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Wi-Fi, câbles et ciel : le panorama complet de l’accès à Internet au Bangladesh

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Wi-Fi, câbles et ciel : le panorama complet de l’accès à Internet au Bangladesh

Wi-Fi, Wires & the Sky: The Full Picture of Internet Access in Bangladesh

Le Bangladesh a connu une expansion rapide de l’accès à Internet au cours de la dernière décennie. En décembre 2023, le pays comptait environ 131 millions d’abonnements à Internet, soit une augmentation de 7 millions rien qu’au cours de cette année wicinternet.org. La grande majorité sont des utilisateurs d’Internet mobile (118,5 millions), tandis qu’environ 12,9 millions sont abonnés au haut débit fixe wicinternet.org. Cela signifie que la plupart des personnes accèdent à Internet via les réseaux mobiles, beaucoup moins à l’aide de connexions domestiques ou fixes. En termes de couverture de la population, on estime que 77–78 millions de personnes (soit environ 44–45 % de la population) utilisaient Internet au début de 2025 datareportal.com. Ce taux de pénétration reflète une croissance significative, mais laisse encore plus de la moitié des Bangladais hors ligne. Cette tendance à la croissance est positive – à titre de comparaison, le nombre d’utilisateurs d’Internet a doublé, passant de 54 millions en 2015 à plus de 108 millions en 2020 thefinancialexpress.com.bd – mais atteindre un accès universel reste un chantier en cours.

De façon générale, l’accès à Internet au Bangladesh se caractérise par une forte dépendance à la large bande mobile, des forfaits de données abordables, et une utilisation concentrée dans les zones urbaines. La possession et l’utilisation de téléphones mobiles ont explosé grâce à l’initiative gouvernementale « Digital Bangladesh » lancée en 2009. À l’époque, seuls environ 20 millions de Bangladais possédaient un téléphone mobile ; aujourd’hui, plus de 120 millions utilisent un téléphone mobile, ce qui stimule l’adoption d’Internet via les services de données mobiles netmission.asia. Les efforts du gouvernement en matière de numérisation et de développement des TIC ont permis la création de 5 275 centres numériques à travers le pays (guichets uniques), fournissant des services numériques à plus de 120 millions de reprises aux citoyens et enregistrant en ligne des dizaines de millions de naissances netmission.asia. Ces jalons illustrent le chemin parcouru pour connecter la population. Cependant, des défis subsistent, tels que la fracture urbaine-rurale et la qualité des services, comme nous allons l’analyser. Dans l’ensemble, le paysage numérique du Bangladesh est marqué par une croissance rapide et un fort potentiel, tempérés par des lacunes en matière d’infrastructure et d’accessibilité auxquelles les décideurs politiques et les acteurs de l’industrie s’efforcent désormais de remédier.

Infrastructure Internet : Réseaux mobiles, fibre optique et haut débit

L’infrastructure Internet du Bangladesh repose sur trois principaux piliers : des réseaux mobiles largement répandus, un réseau dorsal en fibre optique en développement, et un réseau haut débit (fixe) en évolution. Les réseaux mobiles constituent le principal mode d’accès à Internet pour la majorité des Bangladais, grâce à quatre grands opérateurs offrant une couverture nationale. Grameenphone, Robi Axiata, Banglalink et Teletalk totalisaient plus de 190 millions d’abonnements mobiles fin 2023 wicinternet.org – un chiffre supérieur à la population (en raison de nombreux utilisateurs disposant de plusieurs cartes SIM). Ces opérateurs ont construit d’importants réseaux 2G/3G/4G. Notamment, la 4G LTE couvre désormais la majorité de la population (la plupart des zones urbaines et semi-urbaines), et même la 3G est accessible dans des régions très isolées. Pratiquement tous les Bangladais sont couverts par un signal de réseau mobile, ce que reflètent les indices mondiaux où le Bangladesh se classe bien pour la couverture du réseau mobile ficci.org.bd. Cette large couverture a joué un rôle clé pour connecter les communautés rurales grâce au haut débit sans fil.

Tableau 1 : Principaux opérateurs de réseau mobile au Bangladesh (Abonnés en déc. 2023) wicinternet.org

Opérateur mobileAbonnés (millions)
Grameenphone (Telenor)82,20
Robi Axiata (inclut Airtel)58,67
Banglalink (Veon)43,48
Teletalk (étatique)6,46

Source : Données de la Bangladesh Telecommunication Regulatory Commission (BTRC) wicinternet.org. (Les abonnés incluent les cartes SIM actives ; de nombreux utilisateurs ont plusieurs abonnements.)

Parallèlement au réseau radio mobile, le Bangladesh a investi dans son réseau de transmission en fibre optique, qui constitue le socle aussi bien du transport mobile que du haut débit fixe. Depuis l’introduction des licences Nationwide Telecommunication Transmission Network (NTTN) en 2009, le pays a déployé un vaste réseau en fibre. Mi-2023, le Bangladesh comptait environ 153 400 km de câble à fibre optique installés (environ 80 600 km en aérien et 72 800 km en souterrain) ficci.org.bd. Ce réseau dorsal de fibre relie les 64 centres de district et de nombreux upazilas (sous-districts), permettant un transport de données à grande capacité à travers le pays. Cependant, la qualité du réseau reste un enjeu – plus de la moitié des câbles existants sont considérés comme sous-standard ou ne répondent pas aux critères « télécom », limitant la qualité des services de données 4G/5G dans certaines zones ficci.org.bd. Une grande partie de la fibre a été installée en aérien (suspendue à des poteaux), ce qui la rend vulnérable aux coupures, aux intempéries et à la forte latence, tandis que la fibre souterraine s’étend mais reste encore insuffisante. Le gouvernement reconnaît cette faiblesse ; des projets sont en cours pour moderniser et étendre les réseaux fibre. Par exemple, un projet national approuvé en 2022 prévoit d’installer 3 144 km de nouvelle fibre souterraine et de moderniser les équipements de transmission, avec l’objectif d’atteindre une capacité de 100 Gbps dans chaque upazila d’ici 2024 dhakatribune.com dhakatribune.com. Ces améliorations visent à renforcer le backhaul pour les futurs services 5G et fibre jusqu’au domicile, garantissant que le réseau dorsal puisse absorber la montée en charge du trafic.

À l’international, le Bangladesh est relié à l’internet mondial par plusieurs câbles sous-marins à fibre optique. Le premier câble sous-marin du pays (SEA-ME-WE 4) a été mis en service en 2005 et un second (SEA-ME-WE 5) en 2017 dhakatribune.com. Ensemble, ils fournissent une capacité de bande passante d’environ 2 600 Gbps (en 2020) pour le transit Internet international dhakatribune.com. L’utilisation de bande passante internationale du Bangladesh a fortement augmenté – de seulement 300 Gbps en 2016 à environ 1 600 Gbps en 2020 dhakatribune.com, et la croissance se poursuit avec l’essor de la 4G. Pour répondre à la demande future, un troisième câble sous-marin (SEA-ME-WE 6) est en cours d’installation et devrait être opérationnel en 2024. Ce nouveau câble ajoutera une capacité considérable de 7 200 Gbps (7,2 Tbps), renforçant la capacité totale du Bangladesh et assurant une redondance dhakatribune.com. Le câble SEA-ME-WE 6 reliera directement le Bangladesh à Singapour et à la France (entre autres points d’atterrissement), et contribuera à garantir aux utilisateurs un accès Internet mondial rapide et fiable dhakatribune.com. Outre ces câbles consortiaux, le secteur privé prend également des initiatives – par exemple, des entreprises régionales développent le premier câble sous-marin privé reliant le Bangladesh à Singapour consultancy.asia. Cette augmentation de bande passante internationale devrait se traduire par de meilleures vitesses et une meilleure stabilité pour les utilisateurs, ainsi que par la capacité pour le Bangladesh d’exporter de la bande passante vers les pays voisins (le Bangladesh fournit déjà une connexion Internet à certaines parties du nord-est de l’Inde, et prévoit de desservir également le Bhoutan et d’autres) dhakatribune.com.

L’accès haut débit fixe au Bangladesh est encore en développement comparé au mobile. Le réseau haut débit fixe se compose de milliers de fournisseurs d’accès à Internet (FAI), allant d’opérateurs nationaux à de petits fournisseurs locaux d’Internet par câble. Ces FAI fournissent généralement l’Internet aux foyers et aux entreprises via la fibre optique ou des lignes câblées (dans les zones urbaines) ou par des radios sans fil. L’entreprise publique Bangladesh Telecommunications Company Limited (BTCL) propose aussi l’ADSL/la fibre dans certaines zones, mais le marché est dominé par les FAI privés. Fin 2023, le Bangladesh comptait environ 12,9 millions d’abonnements haut débit fixe wicinternet.org, ce qui signifie qu’environ 7 % de la population dispose d’une connexion haut débit filaire ou sans fil à la maison. C’est un taux de pénétration relativement bas, ce qui reflète la concentration urbaine de l’accès haut débit – il est principalement accessible en ville ou dans de grandes agglomérations. Depuis quelques années, la fibre optique jusqu’au domicile (FTTH) s’est fortement développée à Dhaka et à Chittagong, où les FAI proposent des formules abordables (par exemple, des forfaits 20–50 Mbps pour environ 800–1 500 Taka, soit 8–15 dollars par mois). Le marché du haut débit est ainsi devenu très compétitif, entraînant une baisse des prix et une amélioration de la qualité. Fait notable, face à cette rapide expansion, les opérateurs mobiles eux-mêmes entrent à présent sur le secteur du haut débit fixe : en 2023–2024, les trois opérateurs privés (Grameenphone, Banglalink et Robi) ont lancé des offres Fixed Wireless Access (FWA) qui fournissent le Wi-Fi à domicile via les réseaux 4G/5G thedailystar.net thedailystar.net. Par exemple, le nouveau service “GPFi” de Grameenphone et l’offre routeur sans fil de Banglalink permettent aux clients d’obtenir une connexion Internet domestique illimitée sans aucun câble physique, utilisant essentiellement le réseau mobile pour acheminer le haut débit. Les autorités ont actualisé la réglementation pour permettre ces services thedailystar.net, augmentant ainsi la concurrence entre FAI “classiques” et opérateurs mobiles dans l’accès Internet résidentiel thedailystar.net. L’infrastructure haut débit est donc un mélange de fibre optique, Wi-Fi et de technologie cellulaire, visant à offrir un Internet plus rapide aux consommateurs. À la mi-2024, la valeur du marché du haut débit était d’environ 8 000 crores de taka (~800 millions de dollars) et en pleine croissance thedailystar.net, montrant une forte demande pour des connexions rapides au-delà du mobile.

