type Starlink, il pourrait recourir à des pannes sélectives, limitées à certaines régions, ou ralentir sévèrement Internet (juste assez pour décourager les utilisateurs, sans alerter la communauté internationale). Il pourrait investir dans des satellites domestiques ou d’autres alternatives (la Russie et la Chine travaillent aktivement sur leurs propres constellations, évidemment étatiques).
À l’horizon des projections futures, on peut imaginer un monde d’ici 5 à 10 ans où l’Internet satellitaire sera omniprésent – proposé non seulement par Starlink mais aussi par Kuiper d’Amazon, des constellations européennes, les satellites chinois GNSS, etc. Avec plusieurs fournisseurs, il deviendrait encore plus difficile pour les régimes d’en bloquer toutes les sources. Il pourrait aussi émerger des normes internationales : peut-être des traités ou directives de l’ONU sur l’accès numérique en temps de crise, afin d’éviter que cela soit perçu comme un acte d’agression. Déjà, l’usage de Starlink en Ukraine stimule au Pentagone des discussions autour de contrats d’accès garanti, pour ne pas dépendre du bon vouloir d’un seul dirigeant d’entreprise.
En conclusion, l’affirmation selon laquelle “Elon Musk a contourné le black-out total de l’Internet iranien grâce à 20 000 terminaux Starlink cachés” résiste à l’analyse. Des preuves crédibles confirment qu’en juin 2025, Musk a activé Starlink en Iran, et qu’environ 20 000 terminaux clandestins — infiltrés au cours des deux années précédentes — ont permis à des milliers d’Iraniens de retrouver un accès à Internet non censuré ndtv.com economictimes.indiatimes.com. Les médias internationaux et régionaux, de Reuters aux organes locaux, ont documenté ces faits, appuyés par les déclarations de responsables et d’experts. Ce tournant marque une étape dans la bataille entre connectivité et censure. Comme l’a ironiquement fait remarquer un commentateur israélien, Starlink s’est transformé en “machine de libération” contre la tyrannie numérique iranintl.com. Reste à savoir s’il s’agira d’un épisode isolé ou de l’aube d’une ère où les réseaux satellites percent systématiquement les rideaux de fer numériques. Une certitude toutefois : l’équilibre des pouvoirs entre régimes autoritaires et libre circulation de l’information a basculé, même légèrement, grâce à Starlink et consorts. Et pour des millions de personnes en quête d’un accès libre au web, ces quelques degrés d’écart — portés par des milliers de petits satellites — sont un vrai symbole d’espoir.
Sources
- Reuters – « Elon Musk dit qu’environ 100 Starlinks sont désormais actifs en Iran » (27 déc. 2022) reuters.com reuters.com
- Reuters – « Musk dit qu’il activera Starlink lors des manifestations en Iran » (23 sept. 2022) reuters.com reuters.com
- Reuters – « Elon Musk a rencontré l’ambassadeur iranien auprès de l’ONU, rapporte le NYT » (14 nov. 2024) reuters.com
- Reuters – « Le Trésor américain autorise l’exportation de certains équipements Internet par satellite vers l’Iran » (20 sept. 2022) reuters.com
- Iran International – « 100 000 Iraniens utilisent Starlink pour braver les restrictions d’internet » (6 janv. 2025) iranintl.com iranintl.com
- Iran International – « Starlink rend-il le filtrage Internet iranien inutile ? » (10 sept. 2024) iranintl.com iranintl.com
- Forbes – « À l’intérieur du marché noir florissant des terminaux Starlink en Iran » (18 déc. 2024) irantimes.com irantimes.com
- Economic Times (India) – « Starlink d’Elon Musk activé en Iran au milieu de tensions » (15 juin 2025) economictimes.indiatimes.com economictimes.indiatimes.com
- NDTV – « Starlink d’Elon Musk active le service Internet par satellite en Iran… » (15 juin 2025) ndtv.com ndtv.com
- Times of Israel – Liveblog : Musk dit qu’il a activé Starlink après la coupure d’internet en Iran (15 juin 2025) timesofisrael.com timesofisrael.com
- Iran International – « Musk affirme : ‘les faisceaux sont activés’… Internet Starlink actif au-dessus de l’Iran » (14 juin 2025) iranintl.com
- Unilad Tech – « Des militants exhortent Musk à supprimer les frais Starlink après son activation en Iran » (17 juin 2025) uniladtech.com uniladtech.com
- WANA News (Iran) – « L’UIT réaffirme les droits territoriaux de l’Iran sur Starlink » (9 avr. 2025) wanaen.com wanaen.com
- Reuters – « La Russie avertit l’Occident : nous pouvons cibler vos satellites commerciaux » (27 oct. 2022) reuters.com
- Reuters – « La Pologne paie l’abonnement Starlink de l’Ukraine… livraison de 20 000 unités » (22 fév. 2025) reuters.com reuters.com
- TIME – « Comment les militants amènent le Starlink d’Elon Musk aux manifestants iraniens » (janv. 2023) time.com time.com