En résumé, l’infrastructure Internet du Bangladesh progresse sur plusieurs fronts. Les réseaux mobiles constituent l’épine dorsale de la connectivité (avec une 4G généralisée et la 5G en approche), le réseau fibre optique s’élargit pour soutenir des capacités accrues, et le secteur des FAI haut débit est florissant, surtout dans les centres urbains. Des investissements continus dans la qualité de la fibre, l’infrastructure des antennes, et la bande passante internationale sont essentiels pour améliorer la qualité de service. Gouvernement et secteur privé sont tous deux très actifs sur ce terrain, posant les bases (littéralement, s’agissant de la fibre) de la prochaine génération de services numériques.

Urbain vs. Rural : disponibilité et pénétration

Malgré les progrès réalisés dans le déploiement des réseaux, une importante fracture numérique subsiste entre zones urbaines et rurales au Bangladesh. L’accès et l’utilisation d’Internet sont bien plus courants en ville qu’à la campagne. Selon une enquête du Bureau des Statistiques du Bangladesh (BBS) en 2024, seulement 36,5 % des ruraux déclaraient utiliser Internet, contre 71,4 % en zone urbaine dhakatribune.com. Autrement dit, les citadins ont environ deux fois plus de chances d’être connectés qu’en zone rurale. Cette disparité illustre que la disponibilité et la pénétration de l’Internet en milieu rural accusent encore un retard important.

Plusieurs facteurs expliquent cet écart. L’infrastructure est déterminante : à la campagne, on manque souvent de densité d’antennes-relais, de fibre, et d’un accès régulier à l’électricité comme en ville. Même si la couverture mobile s’étend jusqu’aux zones rurales, la qualité de service (signal 4G, débit) peut y être inférieure, et beaucoup de villages s’en remettent encore à la 2G/3G. De plus, peu de foyers ruraux disposent du haut débit ou du Wi-Fi, car les FAI mettent du temps à installer la fibre ou le câble dans des zones peu peuplées, coûteuses à desservir. Le faible niveau d’éducation numérique et de revenu y contribue également dhakatribune.com. Selon les experts, de nombreux ruraux ont peu de connaissances ou de compétences pour utiliser Internet, et certains qui pourraient en bénéficier n’ont ni les appareils, ni les abonnements nécessaires. La pauvreté, plus élevée en zone rurale, rend même les données pourtant abordables du Bangladesh difficiles d’accès pour les familles à faible revenu. Ces barrières économiques et éducatives font que, même là où le réseau existe, l’adoption d’Internet reste faible.

Les conséquences de cette fracture sont claires : les communautés rurales ont moins accès à l’information en ligne, aux contenus éducatifs, au commerce électronique, et aux services publics numériques, ce qui accentue les inégalités socio-économiques. Le gouvernement en est conscient et lance des initiatives visant à combler l’écart de connectivité entre villes et campagnes. L’un des programmes phares est l’initiative “Mon Village – Ma Ville”, qui vise à raccorder toutes les zones rurales à des réseaux haut débit et à fournir des services urbains dans les villages a4ai.org. Dans ce cadre, des centaines de centres numériques locaux (UDC) ont vu le jour, rattachés aux conseils d’union (collectivités locales), permettant aux villageois d’accéder à la téléconsultation médicale, aux paiements numériques, aux inscriptions à des examens, etc. L’État finance aussi, via le fonds d’obligation sociale du régulateur, des projets d’infrastructure pour les zones moins bien desservies. Ainsi, un projet lancé en 2022, d’un montant de 2 026 crores de Taka, vise à raccorder les régions de haor (zones humides), îles et collines qui étaient « privées de toute infrastructure télécom » thedailystar.net. Ce vaste projet prévoit la pose de fibre jusqu’aux upazilas reculées, l’installation d’antennes-relais Teletalk dans les zones difficilement accessibles, et même le recours au satellite national dans les endroits où les réseaux terrestres sont impossibles à déployer thedailystar.net thedailystar.net. Le Bangabandhu Satellite-1 (premier satellite national de télécommunications) sert déjà à connecter des îles et des chars isolés au haut débit dans le cadre de cet effort thedailystar.net.

Ces efforts contribuent peu à peu à améliorer la connectivité rurale. Comme montré par les chiffres BBS précédemment cités, plus d’un tiers des ruraux sont désormais en ligne, ce qui représente une nette augmentation par rapport à jadis (par exemple, il y a dix ans, le taux était dans les 10–15 %). Néanmoins, l’écart avec la ville reste important. L’insuffisance d’infrastructures, le manque de culture numérique et les obstacles financiers en zone rurale demeurent des défis à relever pour que le Bangladesh accède à une véritable inclusion numérique dhakatribune.com. Pour les décideurs, résorber cette fracture est indispensable à un développement équitable – il faut que les villageois puissent accéder à la télésanté, à l’école à distance et à l’information sur les marchés comme les citadins. En résumé, la disponibilité de l’Internet au Bangladesh est bien plus élevée dans les villes que dans les villages, mais des programmes ciblés et de nouvelles technologies (comme le haut débit satellite et la 5G) ouvrent la voie pour réduire ce fossé dans les prochaines années.

Principaux fournisseurs et opérateurs mobiles

L’accès à Internet au Bangladesh s’appuie sur un mélange d’opérateurs télécoms et de fournisseurs d’accès Internet (FAI) qui jouent chacun un rôle distinct. Côté mobile, quatre opérateurs dominent, tandis que pour le haut débit fixe, des centaines de FAI rivalisent (aucun n’a la position nationale des acteurs de la téléphonie mobile).

Opérateurs de réseaux mobiles (MNO) : Les « Big Four » sont Grameenphone (GP), Robi Axiata, Banglalink et Teletalk. Grameenphone – filiale de Telenor (Norvège) – est le leader avec plus de 82 millions d’abonnés wicinternet.org et une réputation de couverture la plus large. Robi Axiata (groupe malaisien, qui a fusionné avec Airtel Bangladesh en 2016) suit avec environ 59 millions d’abonnés wicinternet.org. Banglalink (filiale de VEON) compte près de 43 millions d’usagers, et Teletalk (opérateur public) environ 6,5 millions wicinternet.org. Ensemble, ces opérateurs couvrent quasiment 100 % de la population pour la voix/SMS et déploient de vastes réseaux 3G/4G. Grameenphone indique à lui seul couvrir plus de 99 % des Bangladais. Les trois opérateurs privés, soutenus par des capitaux étrangers, apportent investissement et expertise, tandis que Teletalk, plus petit, pilote souvent les projets menés par l’État (par exemple, il a été le premier à tester la 5G). La concurrence est féroce entre ces acteurs, en particulier sur l’Internet mobile. Cela a fait baisser considérablement le prix des données et poussé à l’évolution continue du réseau.

En termes de services, tous les opérateurs proposent des services 2G (voix, données EDGE), 3G et 4G LTE. La 4G, lancée en 2018, est désormais la norme pour les données dans les villes et les bourgs ; d’ici 2023, les quatre opérateurs avaient déployé des milliers de sites 4G. La qualité des appels et des données varie selon l’opérateur et l’emplacement – par exemple, Banglalink a récemment été classé comme ayant l’internet mobile le plus rapide au Bangladesh, 89% de ses échantillons de test atteignant au moins 5 Mbps en téléchargement newagebd.net. Grameenphone, connu pour sa couverture, propose des vitesses légèrement plus lentes mais une meilleure constance dans les zones rurales. Robi (qui inclut la marque Airtel) se situe entre les deux. Teletalk, avec un spectre et des financements limités, est à la traîne concernant la couverture et la vitesse, servant principalement de réseau de secours ou de fournisseur de niche (il est populaire pour certains forfaits employés du gouvernement et dans quelques zones rurales où il mène des projets).

Les fournisseurs de ligne fixe et de haut débit présentent un paysage très différent. Le Bangladesh n’a pas d’ancien monopole d’État dans les services internet (BTCL, le successeur de la société nationale de téléphonie, propose un peu d’ADSL/fibre, mais reste marginal). Au lieu de cela, des centaines de FAI privés opèrent à travers le pays. Beaucoup sont de petites entreprises desservant une seule ville ou un seul quartier, souvent en tirant la fibre ou le câble jusqu’aux domiciles. Cependant, il existe quelques FAI plus importants avec une portée plus large. Par exemple, Link3, des membres de l’association des FAI comme AmberIT, DigiNet, BDCOM, ADN et d’autres ont construit des réseaux dans plusieurs villes et localités. BDCOM en particulier est un des plus grands et exploite un vaste réseau national, fournissant même de la collecte de données (backhaul) à des FAI plus petits businessinspection.com.bd. Ces FAI s’interconnectent généralement à l’internet mondial via une poignée de portes d’accès internationales Internet (IIGs) agréées par le gouvernement, et louent souvent de la capacité fibre auprès de sociétés NTTN ou sur les réseaux fibre du réseau électrique ou ferroviaire.

En raison de la fragmentation du marché du haut débit fixe, il n’y a pas un seul leader de « part de marché » comparable au secteur mobile. Au lieu de cela, des FAI différents mènent la danse dans différentes localités. Par exemple, dans la ville de Dhaka, une poignée de FAI détiennent la majorité des utilisateurs résidentiels, tandis qu’à Chittagong ou Sylhet, les leaders peuvent être d’autres sociétés. Les forfaits haut débit proposés sont assez abordables selon les normes internationales : un utilisateur résidentiel typique peut obtenir du 10 Mbps illimité pour environ 600 Tk (6 $) ou du 20–30 Mbps pour 800–1200 Tk (8–12 $) par mois chez de nombreux fournisseurs. Souvent, ces forfaits incluent de la mise en cache locale ou une connectivité BDIX (échange domestique) à des vitesses encore plus élevées pour les contenus bangladais. Cela a stimulé un écosystème internet local dynamique – les utilisateurs consomment massivement YouTube, Facebook et les services de streaming nationaux, et des centres de données locaux mettent en cache les contenus populaires afin de réduire l’usage de la bande passante internationale.

Un développement intéressant est la convergence entre opérateurs mobiles et haut débit. Comme mentionné précédemment, les sociétés de téléphonie mobile lancent des services internet à domicile utilisant leur réseau cellulaire (FWA). À la mi-2024, Grameenphone, Banglalink et Robi ont chacun lancé des pilotes de haut débit sans fil. Les offres “GPFi Unlimited” de Grameenphone et les forfaits routeur de Banglalink permettent à un foyer d’avoir l’internet haut débit via un modem 4G spécial, sans attendre l’installation d’une fibre optique thedailystar.net thedailystar.net. Robi introduit également un service similaire. Ces offres brouillent la frontière entre services mobiles traditionnels et services FAI – les opérateurs télécoms tirent parti de leur large spectre et de leurs réseaux pour capter une part du marché haut débit. Les observateurs du secteur s’attendent à une concurrence féroce en conséquence, ce qui pourrait entraîner une baisse des prix et inciter les FAI à améliorer la qualité de service thedailystar.net. D’un point de vue consommateur, cette tendance est la bienvenue : les clients, notamment dans les villes et bourgs de deuxième rang, auront plus de choix pour l’internet à domicile (si une zone manque d’une bonne couverture FAI, une solution sans fil d’un opérateur mobile pourrait combler le vide).

En résumé, Grameenphone, Robi, Banglalink et Teletalk sont les acteurs majeurs de l’internet mobile, tandis qu’aucun FAI n’écrase le marché du haut débit fixe – à la place, une concurrence dynamique régit ce secteur. Tous ces acteurs, grands comme petits, contribuent à la connectivité du Bangladesh. Des collaborations existent aussi (par exemple, les FAI utilisent souvent les infrastructures des opérateurs mobiles pour les liaisons sans fil de dernier kilomètre, et les opérateurs mobiles louent la fibre aux sociétés NTTN). L’écosystème est dynamique, les frontières entre mobile et internet fixe se recouvrent de plus en plus au fur et à mesure de l’évolution technologique.

Tarification et vitesse d’Internet

Un des points marquants du paysage internet du Bangladesh est l’accessibilité financière des données. L’internet mobile en particulier est parmi les moins chers au monde. Selon une enquête mondiale sur le prix des données (rapport Cable.co.uk 2022), le Bangladesh est classé 12e pays le plus abordable pour les données mobiles dhakatribune.com. Le coût moyen de 1 Go de données mobiles au Bangladesh était d’environ 0,32 $ (33 Tk) en 2022 dhakatribune.com. À titre de comparaison, dans la même enquête, l’Inde était à 0,17 $/Go (5e rang), le Népal à 0,21 $ (10e), le Sri Lanka à 0,25 $ (11e), et le Pakistan à 0,29 $ (13e) dhakatribune.com – l’Asie du Sud propose généralement des données très bon marché au niveau mondial. Ce faible prix signifie que même les personnes à bas revenus peuvent généralement s’offrir des forfaits internet de base (par exemple, des packs sociaux mensuels à un dollar ou moins). La raison de ces prix bas est une concurrence intense et la dépendance à l’internet mobile. Avec plus de cent millions d’utilisateurs et plusieurs opérateurs en quête de parts de marché, les forfaits data sont devenus un produit de masse à faible marge. De plus, comme le haut débit fixe n’est pas très répandu, l’internet mobile est le principal mode d’accès à Internet pour la majorité de la population, ce qui donne un « marché saturé » maintenant les prix bas dhakatribune.com. En somme, le Bangladesh (comme l’Inde) a tiré parti des économies d’échelle et des marchés concurrentiels pour que le prix de l’internet par Go soit très bas, ce qui est positif pour réduire la fracture numérique.

Cependant, le revers de la médaille était historiquement que ce faible coût s’accompagnait d’une vitesse et d’une qualité relativement faibles. Les vitesses moyennes d’internet au Bangladesh – mobiles et fixes – ont traditionnellement été inférieures aux moyennes mondiales. En 2022, par exemple, le Bangladesh était classé 125e sur 139 pays pour la vitesse mobile, avec une vitesse de téléchargement moyenne d’environ 11,7 Mbps dhakatribune.com. À ce moment-là, il était derrière des voisins comme le Népal, le Pakistan, le Sri Lanka et l’Inde, réunis autour des 115e–118e places sur cet indice de vitesse dhakatribune.com. La bonne nouvelle est que les vitesses au Bangladesh se sont nettement améliorées ces dernières années. À mesure que les réseaux 4G se sont étendus et que les liaisons fibre se sont améliorées, la vitesse du haut débit mobile a augmenté. À la fin 2024, le Bangladesh était remonté à la 88e place mondiale sur le Speedtest Global Index d’Ookla pour l’internet mobile newagebd.net. La vitesse moyenne de téléchargement mobile atteignait 28,26 Mbps en novembre 2024, contre 27,5 Mbps seulement un mois plus tôt newagebd.net. Bien que 28 Mbps ne soit pas exceptionnel, c’est une bonne amélioration qui permet au Bangladesh de dépasser certains de ses voisins sur le plan de la vitesse. (Par exemple, le Pakistan était 97e et le Sri Lanka 100e dans ce classement de novembre 2024, ce qui indique que leurs vitesses étaient un peu inférieures à celles du Bangladesh newagebd.net.) Il faut cependant noter que l’Inde a beaucoup progressé sur la vitesse mobile – avec le déploiement de la 5G, la vitesse moyenne de téléchargement mobile en Inde était d’environ 100,8 Mbps (25e rang mondial) newagebd.net. Donc le Bangladesh a encore un écart avec l’Inde et certains marchés avancés, mais il rattrape peu à peu la médiane mondiale.

Du côté du haut débit fixe, les débits se sont également améliorés. Beaucoup de foyers urbains disposent désormais de connexions fibre ou câble avec des dizaines de Mbps. Selon l’indice Speedtest, la vitesse médiane du haut débit fixe au Bangladesh était d’environ 48,9 Mbps en novembre 2024 newagebd.net. Le pays occupait alors la 99e place sur 155 pays concernant la vitesse du haut débit fixe, une amélioration par rapport à la 101e place précédente newagebd.net. Frôler les 50 Mbps place donc l’internet fixe du Bangladesh dans une position honorable au niveau international – pas en tête de classement, mais à peu près à la médiane mondiale. La situation du haut débit de ses voisins varie : la vitesse fixe de l’Inde est plus élevée (plus de 60 Mbps en moyenne en.wikipedia.org), le Népal surprend avec une forte vitesse fixe (plus de 70 Mbps en moyenne) grâce à leur politique agressive de fibre en.wikipedia.org, tandis que celle de Sri Lanka est en fait plus basse (beaucoup de Sri Lankais dépendent du mobile, donc la moyenne fixe était autour de 23 Mbps) en.wikipedia.org. Les progrès constants du Bangladesh sont portés par le passage à la fibre optique pour le dernier kilomètre et un meilleur accès à la bande passante internationale. Cependant, dans les zones rurales, le haut débit fixe reste souvent inaccessible, ce qui oblige les utilisateurs à ne compter que sur l’internet mobile, dont la vitesse peut être inférieure au Wi-Fi urbain.

Il convient également de noter les facteurs de constance et de qualité. Bien que les vitesses moyennes soient celles indiquées, de nombreux utilisateurs constatent une variabilité. Le concept de « qualité du haut débit » inclut la latence, la disponibilité, etc. Les réseaux du Bangladesh font face à des défis comme les coupures de courant (délestage) qui peuvent perturber la connectivité – si les antennes-relais sont hors tension trop longtemps, l’internet mobile est coupé, et si les FAI n’ont pas de secours, l’internet domestique ne fonctionne plus. Cela influe souvent sur la qualité perçue, parfois plus que la vitesse brute. L’internet par satellite (discuté plus loin) est considéré comme un moyen de réduire ces problèmes en offrant une redondance thedailystar.net.

En ce qui concerne la tarification du haut débit, comme mentionné, le coût est supérieur à celui du mobile en valeur absolue mais reste relativement abordable. Une ligne internet domestique illimitée de 20–25 Mbps peut coûter 1000 Tk (~10 $) par mois, ce qui est raisonnable pour les foyers de classe moyenne dans les villes. Le gouvernement surveille et intervient sur le prix du haut débit pour le maintenir accessible aux consommateurs. En 2021, le régulateur a introduit des directives pour une tarification uniforme à l’échelle nationale (initiative « Un pays, un tarif »), qui a standardisé les forfaits (par exemple 5 Mbps, 10 Mbps, 20 Mbps) à des prix fixes pour éviter les surfacturations hors des grandes villes. Bien que cela ne soit pas strictement appliqué, cela a marqué une volonté de réduire les tarifs du haut débit. Par conséquent, des éléments anecdotiques suggèrent que les taux de souscription au haut débit ont augmenté à mesure que les coûts baissaient et que les vitesses progressaient.

En résumé, le Bangladesh propose un accès à Internet à un coût par Go très faible, ce qui favorise une large utilisation notamment via les données mobiles. Les vitesses autrefois très basses se sont améliorées à un niveau modéré, même s’il reste une marge de progression pour atteindre les normes mondiales. L’alliance d’un faible coût et d’une amélioration des débits augure bien pour l’avenir : les utilisateurs pourront faire plus en ligne (streaming, appels vidéo, e-learning) sans coûts prohibitifs. Les décideurs rappellent que l’internet doit rester abordable pour atteindre la vision du Digital Bangladesh, et la concurrence sur le marché s’inscrit pour l’instant dans ce sens.

Politiques gouvernementales, réglementations et initiatives de développement numérique

Le gouvernement bangladais est un acteur clé dans l’extension de l’accès à Internet et la promotion des services numériques. Sous la bannière de « Digital Bangladesh », il a lancé en 2009 une stratégie globale pour transformer le pays grâce à la technologie. Cette vision, portée par le gouvernement de la Première ministre Sheikh Hasina, repose sur quatre piliers : développement des ressources humaines, gouvernement numérique, connectivité & infrastructures et promotion de l’industrie des TIC netmission.asia. Au cours de la dernière décennie, de nombreuses politiques, projets et réglementations ont découlé de cette vision.

Initiative Digital Bangladesh (2009–2021) : Annoncée pour la première fois en 2008 comme programme électoral, Digital Bangladesh visait à combler la fracture numérique et à autonomiser les citoyens grâce aux TIC netmission.asia. Le gouvernement a fait de la numérisation une priorité politique, entraînant une accélération du développement des infrastructures TIC et de l’e-gouvernance. Fin 2021 (année symbolique pour Digital Bangladesh), le pays a atteint de nombreux objectifs : la majorité des services publics sont devenus partiellement ou entièrement numériques, la pénétration d’Internet et du mobile s’est accrue de façon exponentielle, et les exportations de TIC (comme les logiciels) ont fortement augmenté netmission.asia. Pour cela, le gouvernement a mis en place des milliers de Centres numériques aux niveaux des unions et des municipalités, apportant des services comme le cadastre, l’enregistrement des naissances, la télémédecine ou les licences à domicile via des plateformes en ligne. Plus de « 120 millions de prestations de services » auraient été réalisées via ces centres il y a quelques années netmission.asia. L’initiative Digital Bangladesh est généralement considérée comme un succès politique, ayant ancré l’idée que la connectivité et la technologie sont des outils de développement. Elle a bénéficié d’une coordination de haut niveau via le programme Access to Information (a2i) du bureau du Premier ministre, qui a lancé des innovations comme les services financiers mobiles ou les classes numériques. Le gouvernement a également pris des mesures favorables – par exemple, réduction des droits d’importation sur les smartphones, création de parcs technologiques pour les entreprises IT, et élaboration d’une Politique nationale du haut débit (2009) avec des objectifs de connectivité nationale a4ai.org a4ai.org. (Les responsables reconnaissent que la politique haut débit de 2009 doit désormais être mise à jour pour intégrer de nouvelles technologies et des objectifs de pénétration plus ambitieux a4ai.org a4ai.org.)

Pour poursuivre cette dynamique, le gouvernement a lancé l’étape suivante : « Smart Bangladesh 2041 ». Après avoir largement atteint le Digital Bangladesh en 2021, le parti au pouvoir Awami League a axé sa campagne pour l’élection de 2024 sur la transformation du Bangladesh en « pays intelligent » d’ici 2041 netmission.asia netmission.asia. Smart Bangladesh met l’accent sur les technologies avancées et les systèmes intelligents – ses quatre piliers sont citoyen intelligent, gouvernement intelligent, économie intelligente et société intelligente netmission.asia. Cela implique un avenir avec la connectivité 5G/6G, l’intégration de l’IoT (internet des objets) dans les infrastructures, une économie sans espèces, des services fondés sur l’IA et l’innovation technologique de pointe comme moteur de croissance. Le gouvernement a d’ores et déjà lancé des initiatives dans ce sens : mise en œuvre d’identifiants nationaux intelligents, projet de villes intelligentes, renforcement des cadres de cybersécurité et de gouvernance des données. « Smart Bangladesh » est fondamentalement la feuille de route du développement numérique du pays pour les vingt prochaines années, prenant le relais de Digital Bangladesh.

Concernant la régulation et la gouvernance d’Internet, la Bangladesh Telecommunication Regulatory Commission (BTRC) en est l’organe central. La BTRC délivre les licences (FAI, opérateurs mobiles, IIG…), attribue le spectre et surveille la qualité de service. Elle a joué un rôle crucial pour l’ouverture du secteur – par exemple, en attribuant les licences 3G et 4G en temps voulu (2013 et 2018 respectivement), et en préparant récemment l’attribution du spectre 5G. Fin 2023, la BTRC a aussi rédigé des directives pour accueillir les services internet NGSO (orbite non géostationnaire) (type Starlink), illustrant son ouverture aux nouvelles technologies jagonews24.com. En parallèle, le gouvernement a parfois pris une approche stricte vis-à-vis des contenus et usages sur internet. Des lois comme le Digital Security Act (devenu Cyber Security Act 2023) sont critiquées pour leurs dispositions qui risquent de restreindre la liberté d’expression en ligne et d’imposer des limites de contenu, officiellement pour la sécurité nationale et la lutte contre la pornographie netmission.asia. Le gouvernement justifie ces mesures comme étant nécessaires à un environnement numérique sûr, alors que la société civile appelle à garantir un équilibre pour ne pas entraver l’innovation ou l’accès à l’information.

Un autre axe politique majeur est « l’inclusion numérique » et l’accès universel. Le Bangladesh s’est engagé à respecter les objectifs de la Commission du haut débit des Nations Unies pour 2030, qui incluent la nécessité de rendre le haut débit abordable et accessible à tous a4ai.org. Dans cette perspective, le gouvernement s’est fixé des objectifs tels que connecter chaque école à l’internet d’ici 2030 a4ai.org et garantir qu’aucun village ne soit dépourvu d’accès à haut débit (souvent cité comme « aucun village laissé pour compte »). L’initiative Mon village – Ma ville, mentionnée plus haut, fait partie de ce programme visant à réduire la fracture urbain-rural par la modernisation des infrastructures rurales et de la connectivité a4ai.org. Afin de financer la connectivité dans les zones peu rentables, le régulateur gère un Fonds d’Obligation Sociale (SOF) qui collecte un petit pourcentage des revenus des opérateurs télécoms. Ce SOF finance des projets ruraux comme la construction d’antennes dans des régions isolées ou la connexion des Union Parishads par fibre optique. Par exemple, comme vu précédemment, le projet de connectivité des zones éloignées à 2 026 crores de taka (approuvé en 2022) est financé par ce SOF et mis en œuvre par des agences telles que le Bangladesh Computer Council, Teletalk et la Bangabandhu Satellite Company thedailystar.net thedailystar.net.

Le gouvernement a également démontré sa volonté d’intervenir sur les prix et la concurrence lorsque cela est nécessaire. En 2020, par exemple, lorsqu’une fusion majeure (Robi-Airtel) a modifié le marché de la téléphonie mobile, la BTRC a imposé des conditions pour protéger les consommateurs. Il existe des réglementations garantissant des normes minimales de qualité de service, telles que des débits de connexion minimums pour le haut débit et l’obligation de divulguer les politiques d’utilisation équitable. En 2021, face à une demande publique croissante pour un accès Internet à haut débit moins cher, la division des Postes et Télécommunications a même annoncé un plan visant à uniformiser les tarifs du haut débit (comme annoncé, “Un pays, un tarif”), incitant de nombreux fournisseurs d’accès à réduire volontairement leurs prix. Bien que le marché des télécommunications au Bangladesh soit largement libéralisé et dominé par le secteur privé, l’État conserve une influence significative via les directives politiques et la détention de Teletalk et de BTCL.

À la base de toutes ces initiatives se trouve la reconnaissance, au plus haut niveau de l’État, que les TIC sont un accélérateur de développement. La Première ministre Hasina et son conseiller aux affaires TIC ont souvent évoqué la nécessité de miser sur la connectivité pour atteindre le statut de pays à revenu intermédiaire et au-delà. Cette volonté politique s’est traduite par d’importantes allocations budgétaires pour les projets TIC, des incitations fiscales pour les investissements technologiques et des programmes nationaux d’alphabétisation numérique (tels que la formation des jeunes au freelancing et au codage). Les résultats sont visibles : la position du Bangladesh dans l’Indice de développement de l’e-gouvernement des Nations Unies a grimpé de 11 places en 2022, se hissant en tête des pays les moins avancés tbsnews.net. Les services publics comme la déclaration des impôts, les demandes de passeport et l’inscription à la vaccination sont passés en ligne, illustrant la volonté du gouvernement de digitaliser.

En résumé, l’extension d’Internet au Bangladesh n’est pas le fruit du hasard – elle s’appuie sur une politique gouvernementale et des initiatives fortes. De Digital Bangladesh à Smart Bangladesh, des réformes réglementaires aux projets d’infrastructures, l’État a activement façonné le paysage numérique. Si des défis subsistent (garantir que la réglementation ne freine pas l’innovation, améliorer la cybersécurité, etc.), le partenariat entre la vision gouvernementale et l’exécution du secteur privé continue de propulser la connectivité du Bangladesh. L’environnement politique actuel favorise la croissance des services Internet, cherche à les rendre accessibles et les utilise pour améliorer la gouvernance ainsi que la vie des citoyens.

Internet par satellite : disponibilité, fournisseurs et impact potentiel

Alors que le Bangladesh s’efforce de connecter ses communautés les plus éloignées, l’internet par satellite apparaît comme une nouvelle frontière prometteuse. Traditionnellement, le Bangladesh s’appuyait sur le satellite pour la diffusion télévisée et certaines liaisons de données d’entreprises, mais pas pour l’internet grand public. Cela évolue avec l’arrivée des services haut débit par satellite en orbite basse (LEO) tels que Starlink de SpaceX. En 2023–2024, le Bangladesh a pris des mesures audacieuses pour ouvrir la porte aux fournisseurs d’internet par satellite. La BTRC a ainsi élaboré un cadre réglementaire pour les services de satellites NGSO fin 2024, afin d’attirer des acteurs mondiaux et de permettre à des titulaires de licences locaux d’opérer des passerelles d’accès internet par satellite jagonews24.com. Début 2025, ces efforts portent leurs fruits : Starlink est officiellement autorisé à opérer au Bangladesh, faisant du pays le deuxième en Asie du Sud (après le Sri Lanka) à approuver le service Starlink thedailystar.net aa.com.tr.

L’arrivée de Starlink constitue un développement majeur. En avril 2025, le gouvernement a accordé à Starlink une licence d’exploitation de 10 ans, autorisant l’importation d’équipements, l’utilisation de spectre et le déploiement de terminaux utilisateurs dans tout le pays aa.com.tr aa.com.tr. L’approbation finale est venue du bureau du conseiller en chef (provisoire), illustrant un soutien de haut niveau à cette initiative thedailystar.net. La présence de Starlink devrait augmenter la capacité et la couverture Internet du Bangladesh, en particulier dans les zones reculées et mal desservies. Les responsables ont noté que les liaisons satellite haut débit de Starlink pourraient être inestimables pour connecter les endroits non encore atteints par la fibre optique, tels que les chars (îles fluviales), les vastes zones humides du haor, les régions tribales montagneuses et les zones côtières sujettes aux catastrophes thedailystar.net. Dans ces régions, il est difficile de poser de la fibre ou d’entretenir des antennes relais, mais une antenne satellite peut fournir le haut débit directement depuis l’espace. De plus, le service de Starlink est présenté comme résilient face aux coupures de courant : n’étant pas tributaire d’une antenne locale qui peut perdre l’alimentation, un utilisateur équipé d’un kit Starlink et d’une source d’énergie de secours peut rester connecté même en cas de délestage prolongé thedailystar.net. Cela pourrait changer la donne pour le Bangladesh, où les pannes électriques interrompent souvent les communications en zones rurales.

L’impact potentiel de Starlink et d’autres constellations LEO dépasse le simple accès à Internet pour les particuliers. Les experts du secteur parlent d’une véritable “révolution des services de données”, soulignant des applications en backhaul et en IoT jagonews24.com jagonews24.com. Par exemple, Starlink pourrait offrir une solution rapide de backhaul aux opérateurs mobiles : au lieu de construire un relais micro-ondes ou une fibre jusqu’à une antenne isolée, ils pourraient utiliser Starlink pour acheminer le trafic de ce site vers le cœur de réseau. Cela pourrait également permettre l’IoT pour l’agriculture ou la surveillance environnementale dans des zones éloignées (réseaux de capteurs connectés via satellite, par exemple). En gestion des catastrophes, l’internet par satellite pourrait permettre aux équipes d’intervention de communiquer lorsque les réseaux terrestres sont hors service – ce qui est une préoccupation réelle au Bangladesh, souvent touché par les cyclones et inondations. Conscients de ces atouts, les directives gouvernementales autorisent les opérateurs satellites avec des capitaux totalement étrangers ou en partenariat local, tout en imposant des mesures de sécurité des données (comme l’exigence d’un gateway au Bangladesh pour la surveillance du trafic) jagonews24.com jagonews24.com.

Si Starlink est le pionnier, le Bangladesh reste ouvert à d’autres fournisseurs de satellites. OneWeb, un réseau satellite LEO basé au Royaume-Uni (en partenariat avec l’indien Bharti), pourrait également proposer un service au Bangladesh à l’avenir, possiblement via des opérateurs télécoms. En outre, le Bangladesh a ses propres ambitions spatiales : le Bangabandhu Satellite-1, lancé en 2018, est un satellite géostationnaire principalement utilisé pour la diffusion télévisée et les communications gouvernementales. Bien qu’il n’ait pas été conçu à l’origine pour le haut débit, Bangabandhu-1 a servi lors de projets pilotes pour offrir la connectivité internet à des écoles reculées et des kiosques dans les villages thedailystar.net. Le gouvernement prévoit désormais un Bangabandhu Satellite-2 qui, selon les directives de la Première ministre, devrait être lancé dans les prochaines années avec des capacités étendues dhakatribune.com. Il est probable que ce second satellite se concentrera davantage sur des charges utiles de communication pouvant inclure des services haut débit (avec la bande Ka pour l’internet, par exemple). Cela viendrait compléter les services LEO étrangers par une capacité souveraine pour certains usages (et permettrait aussi d’exporter de la bande passante vers d’autres pays).

Concernant la disponibilité et les tarifs, à la mi-2025 Starlink se prépare à lancer ses services au Bangladesh. L’entreprise travaille sur une grille tarifaire à soumettre à la BTRC aa.com.tr. Bien que les prix locaux exacts ne soient pas encore officiels, sur la base des tarifs mondiaux de Starlink, on peut estimer que le kit matériel coûtera quelques centaines de dollars et l’abonnement mensuel autour de 80 à 100 dollars. Cela reste nettement supérieur au coût habituel de l’internet au Bangladesh. Un usager rural qui paie par exemple 500 Tk (5 dollars) pour un forfait mobile mensuel ne pourra probablement pas se permettre 100 dollars pour Starlink. Ainsi, les premiers utilisateurs de Starlink seront probablement des entreprises, des organisations de développement et des particuliers aisés vivant dans des zones isolées et nécessitant une connexion fiable. Les écoles, hôpitaux ou agences locales en zones rurales pourraient également en bénéficier (potentiellement via des subventions publiques ou des projets USO). Avec le temps, si les coûts baissent ou si des modèles collectifs (par exemple, un Wi-Fi de village partagé depuis une antenne Starlink) sont mis en place, un public plus large pourrait en profiter.

En plus de Starlink, certaines entreprises locales ont commencé à collaborer dans le domaine des satellites. Par exemple, Bangladesh Satellite Company Ltd (BSCL, qui exploite Bangabandhu-1) travaille sur des projets pour connecter des villages isolés via satellite, comme mentionné, et a également engagé des discussions pour louer de la capacité sur d’autres satellites afin d’étendre la couverture internet. Le soutien réglementaire a été favorable – en mettant en place un régime clair de licences et des frais modestes (par exemple, 10 000 $ pour la licence, 50 000 $ annuels) jagonews24.com, le Bangladesh a facilité l’entrée des entreprises d’internet par satellite sur le marché.

En résumé : L’internet par satellite est sur le point d’ajouter une “troisième couche” à la pyramide de l’accès à Internet au Bangladesh (le mobile et la fibre étant les deux premières couches). Il ne remplacera pas les réseaux terrestres mais les complétera en comblant les zones blanches et en ajoutant de la résilience. Les décideurs politiques sont optimistes que la couverture LEO au-dessus du Bangladesh permettra que plus aucun terrain ne soit trop difficile d’accès et aucune communauté trop isolée pour être connectée. Si cela est bien mis en œuvre, cela pourrait accélérer considérablement la connectivité rurale, soutenant l’objectif du pays de ne laisser personne hors ligne. Dans les prochaines années, observer la manière dont Starlink et peut-être d’autres services satellitaires seront déployés au Bangladesh constituera un élément clé de l’histoire de la connectivité.

Défis et opportunités pour élargir l’accès

Étendre davantage l’accès à Internet au Bangladesh – pour atteindre les populations mal desservies et améliorer la qualité – s’accompagne d’un ensemble de défis ainsi que d’opportunités. Relever ces défis sera crucial pour l’avenir numérique du pays.

Défis : (Principaux obstacles que le Bangladesh doit surmonter pour étendre l’accès et la qualité d’Internet)

  • Lacunes dans les infrastructures : Malgré des progrès, l’infrastructure sous-jacente a besoin de rénovations. Comme indiqué, une grande partie du réseau fibre est sous-optimale (plus de 50 % ne répondent pas à la norme 4G) ficci.org.bd, ce qui peut limiter la transmission de données à haute vitesse. Les zones rurales ont moins de tours cellulaires et celles existantes ne sont pas toujours compatibles 4G ou dotées de la capacité de liaison arrière suffisante. Étendre la fibre et l’électricité vers les régions isolées (chars, collines, forêts) est difficile et coûteux. De plus, du fait de la topographie plate et fluviale du Bangladesh, les réseaux doivent composer avec des fleuves et des inondations qui emportent câbles ou pylônes. Maintenir l’infrastructure dans un pays exposé aux catastrophes (cyclones, inondations, foudre) est un défi permanent.
  • Accessibilité pour les plus pauvres : Si la data est bon marché, le coût des appareils et même des frais modestes restent des obstacles pour les plus démunis. Beaucoup de familles rurales ne peuvent pas encore s’offrir de smartphone ou d’ordinateur. L’utilisation d’internet parmi les groupes à faible revenu et moins éduqués demeure faible. L’enquête du BBS mettant en avant 36,5 % d’usage rural contre 71,4 % en zone urbaine dhakatribune.com traduit en partie cette fracture économique – les urbains étant généralement plus aisés. Garantir que la population encore hors ligne (souvent les 20–30 % les plus pauvres) puisse s’offrir un appareil et une connexion est un défi de taille.
  • Compétences numériques et sensibilisation : Un manque de compétences numériques et de sensibilisation freine l’adoption d’internet dans certains segments (notamment les personnes âgées, femmes rurales, communautés marginalisées). Même quand la connectivité existe, beaucoup ne savent pas l’utiliser efficacement – ex : moteurs de recherche, formulaires en ligne, paiements numériques. Cela provoque un écart d’usage : être connecté vs. bien exploiter la connexion. Développer les compétences numériques passe par l’éducation et la formation à la base.
  • Problèmes de qualité et de fiabilité : Avoir une connexion internet ne suffit pas si l’expérience est mauvaise. De nombreux utilisateurs se plaignent de débits réduits aux heures de pointe, de coupures d’appel ou de sites inaccessibles. Les causes incluent la congestion du réseau (en particulier sur mobile, où le spectre est limité), les coupures de courant qui arrêtent les réseaux, et parfois des coupures ou restrictions délibérées lors de crises. Le Bangladesh a connu parfois des coupures ou ralentissements d’internet pour des raisons de sécurité, ce qui non seulement perturbe l’accès mais sape la confiance des utilisateurs. De plus, la latence sur les liens internationaux peut être élevée et les échanges internet nationaux ont besoin d’optimisation. Tous ces facteurs font que l’expérience utilisateur, en dehors des grandes villes, reste très inégale.
  • Défis politiques et réglementaires : Si le gouvernement favorise la croissance numérique, certaines contraintes réglementaires restent un obstacle. Comme l’analyse de la FICCI l’a signalé, les opérateurs mobiles étaient historiquement interdits de poser leurs propres fibres et devaient s’en remettre à des tiers à des coûts élevés ficci.org.bd ficci.org.bd. Ces politiques, vouées à éviter la duplication, ont malgré tout ralenti la densification de la fibre pour la liaison mobile. On observe des progrès vers un assouplissement, mais des lenteurs administratives, les prix du spectre (retards sur la 5G à cause des tarifs), et une forte fiscalité sur les télécoms (TVA, droits) peuvent décourager ou limiter les investissements des opérateurs. Le secteur plaide souvent pour un régime fiscal/réglementaire plus avantageux afin d’accélérer les déploiements de réseau.
  • Défis géographiques et climatiques : La géographie du Bangladesh – vastes deltas traversés de rivières – rend le déploiement coûteux (câbles sous-marins pour les traversées fluviales, pylônes surélevés dans les zones inondables…). Le changement climatique accentue les inondations et l’érosion fluviale, menaçant l’infrastructure existante. Les zones côtières ont besoin de solutions robustes contre les tempêtes. Chaque année, les cyclones endommagent les infrastructures télécoms au sud, ce qui implique des reconstructions coûteuses. La résilience climatique doit donc être intégrée dès la planification des extensions, ce qui pose un défi technique et financier.

Opportunités : (Principaux facteurs positifs et pistes à exploiter pour améliorer l’accès à Internet au Bangladesh)

  • Forte volonté politique : L’agenda gouvernemental (Digital Bangladesh -> Smart Bangladesh) donne un cap clair à la connectivité. Ce soutien au plus haut niveau permet de financer et de prioriser de grands projets (relier les zones rurales, moderniser le backbone fibre…). Par exemple, le gouvernement s’est engagé à connecter toutes les écoles d’ici 2030 et à offrir Internet à chaque village dans le cadre de programmes comme My Village-My Town a4ai.org. Cette impulsion d’en haut peut mobiliser l’ensemble des ressources et acteurs vers l’accès universel.
  • Population jeune et technophile : Plus de 50 % de la population du Bangladesh a moins de 30 ans. Cette jeunesse adopte rapidement les nouvelles technologies et services. L’explosion des usages réseaux sociaux (plus de 45 millions d’utilisateurs en 2023) et la popularité des services financiers mobiles (Nagad, bKash…) montrent que les populations embrassent le numérique dès qu’elles en ont l’occasion. Cela crée un cercle vertueux : la forte demande encourage les entreprises à investir dans l’expansion des services numériques. Cette jeunesse familiarisée avec les outils digitaux constitue aussi un vivier de ressources humaines (développeurs, support IT, entrepreneurs tech) pour faire croître l’économie numérique.
  • Marché télécoms concurrentiel : Le Bangladesh bénéficie d’un nombre important d’opérateurs et de FAI, ce qui limite la complaisance. La concurrence a déjà permis d’obtenir des prix bas et peut stimuler l’innovation. On observe des investissements dans la 4G/5G, la convergence fixe-mobile, l’amélioration du service client pour se différencier. L’arrivée imminente de Starlink et d’acteurs similaires introduit une nouvelle concurrence sur le haut débit aa.com.tr aa.com.tr, qui pourrait inciter les fournisseurs locaux à renforcer leur offre (vitesses plus rapides, couverture de zones négligées…). Cette concurrence favorise aussi les partenariats publics-privés – ex : des opérateurs mobiles travaillant avec l’État pour étendre la couverture, espérant ainsi élargir leur clientèle.
  • Progrès technologiques : Les avancées technologiques comme la 5G et les satellites LEO arrivent à point nommé alors que le Bangladesh s’attaque à ses derniers défis de connectivité. Le déploiement de la 5G dans les prochaines années offrira non seulement des débits mobiles accrus pour les utilisateurs, mais aussi des capacités comme l’accès fixe sans fil (remplacer la fibre du dernier kilomètre par la 5G) et l’IoT massif (agriculture intelligente, smart grids). Le Bangladesh a déjà testé la 5G et prévoit une extension plus large ; après l’attribution des fréquences, les opérateurs privés devraient lancer la 5G dans les villes et les zones économiques spéciales. Cela augmentera nettement capacité et vitesse, pouvant rendre l’internet gigabit en mode sans fil accessible à de nombreux usagers. De leur côté, le haut débit satellitaire offre une solution immédiate pour connecter les régions sans attendre la fibre – comme évoqué, le gouvernement le considère central pour connecter les zones difficiles d’accès et en cas de catastrophe thedailystar.net thedailystar.net. Miser sur ces progrès permettrait au pays de sauter certains verrous traditionnels de l’infrastructure.
  • Bande passante internationale et intégration régionale : Avec un troisième câble sous-marin (SMW6) et d’autres projets, le Bangladesh disposera bientôt d’une abondante bande passante internationale. Cela profitera aux utilisateurs domestiques (accès mondial plus rapide), mais le Bangladesh peut aussi devenir un hub régional – en exportant de la bande passante vers des voisins comme le Népal, le Bhoutan ou le nord-est de l’Inde dhakatribune.com. Vendre le surplus pourrait générer des revenus à réinvestir dans l’infrastructure locale. Cela positionne aussi le pays dans des initiatives régionales (ex : South Asian Super Grid pour internet), augmentant la puissance de négociation face aux opérateurs mondiaux. Une bonne connexion internationale permet enfin de soutenir la croissance de secteurs comme l’outsourcing, le cloud ou les data centers, ce qui légitime des investissements massifs sur le réseau interne.
  • Services numériques et opportunités économiques : L’essor de l’accès à Internet crée de nouvelles opportunités économiques, ce qui alimente son expansion (boucle de rétroaction positive). Par exemple, la montée du e-commerce au Bangladesh (bientôt une industrie de plusieurs milliards de dollars) incite PME et consommateurs à se connecter pour vendre ou acheter en ligne. L’État mise gros sur les exportations IT (cible de 5 milliards $ dans les années à venir), ce qui tire vers le haut la demande d’un internet robuste. Des services comme la télémédecine, l’enseignement en ligne ou les plateformes de freelancing donnent des raisons concrètes de s’équiper. En zone rurale, si un agriculteur peut consulter les prix du marché ou un élève suivre un cours à distance, Internet devient outil de subsistance. Les usages pertinents stimulent la demande, et les programmes de développement du Bangladesh créent ces usages (ex : services agricoles numériques, transferts monétaires via mobile). C’est une opportunité de faire d’Internet non plus une dépense de loisir mais un outil de revenus et d’émancipation, ce qui favorisera naturellement sa diffusion.

En conclusion, le Bangladesh se trouve au carrefour de grands défis – infrastructurels, socio-économiques, réglementaires – mais aussi d’opportunités et de ressources inédites. Les années à venir devraient voir un effort collectif du gouvernement, avec les industriels privés et les acteurs du développement, pour étendre l’internet à chaque recoin du pays. En relevant les défis avec des solutions innovantes et en exploitant ses atouts, le Bangladesh pourrait atteindre l’objectif d’un accès universel, de qualité, qui alimentera l’ambition d’une économie smart et fondée sur le savoir.

Comparaisons avec les voisins régionaux

Pour mettre le paysage internet du Bangladesh en perspective, il est utile de le comparer avec certains voisins régionaux d’Asie du Sud. Des pays comme l’Inde, le Népal et le Sri Lanka présentent des similarités avec le Bangladesh (en termes de démographie et de niveau de développement), mais affichent aussi des résultats différents en matière d’accès à Internet, mettant en lumière à la fois les avancées du Bangladesh et les écarts qui subsistent.

Pénétration d’Internet : Le taux de pénétration d’Internet au Bangladesh (environ 44,5 % de la population début 2025) est inférieur à celui de l’Inde ou du Sri Lanka, mais comparable à celui du Népal et du Pakistan. L’Inde, grâce à sa grande offensive numérique (et la révolution mobile menée par Jio), a atteint environ 55 % de pénétration – soit plus de 800 millions d’utilisateurs en 2025 datareportal.com. Le Sri Lanka, pays plus petit et urbanisé, affiche un taux d’environ 53–54 % (soit environ 12,4 millions d’utilisateurs) datareportal.com. Le Népal comptait environ 49,6 % de pénétration en 2024, à peu près au niveau du Bangladesh dhakatribune.com tbsnews.net. Le Pakistan, compte tenu de sa population et de ses infrastructures, est légèrement en retard avec des estimations oscillant entre 40 et 48 % en 2025 (environ 116 millions d’utilisateurs pour ~240 millions d’habitants) – ce qui signifie que le Bangladesh et le Pakistan sont relativement proches sur ce point. Ainsi, le Bangladesh est proche de la moyenne régionale, mais il est clair qu’il reste des marges de progression pour s’aligner sur l’Inde ou le Sri Lanka en termes de proportion de la population connectée. Les efforts gouvernementaux de la fin des années 2010 ont permis au Bangladesh de dépasser le tiers de la population connectée, et la prochaine étape serait d’atteindre puis dépasser les 50 % dans les prochaines années.

Fracture urbain-rural : L’écart urbain-rural dans l’utilisation d’internet est un problème courant en Asie du Sud, mais la fracture au Bangladesh est particulièrement marquée (comme expliqué, 36 % vs 71 % d’utilisation). À titre de comparaison, en Inde, la pénétration urbaine est d’environ 70 % contre 35 % en zone rurale (proportion similaire au Bangladesh). Le Sri Lanka, pays plus compact, présente un écart rural plus faible, alors que le Népal affiche lui aussi un fort déséquilibre (la vallée de Katmandou est bien connectée, les villages de montagne beaucoup moins). Tous reconnaissent que combler l’écart rural est le défi principal pour atteindre un accès quasi universel à Internet. La population rurale du Bangladesh (~60 % du total) est beaucoup plus importante que celle du Sri Lanka (~20 % rurale seulement), la tâche y est donc plus ardue. En revanche, le Bangladesh peut s’inspirer des grands programmes ruraux indiens (comme BharatNet, fibre jusqu’au village) et des réseaux communautaires créatifs du Népal pour renforcer sa propre stratégie de connectivité rurale.

Débits de connexion : Historiquement, le Bangladesh était à la traîne de ses voisins sur la vitesse d’accès à Internet, mais de récentes améliorations modifient la donne. Les vitesses de l’internet mobile au Bangladesh (en moyenne ~28 Mbps fin 2024) sont désormais supérieures à celles du Pakistan et du Sri Lanka, selon le Speedtest Global Index newagebd.net newagebd.net. En novembre 2024, le Bangladesh se situait à la 88e place mondiale pour le débit mobile, contre la 97e pour le Pakistan et la 100e pour le Sri Lanka newagebd.net. Cela indique que les réseaux 4G du Bangladesh se sont peut-être développés plus vite que dans ces pays sur la dernière année. Les débits mobiles indiens demeurent cependant bien devant – l’Inde figurait à la 25e place mondiale avec environ 100 Mbps en moyenne (grâce à l’adoption rapide de la 5G et à un spectre abondant) newagebd.net. Cela crée un contraste : les internautes indiens bénéficient parmi des données mobiles les plus rapides au monde à bas prix, où le Bangladesh n’a pas encore rattrapé son retard. Les débits fixes montrent un autre classement : l’Inde domine (moyenne/médiane souvent au-dessus de 60–70 Mbps au niveau national en.wikipedia.org). Le Sri Lanka reste bas (~23 Mbps en moyenne en.wikipedia.org), beaucoup utilisant le mobile ou l’ADSL ancien. Le Népal offre étonnamment de bons débits fixes en ville (plus de 50–70 Mbps rapportés en.wikipedia.org), probablement grâce à de nouveaux FAI fibre à Katmandou. Le Bangladesh arrive au milieu avec environ 50 Mbps en médiane. Au niveau régional, le Bangladesh est donc dans la moyenne en termes de vitesse – ni le plus lent, ni le plus rapide. Il a notablement comblé son retard en qualité mobile par rapport à plusieurs pairs, une avancée significative.

Prix de la donnée : Tous les pays d’Asie du Sud bénéficient de données mobiles bon marché, mais le Bangladesh et l’Inde se distinguent. Au Bangladesh, le prix moyen est de 0,32 $/Go dhakatribune.com, soit à peine plus cher qu’en Inde (~0,17 $) et même un peu moins cher qu’au Pakistan (0,29 $), et équivalent au Népal/Sri Lanka (autour de 0,20–0,25 $) dhakatribune.com. Au niveau mondial, ces pays occupent les premières places en matière d’accessibilité. C’est un véritable atout régional – par exemple, les Africains ou Latino-Américains paient bien plus pour la donnée. Mais il est à noter que ces bas prix au Bangladesh/Pakistan génèrent un ARPU faible pour les opérateurs, ce qui limite leur capacité d’investissement dans les infrastructures. L’Inde a misé sur le volume – très forte consommation de données par usager à bas prix – et le phénomène gagne aussi le Bangladesh (consommation moyenne en hausse avec le développement de la 4G et des smartphones). Pour le haut débit fixe, la comparaison régionale est plus complexe, les formules étant différentes, mais généralement, les prix du haut débit sont plus élevés au Sri Lanka et en Inde qu’au Bangladesh du fait de la forte concurrence entre FAI bangladais dans les villes, qui tire les tarifs vers le bas. Une étude montre que le Bangladesh possède l’un des coûts d’entrée au haut débit les plus faibles en pourcentage du revenu national brut par habitant parmi les PMA, ce qui signale une bonne accessibilité.

Initiatives gouvernementales et situation : Sur le plan des politiques numériques, le Bangladesh est un précurseur parmi les pays les moins avancés, mais comparé aux voisins :

  • L’Inde dispose de son programme « Digital India », très complet et doté d’énormes budgets (BharatNet vise par exemple à relier chaque village en fibre, similaire aux objectifs du Bangladesh). L’Inde domine aussi la fabrication locale de smartphones, ce qui réduit les coûts.
  • Le Népal a lancé un programme « Digital Nepal » plus récent, mais rencontre des difficultés liées à sa géographie.
  • Le Sri Lanka avait un haut taux d’alphabétisation et une libéralisation précoce des télécoms, ce qui a permis d’accomplir certains jalons numériques plus vite (quasi-totalité des services publics en ligne, forte alphabétisation facilitant la littératie numérique). Toutefois, les difficultés économiques récentes ont freiné l’investissement dans les télécoms (retard dans l’adoption de la 5G).
  • Le Pakistan a lui aussi une politique « Digital Pakistan », mais lutte contre une alphabétisation faible et un important écart de genre dans l’usage d’internet (problème présent aussi, quoique moindre, au Bangladesh).

Un enjeu majeur concerne le déploiement de la 5G : ici, l’Inde est en avance (5G lancée en 2022 et expansion rapide), le Sri Lanka a au moins testé la 5G mais la crise économique a retardé le lancement commercial, le Népal a expérimenté la 5G à petite échelle, le Pakistan et le Bangladesh accusent tous deux des retards. Le Bangladesh avait démarré un pilote 5G avec Teletalk en 2021 en.prothomalo.com, mais le déploiement large attend encore à cause du report des enchères de spectre à 2023/2024 thedailystar.net. En 2025, le Pakistan n’a toujours pas lancé commercialement la 5G. Bangladesh et Pakistan sont donc globalement au même niveau, légèrement en retard sur la 5G, alors que l’Inde et (potentiellement) le Sri Lanka sont plus avancés. Le gouvernement bangladais affiche l’ambition de ne pas trop décrocher – il vise la 5G pour tous d’ici la fin de la décennie, en cohérence avec la vision Smart Bangladesh.

Vous trouverez ci-dessous un aperçu comparatif des principaux indicateurs Internet pour le Bangladesh et ses voisins :

Tableau 2 : Taux de pénétration d’Internet et nombre d’utilisateurs – Bangladesh contre voisins (2024–25)

PaysUtilisateurs Internet (millions)Pénétration (% de la population)
Bangladesh~77,7 (jan. 2025) datareportal.com44,5 % datareportal.com
Inde~806 (jan. 2025) datareportal.com55,3 % datareportal.com
Pakistan~116 (est. 2025)~48 % (est.)
Népal15,4 (jan. 2024) tbsnews.net49,6 % tbsnews.net
Sri Lanka12,4 (jan. 2025) datareportal.com53,6 % datareportal.com

Sources : Rapports Digital DataReportal 2024–2025, régulateurs nationaux des télécoms.

Comme le montre le tableau, le Bangladesh est derrière l’Inde et le Sri Lanka en termes de pourcentage, mais devant ou comparable au Pakistan et au Népal. En nombre absolu d’utilisateurs, le Bangladesh n’est dépassé que par l’Inde dans ce groupe (en raison de sa grande population). Il convient de noter que tous ces pays ont connu une croissance rapide du nombre d’utilisateurs au cours des 5 dernières années, et le Bangladesh a en réalité ajouté plus de nouveaux internautes (en millions) entre 2019 et 2023 que de nombreux pays à l’exception de l’Inde.

En ce qui concerne les coûts et les modes d’utilisation, le Bangladesh et ses voisins partagent la tendance d’un accès à internet centré sur le mobile. L’Asie du Sud affiche globalement un taux d’accès au haut débit fixe plus faible et dépend davantage des données mobiles que des régions comme l’Asie de l’Est ou l’Europe. Cela signifie que des enjeux tels que la gestion du spectre, le partage des tours et la qualité des réseaux mobiles sont des défis communs. D’un point de vue culturel et linguistique, l’adoption de contenus en langue locale (bengali contre hindi ou cinghalais, etc.) peut influencer l’utilisation ; le Bangladesh dispose d’une riche offre de contenu numérique en bengali qui a favorisé l’adoption chez ceux qui ne maîtrisent pas l’anglais (similaire à l’explosion d’internet vernaculaire en Inde).

La coopération régionale est un autre aspect : les pays apprennent souvent les uns des autres. Par exemple, le succès du Bangladesh dans les services financiers mobiles (bKash) a servi d’exemple à d’autres, tandis que le Bangladesh s’est inspiré du modèle indien des “common service centers” pour le déploiement des Union Digital Centers. Il existe également une initiative visant à créer un réseau régional sud-asiatique (sorte de route de la soie digitale) où le Bangladesh pourrait devenir un hub de transit reliant les câbles sous-marins à ses voisins enclavés.

En résumé, les progrès de l’accès à internet au Bangladesh sont remarquables mais pas uniques — des pairs comme l’Inde et le Sri Lanka ont atteint une pénétration et des vitesses supérieures dans certains cas, montrant ce qui est possible. En même temps, le Bangladesh a surpassé certains voisins en termes d’accessibilité et d’améliorations récentes des vitesses. Les comparaisons régionales encouragent le Bangladesh à aller plus loin : voir, par exemple, l’Inde prendre de l’avance sur la 5G et la fibre optique pourrait pousser le Bangladesh à accélérer ses propres déploiements afin de rester compétitif dans l’économie numérique. Heureusement, la trajectoire politique et les tendances du marché au Bangladesh indiquent que le pays est sur la bonne voie pour continuer à progresser et pourrait bien combler l’écart — voire dépasser certains voisins sur des indicateurs clés au cours de la prochaine décennie, à condition de maintenir l’élan actuel.

Perspectives d’avenir : Déploiement de la 5G et expansion satellitaire

En regardant vers l’avenir, le futur de l’accès à internet au Bangladesh sera façonné par les technologies de prochaine génération (comme la 5G et les satellites), la continuité de l’initiative gouvernementale et la maturation de son industrie des télécoms. L’objectif global est clair : bâtir un « Smart Bangladesh » entièrement connecté d’ici les années 2040, où l’internet haut débit serait aussi courant et essentiel que des services publics tels que l’électricité.

Un développement majeur à l’horizon est le déploiement complet des réseaux mobiles 5G. Le Bangladesh est officiellement entré dans l’ère de la 5G en décembre 2021, lorsque Teletalk a lancé le service 5G pilote dans certains endroits (par exemple, certaines parties de Dhaka et Tungipara) à titre expérimental en.prothomalo.com en.prothomalo.com. Ce lancement limité était symbolique (faisant du Bangladesh l’un des 10 premiers pays à tester la 5G, selon les responsables en.prothomalo.com) et a servi de vitrine lors de la journée du Digital Bangladesh. Le plan initial prévoyait qu’après une vente aux enchères de spectre début 2022, les opérateurs privés commenceraient à déployer la 5G fin 2022 ou en 2023 en.prothomalo.com. En pratique, ce calendrier a glissé à cause de retards dans la finalisation des directives 5G et des négociations sur les prix du spectre thedailystar.net en.prothomalo.com. La vente aux enchères du spectre 5G a finalement eu lieu en 2022 et 2023, les opérateurs ayant acquis des bandes dans les zones 2,3 GHz, 2,6 GHz et 3,5 GHz. À la mi-2025, les opérateurs privés ont effectué des essais 5G (par exemple, Grameenphone et Robi ont testé la 5G avec du matériel Huawei/Nokia dans des laboratoires et quelques sites de démonstration) globaldata.com, mais la 5G commerciale pour les consommateurs n’est pas encore largement disponible. L’attente est qu’en 2025–2026, nous verrons la première phase du déploiement de la 5G par les grands opérateurs dans les principales villes et zones industrielles.

Une fois déployée, la 5G promet des vitesses ultra-rapides et une faible latence – potentiellement 10 à 20 fois plus rapides que la 4G en conditions réelles en.prothomalo.com. Cela permettra de nouvelles applications comme la diffusion de vidéos HD sur mobile, les expériences AR/VR et les déploiements avancés de l’IoT (systèmes de circulation intelligents, usines connectées). Pour le Bangladesh, un usage immédiat de la 5G pourrait être le Fixed Wireless Access, offrant un accès haut débit type fibre optique à domicile via des routeurs 5G (c’est déjà testé avec la 4G ; la 5G le rendra beaucoup plus rapide). La 5G pourra aussi étendre la couverture rurale si les opérateurs utilisent des bandes basses pour une portée plus large, mais les premiers déploiements viseront sans doute les zones denses. Le gouvernement a souligné que la 5G est un pilier de la vision Smart Bangladesh – avec des utilisations envisagées dans les villes intelligentes, réseaux électriques intelligents, télémédecine et éducation numérique en.prothomalo.com. En préparation, le gouvernement a modernisé le backhaul (comme mentionné, des projets pour élever la capacité de liaison des upazilas à 100 Gbps par fibre) et encourage le développement de cas d’usage de la 5G via des hackathons et des programmes universitaires. D’ici la fin des années 2020, on peut s’attendre à ce que le Bangladesh dispose d’une empreinte 5G considérable, au moins dans toutes les villes importantes et sur les autoroutes, voire sur tout le territoire. Il est important de noter qu’avec l’arrivée de la 5G, les anciennes technologies seront supprimées – on pourrait voir les réseaux 3G mis hors service afin de réallouer le spectre à la 4G/5G, ce qui s’est déjà produit dans d’autres pays. Cela simplifiera la gestion des réseaux et améliorera la vitesse moyenne pour les utilisateurs.

Concernant l’internet par satellite, l’avenir semble tout aussi prometteur. Avec l’arrivée imminente de Starlink en 2025, le Bangladesh pourrait voir un nouveau segment de connectivité se développer. À court terme (1 à 2 ans), Starlink déploiera probablement des forfaits, peut-être en ciblant d’abord les entreprises et le secteur public. On pourrait voir des connexions Starlink dans des écoles éloignées, des centres de recherche (comme dans les Sundarbans ou les Chittagong Hill Tracts), ou pour les équipes d’intervention en cas de catastrophe. Si la tendance mondiale de Starlink se confirme, il y aura aussi peut-être des premiers utilisateurs technophiles et des entreprises en ville qui l’adopteront comme connexion de secours (surtout si leur connexion terrestre est instable). La position favorable du gouvernement – en témoigne la délivrance rapide des licences – suggère qu’il pourrait aussi explorer des partenariats directs avec Starlink pour le secteur public. Par exemple, connecter des abris anti-cycloniques côtiers avec Starlink pour garantir les communications lors des cyclones, ou équiper la marine/garde-côte dans la baie du Bengale avec des liaisons satellites.

En outre, la politique du Bangladesh autorise d’autres acteurs ; on peut imaginer que OneWeb ou même Amazon Kuiper (à l’avenir) cherchent des licences si le marché paraît rentable. OneWeb pourrait collaborer avec la maison mère de Banglalink (Veon) ou celle de Robi (Axiata) pour distribuer son service au Bangladesh, par exemple. La concurrence dans l’internet par satellite pourrait ainsi contribuer à réduire les prix au fil du temps. La validité de cinq ans pour les opérateurs NGSO jagonews24.com signifie que la BTRC examinera les performances et pourra délivrer d’autres licences lors de futurs appels.

Parallèlement, le Bangladesh continuera à exploiter ses propres capacités satellitaires. Aux alentours de 2028, le satellite Bangabandhu-2 pourrait être lancé (la Première ministre a déjà demandé d’accélérer son lancement dhakatribune.com). Si Bangabandhu-2 vise les communications/haut débit, il pourrait fournir une capacité dédiée aux besoins du Bangladesh (par exemple garantir que toutes les administrations des 64 districts disposent d’une connexion internet satellitaire de secours, ou fournir une connexion aux îles isolées comme Saint Martin, où la pose de câble est irréaliste). Cela viendrait compléter les services LEO : les LEO offrent une grande bande passante mais avec une certaine complexité (terminaux utilisateurs, etc.), tandis qu’un satellite géostationnaire comme Bangabandhu-2 pourrait diffuser, par exemple, des contenus éducatifs ou supporter les VSAT des banques et entreprises.

La poursuite des initiatives gouvernementales jouera un rôle clé dans l’avenir. Des projets sous la bannière “Smart Bangladesh” seront lancés – tels que la couverture 5G nationale d’ici une certaine année (par exemple, 90 % de couverture populationnelle d’ici 2030 comme objectif), ou la connectivité fibre jusqu’à toutes les Union Parishads. Le gouvernement vise aussi à renforcer la culture numérique : d’ici 2041, il imagine une génération de « smart citizens » à l’aise avec la technologie. On peut donc s’attendre à de lourds investissements dans la formation en TIC, l’intégration du codage dans les programmes scolaires et la distribution de matériel dans l’éducation (des concepts comme « Un étudiant, un ordinateur portable » pourraient émerger).

L’écosystème futur de l’internet au Bangladesh verra probablement une intégration accrue des services. Les frontières entre télécommunications, services informatiques et médias vont s’estomper. Déjà, les opérateurs télécoms proposent des services de streaming, et, inversement, les producteurs de contenu pourraient proposer la connectivité en bundle (imaginez un FAI qui offre l’accès gratuit aux portails e-gouvernement sans frais de données, etc.). En tirant parti de sa jeune population et du dynamisme de ses startups technologiques, le Bangladesh pourrait aussi développer davantage de plateformes numériques locales qui stimulent l’adoption d’internet (tout comme l’Inde a développé sa propre stack de paiement numérique ou des apps de covoiturage qui ont incité à utiliser l’internet mobile).

La collaboration régionale et internationale pourrait également façonner l’avenir. Par exemple, si un réseau régional de fibre optique reliant l’Asie du Sud et l’Asie du Sud-Est est construit, le Bangladesh pourrait bénéficier d’être un centre de transit, ce qui générerait des revenus pour financer des améliorations locales. Les entreprises technologiques internationales pourraient investir davantage – Google et Facebook ont manifesté leur intérêt pour les câbles sous-marins autour de l’Asie ; Amazon a mis en place un point de présence en périphérie au Bangladesh en 2022 pour son cloud (signe d’un futur développement d’infrastructures cloud localement). De tels investissements supplémentaires amélioreraient la connectivité locale (par exemple, la mise en cache de contenu au Bangladesh pour accélérer les services aux utilisateurs).

Il faut aussi prendre en compte les risques et incertitudes : L’industrie des télécommunications dans le monde est intensive en capital, et les opérateurs bangladais ont besoin de finances saines pour investir dans la 5G et au-delà. Maintenir la viabilité économique de l’activité (via une tarification raisonnable, voire une consolidation si nécessaire) est important – une guerre des prix qui minerait trop les profits des opérateurs pourrait se retourner contre eux en réduisant les fonds pour l’expansion du réseau. Un autre facteur crucial est l’économie mondiale – le Bangladesh dépend souvent d’équipements importés pour ses réseaux ; les fluctuations des taux de change ou les problèmes de chaîne d’approvisionnement (comme la récente pénurie de puces) peuvent influencer le rythme d’adoption des technologies. Le rôle du gouvernement pour maintenir un climat favorable (ex : allègements fiscaux pour le matériel 5G, ou production locale de téléphones pour baisser les coûts) restera important.

Globalement, les perspectives sont que le Bangladesh va continuer à progresser rapidement en matière d’accès à Internet. D’ici 2030, il est plausible que la pénétration d’Internet atteigne 80 à 90 % (comparable à l’actuel taux des pays développés), principalement grâce aux smartphones. La 5G sera courante dans les villes et disponible dans de nombreuses zones rurales sous une forme ou une autre (peut-être pas la 5G à très haut débit, mais au moins une couverture en moyenne ou basse fréquence). Les constellations de satellites permettront même aux villages les plus isolés ou aux chars de se connecter. La fracture numérique devrait se réduire considérablement, car la plupart des écoles et des cliniques seront connectées. Si aujourd’hui environ 45 % de la population est en ligne, ce pourcentage augmentera chaque année grâce aux efforts conjoints du gouvernement et de l’industrie. Les bases sont posées dès maintenant – à travers des politiques, des licences et des projets d’infrastructure – pour un Bangladesh pleinement connecté où Internet atteindra réellement « Wi-Fi, fils et ciel » pour chaque personne. Les défis sont réels, mais la trajectoire et l’engagement suggèrent que le pays est bien engagé sur la voie de réaliser une vision complète d’un accès internet rapide, abordable et omniprésent.

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